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Tourisme / Economie - Tourisme outre-mer : "une mutation nécessaire"

L'Institut d'émission des départements d'outre-mer (Iedom) publie une note d'une trentaine de pages sur l'état et les perspectives du tourisme dans les départements concernés. Orientée essentiellement sur la dimension économique de l'activité touristique, la note ne manie pas la langue de bois.

Dans un contexte de développement généralisé du tourisme international - notamment dans la Caraïbe, première destination mondiale en matière de croisières -, les performances des DOM apparaissent plutôt médiocres. C'est ce qui ressort d'une note de l'Institut d'émission des départements d'outre-mer (Iedom), institut qui exerce par délégation les prérogatives de la Banque de France dans les DOM.
Depuis le début des années 2000, la demande touristique sur les DOM est orientée à la baisse. Parmi les explications possibles, l'Iedom évoque les attentats du 11 septembre (mais l'explication vaut pour toutes les destinations) et la crise sociale aux Antilles en 2009, le vieillissement des installations hôtelières, mais aussi - et sans doute surtout - "l'émergence d'une vive concurrence caribéenne" (Bahamas, République dominicaine, Cuba...) et extra-caribéenne. Du côté de la Réunion, on peut également évoquer les effets de la crise du chikungunya de 2005-2006, mais aussi, plus récemment, la multiplication des attaques de requins.

Seulement 9% des effectifs salariés du secteur marchand

En outre, la fermeture de nombreuses structures hôtelières a entraîné une contraction du nombre de chambres classées, en partie compensée par le développement d'hébergements alternatifs (locations en appartement et villas, hébergement en gîtes...). On peut y ajouter les effets d'une desserte aérienne "relativement limitée".
Enfin, la rentabilité des entreprises du secteur s'affiche, elle aussi, à la baisse, en particulier dans l'hébergement. Pour l'Iedom, "cette rentabilité plus faible du secteur dans les DOM s'expliquerait notamment par un poids important des charges de personnel, accentué par les effets de saisonnalité, ainsi que par le surcoût des matières premières en outre-mer".
Le résultat est qu'en dépit d'attraits évidents (mer, soleil, paysages, dépaysement...), l'activité touristique ne pèse guère plus lourd qu'en métropole. Elle ne représente ainsi que 9,1% des effectifs salariés du secteur marchand (contre 8,1% en métropole) et moins de 5% de la valeur ajoutée. Malgré la proximité du bassin nord-américain, la clientèle reste essentiellement métropolitaine et peu dépensière.

Développer une stratégie de niches

Pourtant, si la rentabilité du secteur se dégrade, les entreprises du secteur de l'hébergement "possèdent, en apparence, une bonne solvabilité, liée notamment à un niveau d'endettement financier faible" (ce qui n'est sans doute pas sans lien avec le vieillissement de l'offre). Mais ce résultat doit être considéré avec prudence, compte tenu de certains montages financiers qui amènent parfois à faire porter l'endettement par une autre structure.
En termes de perspective, la note de l'Iedom estime que la question cruciale est celle du positionnement de l'offre. Comme un certain nombre de rapports - dont celui de la Cour des comptes sur le sujet (voir notre article ci-contre du 11 février 2014) -, elle plaide pour une stratégie de spécialisation et de différenciation du produit touristique des DOM, en ciblant notamment un nombre limité de marchés de niches : culture et vie locale, tourisme de congrès et d'affaires, tourisme de santé et de bien-être, tourisme sportif, tourisme évènementiel...
Le redressement passerait aussi par une diversification de la clientèle, afin de ne pas dépendre du seul marché de la métropole. Enfin, dans le contexte concurrentiel du tourisme, "le développement de l'offre via internet et la e-réputation des produits proposés sont des éléments majeurs dans la prise de décision de la clientèle non affinitaire".