Tourisme : un été 2023 positif dans une ère de mutations
Olivia Grégoire, ministre déléguée au Tourisme, a tiré un bilan positif de l'été 2023 marqué par un retour massif des visiteurs asiatiques et des hausses de prix. Des bouleversements sont cependant à l'œuvre – séjours plus courts, départs plus étalés dans le temps et choix de dernière minute en fonction de la météo – auxquels le secteur devra s'adapter.
"Une saison excellente et particulièrement intéressante" qui apparaît comme les "prémices de grands changements à l'œuvre pour le tourisme mondial mais aussi français", c'est ainsi qu'Olivia Grégoire, ministre déléguée au Tourisme, a présenté, mardi 29 août, le premier bilan de l'été 2023.
Cette "très bonne saison", qui s'inscrit dans la lignée de l'été 2022, l'est d'abord quantitativement. Dans un contexte inflationniste, les Français ont, selon la ministre, "sacralisé les vacances" : 67% des Français sont partis en vacances ou en week-end en juillet et août, soit +3% par rapport à 2022, et 88% d'entre eux ont choisi… la France.
L'autre point saillant est le retour, parfois massif, des clientèles internationales : les arrivées de vols long courrier ont progressé de 27% par rapport à 2022. Dans le détail, on enregistre +22% de réservation chez les Américains et +119% chez les Asiatiques, dont +140% chez les Japonais. Une situation qui devrait se traduire par une hausse des recettes internationales directement liées au tourisme : celles-ci devraient être comprises entre 64 et 67 milliards d'euros, contre 58 milliards d'euros l'an passé, ce qui constituait déjà un record. Un chiffre dont la ministre a tenu à souligner "l'ampleur et la puissance".
Une "diagonale du vide" qui se remplit…
D'un point de vue qualitatif, "nous assistons à des mutations profondes dans la consommation du tourisme", a commenté Olivia Grégoire. Des mutations qui portent sur les comportements et les destinations.
Le comportement du touriste a ainsi été beaucoup plus "court-termiste" et corrélé à l'état de la météo lors d'un été contrasté : fortes chaleurs ici, neige à quelques centaines de kilomètres… Première conséquence : le tourisme français a été beaucoup plus homogène qu'à l'accoutumée. Si les littoraux sont toujours les zones les plus fréquentées – 18 des 20 destinations qui ont concentré 55% des nuitées se situent en bord de mer –, la montée en puissance de la montagne est "impressionnante" : +13,2% de chiffre d'affaires dans les Alpes du Nord par rapport à l'été 2022, +7% dans les Pyrénées, +7,7% en moyenne montagne (Jura, Vosges et Massif central). La campagne n'est pas en reste : la hausse est marquée dans quelques régions comme Bourgogne-Franche-Comté (+5% sur un an). "La diagonale du vide touristique qui a pu occuper la France durant quelques décennies se remplit peu à peu", a estimé Olivia Grégoire.
D'un point de vue géographique encore, les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine ont été les plus fréquentées, suivies par la Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes. Pour les espaces urbains, le bilan est contrasté : certaines villes perdent des visiteurs, d'autres en gagnent, à l'image de Bordeaux, Dijon, Saint-Malo ou Caen, tout comme Nice, Aix-en-Provence et Antibes, qui devraient connaître une saison record.
… des prix qui s'envolent
Toujours partants, les Français ont néanmoins fait "plus de choix dans leur manière de consommer […] face à des prix parfois assez élevés". En témoigne la hausse de fréquentation de l'hôtellerie de plein-air (+2%) et des locations (+11,8%), tandis que l'hôtellerie classique est en retrait (-2%)... même si le revenu par chambre a connu une augmentation de près de 30% dans certaines régions par rapport à 2019. "Il est normal et entendable qu'il y ait eu des ajustements de prix après la pandémie et les hausses de prix de l'énergie, mais qu'il y ait des excès comme ceux que l'on a pu voir, ça l'est moins", s'est emportée la ministre, qui en a appelé "à la responsabilité de tous en matière de prix". À ce sujet, elle a rappelé la prochaine mise en place d'un observatoire des prix des plateformes de location afin de mettre en exergue des "pratiques commerciales trompeuses".
Troisième mutation : l'étalement du temps des vacances. On part désormais plus souvent, mais moins longtemps, et les pratiques touristiques s'échelonnent de mai à octobre. Les +15% de taux d'occupation durant les dernières vacances de printemps et les très bonnes prévisions pour l'arrière-saison en témoignent. "On ne peut plus résumer le tourisme à cette seule saison estivale", a affirmé Olivia Grégoire. Une réalité déjà prise en compte par les acteurs du tourisme mais pour laquelle il reste "des solutions à imaginer […] pour que la France reste la première destination touristique mondiale". Solutions qui pourront s'inspirer des bonnes pratiques des collectivités territoriales dont Olivia Grégoire a souligné l'importance.