Mobilités : l'UTP livre ses priorités pour favoriser le report modal

A l'occasion de la présentation de la nouvelle édition de son Observatoire de la mobilité, centrée sur le report modal, l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) a détaillé ce 3 octobre ses priorités pour favoriser "un choc d'offre".

Les "déclarations d'amour" de l'exécutif à l'égard des transports collectifs "ont été fréquentes tout au long de l'année", "on voudrait maintenant voir arriver les preuves d'amour", a déclaré Marie-Ange Debon, présidente de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) ce 3 octobre, avant de présenter les grandes attentes du secteur, dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour 2024. "Toutes les déclarations publiques, du président de la République et de la Première ministre vont dans le même sens : un report modal vers les transports publics est nécessaire pour tenir nos engagements en matière de décarbonation, constate l'UTP. Pour y parvenir, le seul moyen est de créer un choc d’offre avec plus d’amplitude horaire, plus de fréquence, sur des territoires plus étendus et appuyés par des infrastructures performantes et robustes. A cet effet, un soutien massif de l’Etat est indispensable", souligne l'organisation professionnelle.

500 millions d'euros par an pour les collectivités

Pour le ferroviaire, compte tenu des besoins de rénovation du réseau, dont l'âge moyen est de 35 ans contre 17 en Allemagne, a rappelé Marie-Ange Debon, un effort d'1,5 milliard d'euro est nécessaire. "Ces crédits supplémentaires sont à phaser dans le temps avec 300 millions d’euros dès 2024", estime la présidente de l'UTP. En parallèle, estime-t-elle, le transport urbain doit bénéficier d’un soutien dans tous les territoires. L’UTP demande pour cela la mise en place d'un dispositif d’aide aux collectivités, pour développer des infrastructures et des systèmes de transport public urbain ou périurbain en allouant une dotation annuelle de 500 millions d’euros, plutôt que des financements par "à coups" via des appels à projets, comme cela a été le cas depuis 2008, a rappelé Marie-Ange Debon.

Alors que plus aucun dispositif de soutien de l’Etat ne permet d'aider l’acquisition de bus "zéro émission" ­- contrairement à d'autres pays européens -, l'UTP demande aussi au Gouvernement de mettre en place un "programme ambitieux" pour aider les collectivités à accélérer le verdissement de leurs flottes. 1.700 autobus en moyenne sont renouvelés chaque année en France, indique-t-elle. Pour l'organisation professionnelle, "une mesure forte et simple consiste à soutenir à hauteur de 100.000 euros l’achat d’un autobus électrique ou à hydrogène". 
En outre, l’UTP demande que les employeurs "qui le peuvent et qui le souhaitent", continuent de bénéficier de l’exonération de cotisations et de contributions sociales pour la prise en charge facultative des titres d’abonnement de transport public jusqu’à 75%.

Un Observatoire de la mobilité repensé

Marie-Ange Debon a par ailleurs rappelé les travaux en cours de l'UTP en matière d'emploi et de formation dans le cadre de France 2030 pour faire face aux besoins de recrutements du secteur, estimés à 100.000 salariés, dans le transport urbain et dans le transport ferroviaire, d'ici à 2030. Des besoins portés notamment par le potentiel report modal des automobilistes vers les transports en commun que les professionnels du transport public ont tenté de mieux cerner dans la nouvelle édition de l'Observatoire de la mobilité. Cette étude menée avec l'Ifop a été entièrement repensée autour de trois grandes questions : quand et comment se construit le choix d'un mode de transport ? Quels sont les critères prioritaires qui déterminent ce choix ? Quels sont les basculements possibles ? Son échantillon a aussi été élargi à 4.007 répondants, âgés de 18 ans et plus résidant dans des agglomérations de 20.000 habitants et plus*.

L'enquête montre sans surprise que la voiture reste le mode de transport le plus utilisé et que "plus de la moitié des possesseurs de voiture l'utilisent généralement seuls". Un tiers des automobilistes estiment impossible de se passer de leur véhicule pour les trajets du quotidien.

Leviers favorisant l'usage des transports publics

Parmi les leviers qui favoriseraient l’usage des transports publics, l’amélioration de l’offre apparaît en premier.   74% des utilisateurs de voiture considèrent en effet qu’une offre de transport insuffisante est le premier frein du recours aux transports publics. Les critères principaux pour le choix du mode de transport sont la rapidité, la sécurité, le coût, le confort. Si le coût apparaît en 3e position pour les transports publics, il a peu d’impact sur leur usage ou leur non-usage. La majorité des interviewés reconnaît en outre la mobilité comme le poste de consommation contribuant le plus à l’empreinte carbone. Même si ce critère n’est pas prioritaire aujourd’hui dans le choix personnel, il prend progressivement de l’ampleur, note l'UTP. 

L'étude montre aussi que 8 urbains sur 10 déclarent avoir accès à au moins un transport public à pied, majoritairement le bus, perçu comme plus accessible que les autres modes. La moitié des urbains indiquent avoir accès à un transport public à moins de 5 minutes de chez eux. Autre enseignement : les utilisateurs de transport public ont une perception plus positive (+7,5 points en moyenne) des réseaux de transport public que l’ensemble des interviewés. "Alors que 35% des urbains non-utilisateurs pourraient passer aux transports publics, 52% y passeraient dans un contexte d’amélioration significative de l’offre, contre seulement 47% (+12 points) dans un contexte d’alourdissement des contraintes publiques, souligne l'UTP. En combinant ces deux variables, ce sont 63% des urbains qui pourraient passer aux transports publics."

La voiture, "une partie de la solution"

Mais les professionnels des transports publics n'entendent pas "taper sur la voiture". Pour Thierry Mallet, vice-président de l'UTP, l'enjeu est d"aller chercher les gens dans les zones peu denses et de leur proposer une offre de qualité" pour décarboner les déplacements domicile-travail. "La voiture fera partie de la solution avec des zones multimodales" et "ne sera jamais supprimée en grande périphérie", souligne-t-il. En milieu rural, notamment, elle doit "être pensée comme une solution de rabattement vers les transports en commun", complète Marc Delayer, vice-président de l'UTP.

*Enquête réalisée en ligne du 14 au 26 juin 2023. Représentativité de l'échantillon assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession, région et taille d'agglomération)

 

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