Tourisme - L'Alliance 46-2 veut donner la priorité à la sécurité pour relancer le tourisme

Une police spécialisée dans les délits proférés à l'encontre des touristes ? Une interdiction de séjour dans les zones touristiques pour les récidivistes ? Ce sont deux des propositions formulées par l'Alliance 46-2. Ce club d'entreprises, qui se veut "force de réflexion, de propositions et d'actions pour stimuler la création d'emplois par les activités liées au tourisme", propose quatre axes stratégiques pour dépasser la "crise" de l'activité touristique française.

Après la deuxième réunion du comité d'urgence économique pour le tourisme sous la présidence de Jean-Marc Ayrault (voir notre article ci-contre du 15 septembre 2016), c'est au tour de l'Alliance 46-2 de prendre position sur la crise de l'activité touristique. L'Alliance regroupe une vingtaine de grandes entreprises dont l'activité est partie prenante du tourisme : Accor, Aéroports de Paris, BNP Paribas, Caisse des Dépôts, Compagnie des Alpes, Disneyland Paris, Elior, Groupe Galeries Lafayette, GL Events, Kering, SNCF...

Le contexte actuel n'est pas lié aux seuls attentats

Dans un texte d'un peu plus de trois pages intitulé "Le tourisme français est confronté à une crise grave : quelques pistes pour s'en sortir", l'Alliance 46-2 avance, dans son style très direct, quelques propositions qui sortent un peu du cadre habituel. Elle rappelle tout d'abord que le contexte actuel n'est pas lié aux seuls attentats terroristes de 2015 et 2016. L'association pointe ainsi "la répétition depuis 2013 d'agressions crapuleuses contre des touristes, particulièrement asiatiques, ponctuée notamment par un échange sur le sujet au niveau des chefs d'Etat chinois et français en 2013, par la première grève de l'histoire du Louvre pour des raisons de sécurité en 2014 et des employés de la tour Eiffel pour les mêmes motifs en 2015".
De même, elle évoque aussi "un printemps 2016 marqué par la conjonction de manifestations exceptionnellement violentes, un blocage des approvisionnements pétroliers, l'attaque médiatisée d'une voiture de police, l'image, également médiatisée, d'un leader syndical alimentant un feu sur la voie publique, des grèves dans le secteur aérien".

Une compétitivité qui s'érode fortement

Au-delà de ces questions d'image et de perception de la destination France, l'Alliance 46-2 souligne également une perte de compétitivité du tourisme français depuis plusieurs années (voir notre article ci-contre du 18 février 2015). Entre 2011 - considérée comme la première année post crise financière - et 2015, le volume du tourisme international a crû de 19% au niveau mondial, de 18% en Europe, de 23% en Allemagne, de 21% en Espagne et de 5 % en France. Selon la note, cette évolution résulte essentiellement d'un manque d'investissement dans le secteur, dont les effets se télescopent aujourd'hui avec l'impact des événements de court terme.
Sans surprise, l'Alliance 46-2 en tire la conclusion que "l'année 2016 va être particulièrement mauvaise" et que, face à la profonde dégradation de l'image de la France, "il est probable que l'année 2017 en ressentira encore les effets".

Pourquoi pas une police spécialisée dans le tourisme ?

A partir de ce constat, l'Alliance formule quatre axes stratégiques. D'une part, "la sécurité constitue le premier impératif", ce qui implique notamment une organisation spécifique au moins au niveau de Paris : "Quand un pays de 66 millions d'habitants accueille 84 millions de touristes, il n'est pas anormal qu'il se dote d'une police spécialisée et, pourquoi pas, d'un parquet spécialisé". S'y ajoute la demande de mesures pénales renforcées, avec par exemple une circonstance aggravante pour les délits commis dans les zones touristiques (ce qui ne semble pas évident sur un plan juridique) ou une interdiction d'y paraître pour les récidivistes.
Second axe stratégique : l'image de la France. Pour l'Alliance 46-2, la seule promotion du tourisme n'est plus suffisante. Il s'agit désormais de gérer "notre 'Soft Power' et de travailler notre 'Nation Branding'". Selon l'association, "il est aujourd'hui urgent de s'y mettre, collectivités publiques et entreprises confondues".

"Débloquer des réformes attendues depuis longtemps"

Le troisième axe est celui des entreprises : l'Alliance rappelle que le tissu des industries du tourisme est composé à plus de 90% de petites entreprises et que "pour la seule hôtellerie-restauration, alors que les charges sociales sont plus élevées que celles de nos sept pays voisins, les hausses de TVA en 2012 puis en 2014 ont généré une ponction supplémentaire cumulée de 1,14 milliard d'euros qui n'a pu être répercutée sur les prix du fait de l'atonie de la demande". Le sens du message est suffisamment clair...
Enfin, le quatrième axe est qu'"au-delà de l'urgence, cette crise constitue aussi l'occasion de débloquer des réformes attendues depuis longtemps". L'Alliance évoque notamment l'élaboration d'une stratégie coproduite entre l'Etat, les entreprises et les régions, la simplification des règles d'urbanisme, le financement des investissements, la connectivité aérienne avec les clientèles long courrier, une meilleure implication des gouvernants dans la compétition internationale des congrès et salons, la modernisation de notre dispositif de promotion ou encore la rationalisation de la gouvernance du tourisme au sein de l'Etat.

 

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