Tourisme et sécurité : des moyens nouveaux, un label "Sécuri-site" et des conventions de site
Matthias Fekl a présenté le 23 mars, lors des premières rencontres nationales "Tourisme et sécurité", des mesures visant à renforcer la sécurité des sites touristiques et faire revenir les touristes étrangers : création d'une structure de coordination sécurité tourisme, conventions de site signées par les exploitants de site, les préfets et les maires, un label de sécurité des sites touristiques délivré par les préfets...
Matthias Fekl n'aura pas été dépaysé : à peine avait-il quitté ses fonctions de secrétaire d'Etat chargé - notamment - du Tourisme pour celles de ministre de l'Intérieur, qu'il a ouvert, le 23 mars, les premières rencontres nationales... "Tourisme et sécurité". Objectif de cette manifestation : contribuer à la relance du tourisme - et notamment au retour des touristes étrangers - en renforçant les dispositifs de sécurité afin de rassurer les visiteurs. En cela, il s'agit de poursuivre la mise en œuvre des orientations arrêtées par le "comité d'urgence économique pour le tourisme", réuni par Jean-Marc Ayrault en juillet et février derniers. Ces rencontres interviennent d'ailleurs à peine un mois après la nomination du préfet Etienne Guépratte comme coordinateur du plan "Tourisme et sécurité" (voir notre article ci-dessous du 13 février 2017).
Moyens renforcés pour les sites touristiques et les transports
La prise en compte de la sécurité dans les politiques touristiques était réclamée depuis plusieurs mois par l'Alliance 46-2 - qui regroupe de grands acteurs du tourisme (voir nos articles ci-dessous du 4 février et du 11 octobre 2016) -, mais aussi par l'Assemblée nationale (voir notre article ci-dessous du 15 janvier 2016).
Le "programme tourisme et sécurité", présenté par Matthias Fekl à l'occasion de ces rencontres, comprend cinq grandes orientations, "qui seront, en majorité, mises en œuvre avant la prochaine période estivale". La première consiste à améliorer l'offre de sécurisation dans les zones touristiques. Elle prévoit notamment le renforcement des patrouilles embarquées dans les trains transfrontaliers et le déploiement de patrouilles mixtes, associant la garde nationale et les opérateurs, dans les gares et les lignes portant des flux touristiques majeurs. Elle prévoit aussi le renforcement des brigades européennes et des commissariats européens, afin de favoriser le détachement de policiers étrangers lors des pics de fréquentation touristique.
La seconde orientation - étroitement complémentaire de la précédente - repose sur le renforcement des investissements de sécurité au profit des lieux et des sites touristiques et culturels. Sont prévus à ce titre le déploiement de nouvelles caméras de surveillance à Paris et en Ile-de-France, ainsi que de nouveaux investissements de sécurité dans trente établissements culturels jugés prioritaires par le ministère de la Culture. Ce dernier a également mobilisé quatre millions d'euros pour renforcer la sécurité des festivals.
Accompagnement des touristes et coordination départementale
Troisième orientation : l'amélioration de la prise en charge et de l'accompagnement des touristes dans leurs démarches. Elle passe par l'uniformisation et la généralisation de l'outil d'aide à la prise de plaintes - développé en trente langues - à toutes les forces de sécurité intérieure et son intégration aux tablettes de la police et de la gendarmerie. Il est aussi prévu de généraliser la "lettre plainte", déjà utilisée à Paris. Il s'agit en l'occurrence d'un PV de plainte, homologué par le parquet, traduit en huit langues et rempli directement par le touriste sans devoir se déplacer au commissariat.
Le quatrième axe consiste en la création d'une structure de coordination sécurité tourisme dans chaque département. S'appuyant sur une charte nationale "Tourisme et sécurité", des conventions de site - signées par le préfet, les maires des communes concernées, l'exploitant du site et, le cas échéant, le procureur de la République - détermineront, "au cas par cas", les mesures de sûreté propres à assurer la sécurité des touristes sur les sites couverts. Par ailleurs, un "conseil départemental tourisme-sécurité", placé sous l'autorité du préfet, sera mis en place dans chaque département avant l'été et chargé d'une mission de coordination. Ce conseil sera adossé à l'actuel "état-major de sécurité départemental", qui associe également le procureur de la République.
Enfin, il est prévu la mise en place d'un label de sécurité des sites touristiques, intitulé "Sécuri-site". Délivré par le préfet et facilement identifiable par les touristes, le label "témoigne du respect de la convention de site par ses signataires ; il n'a pas d'effet juridique, mais exprime l'engagement de tous les acteurs dans un esprit de partenariat responsable". Le ministère de l'Intérieur précise que "tous les sites touristiques ont vocation à être labellisés, les conventions de site permettant d'adapter la réponse sécuritaire au cas par cas pour chacun des sites sensibles".
Un bon accueil des professionnels
La tenue des premières rencontres "Tourisme et sécurité" et l'annonce de ces mesures ont été bien accueillies par les professionnels du secteur. Après avoir rappelé que "garantir une sécurité renforcée sur les lieux touristiques est un enjeu majeur pour le tourisme et une condition non négociable si nous voulons attirer toujours plus de visiteurs étrangers", l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) apportera son soutien "au déploiement des cellules départementales et soutient l'élaboration d'une charte avec le ministère de l'Intérieur sur la sécurité des touristes".
Pour sa part, le GNI Synhorcat (Groupement national des indépendants de l'hôtellerie-restauration) "salue les mesures" adoptées et redit que "nos professionnels considèrent la sécurité comme 'la' préoccupation première de leurs clients... et donc, de facto, la leur !
La sécurité est une exigence de nos concitoyens, qui sont les premiers à voyager en France, mais aussi une exigence de nos visiteurs internationaux". La sécurité ayant parfois bon dos, le groupement en profite pour demander également "l'obligation de tenir des fiches étrangers pour les meublés de touristes, comme le font déjà les hôtels". Une proposition qui vise directement l'ennemi juré, en l'occurrence les plateformes d'intermédiation locative de type Airbnb...