Tourisme : bilan contrasté pour l'été olympique
Malgré la venue plus importante que d'habitude de certaines clientèles étrangères sur les sites des Jeux olympiques, le bilan touristique de l'été 2024 ne laisse pas apparaître une hausse de fréquentation dans la plupart des destinations, selon un bilan du ministère délégué au Tourisme.
Rarement bilan de la saison touristique n'avait été aussi attendu. Ce n'est en effet pas tous les ans qu'un pays accueille les Jeux olympiques, avec les promesses de fréquentation qui les accompagnent. Résultat ? Si le démarrage a été poussif, la période olympique elle-même s'est bien révélée porteuse, malgré de fortes disparités selon les territoires. C'est ce qu'a dévoilé, le 3 septembre, Olivia Grégoire, ministre déléguée démissionnaire chargée du Tourisme.
Dans un communiqué, la ministre décrit "un été 2024 à trois vitesses, dans la lumière des Jeux olympiques", qui se dessine de manière "plus nuancée" entre les territoires qui ont "fortement bénéficié de la locomotive olympique" et les autres. Le mois de juillet apparaît ainsi "en retrait", tandis que le mois d'août "devrait être globalement stable en fréquentation par rapport à 2023". Pas de quoi décrocher une médaille d'or.
Une clientèle lointaine attirée par les Jeux
Seuls 65% des Français sont partis en vacances ou en week-ends sur les mois de juillet et août, soit -2% par rapport à l'an dernier. Un recul qui tient, selon la ministre, à la mauvaise météo, à la fin tardive de l'année scolaire (fixée au 5 juillet) et aux départs importants lors des ponts du mois de mai. Mais aussi et surtout à la question du pouvoir d'achat "au cœur des considérations des touristes français".
À l'inverse, la fréquentation internationale était au rendez-vous de l'été 2024, "portée par la dynamique des Jeux olympiques", pointe la ministre. Pas de quoi affoler les compteurs néanmoins, puisque la saison estivale a "dans l'ensemble attiré autant de touristes internationaux que 2023, avec une fréquentation quasiment égale en termes de nuitées". On relève cependant que la période olympique a contribué à l'attraction des clientèles lointaines, avec des arrivées aériennes en hausse pour la Chine (+43%), le Japon (+13%) et les États-Unis (+13%).
Un "tableau territorial complexe"
Si les chiffres au niveau national ne mettent pas de façon évidente en avant une dynamique "olympique", une analyse territoriale plus fine permet de le faire. 1,4 million de touristes français se sont rendus à Paris et en Île-de-France sur la période des Jeux, soit +27% par rapport à 2023. Sur l'ensemble des territoires hôtes (la région parisienne et huit autres métropoles), les nuitées françaises ont progressé de +12% et les nuitées internationales de +16% durant les dix-neuf jours de compétition. À Châteauroux, par exemple, où avaient lieu les épreuves olympiques de tir, l'office du tourisme a enregistré une hausse de 60% de la fréquentation et un doublement du nombre d'étrangers par rapport à juillet 2023.
Dans ce qu'elle appelle un "tableau territorial complexe", la ministre précise encore que les territoires méditerranéens ont été "les plus dynamiques", tandis que l'arc atlantique a connu un "net ralentissement de sa fréquentation". Le ralentissement de la clientèle française est aussi observé sur le tourisme rural, et, dans une moindre mesure, en montagne et en tourisme urbain.
"Signaux positifs" pour l'arrière-saison
Des données émanant de territoires plus spécifiques permettent de confirmer cette tendance générale mais aussi d'affiner cette vision du bilan de la saison estivale 2024. Selon l'ANMSM (Association nationale des maires de stations de montagne), la saison en montagne s'est révélée "très contrastée". Le mois de juillet est jugé "décevant" (-4% de taux d'occupation par rapport à 2023), à l'inverse d'un mois d'août "bien fréquenté" (+7,5%), pour un résultat global de +2%. Parmi les destinations, on note une progression record des Pyrénées (+8%).
Pour sa part, la Chambre de commerce et d'industrie de Corse fait savoir que le nombre de voyageurs dans les aéroports et ports de l'île étaient en baisse de 5% en juillet par rapport à 2023, mais en hausse de 5% en août. Au Pays basque, selon les données de l'Agence départementale du tourisme 64, on a compté -13% de touristes en moins en juillet et -1% en août par rapport aux mêmes mois de l'année précédente.
In fine, et alors que des "signaux positifs" s'annoncent pour l'arrière-saison, Olivia Grégoire juge que l'été 2024 "a tenu ses promesses, notamment au mois d'août", et ajoute qu'"il est certain que l'impact de ces Jeux se fera encore ressentir dans les mois et années à venir." De son côté, Christian Mantei, président du conseil d'administration d'Atout France, retient que "malgré une fréquentation inégale, nous avons vécu un été exceptionnel en termes d'image, donnant à voir une France dynamique, audacieuse et formidablement accueillante à l'occasion des Jeux de Paris 2024". Mais c'est sans doute Stéphane Villain, président d'ADN Tourisme, qui résume le mieux cet été pas comme les autres : "Nous avons assisté à un cœur de saison estival autant olympique qu'atypique : un démarrage plutôt tardif, des Jeux qui ont largement profité aux territoires hôtes et un mois d'août prometteur qui devrait permettre d'atteindre des résultats satisfaisants."
› Jeux olympiques : 16.000 établissements déjà contrôlés par la DGCCRFAlors que la tenue des Jeux olympiques et paralympiques devait entraîner l'accueil de 15 millions de visiteurs en France, la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) a déployé un dispositif spécifique pour intensifier ses contrôles et garantir la protection des consommateurs. Selon un bilan communiqué le 29 août, la DGCCRF a contrôlé près de 16.000 établissements dans les secteurs clés de l'économie touristique depuis le 1er janvier 2024, dont 5.600 établissements à vocation touristique (hôtels, hébergements touristiques, cafés et restaurants) et 600 professionnels des transports (taxis, VTC, location de voitures). Pour l'essentiel, les anomalies relevées ont porté sur des "manquements mineurs" (incomplétude des affichages obligatoires dans l'hôtellerie, affichage des prix uniquement via un QR code dans la restauration, etc.) et ont donné lieu à des suites "pédagogiques et correctives proportionnées", comme des rappels de la réglementation ou des injonctions de mises en conformité. Les manquements plus graves (classement erroné d'un hôtel, allégations trompeuses dans un restaurant) ont concerné moins de 6% des établissements contrôlés. Ils ont conduit la DGCCRF à diligenter des suites administratives (483 procès-verbaux administratifs dressés) ou pénales (346 procès-verbaux pénaux). Enfin, la fermeture de 26 établissements a été demandée par arrêtés préfectoraux. Parallèlement à ces contrôles, plus de 13.000 signalements ont été enregistrés sur la plateforme SignalConso dédiée aux touristes pour les seuls secteurs de l'hébergement, des taxis, des agences de voyages et des cafés-restaurants. |