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Tour de France 2021 : une étape gagnante pour Brest et le Finistère

Brest et le Finistère ont fait les comptes : le Grand Départ du Tour de France 2021 a bien été profitable pour le territoire. L'étude menée par l'agence d'urbanisme Brest-Bretagne Adeupa révèle même un afflux touristique inédit chez les pratiquants de cyclisme tout au long de l'année et mesure pour la première fois l'impact environnemental.

Des retombées économiques de plus de 7 millions d'euros, soit un rapport de trois euros pour un euro investi, tel est le bilan économique du Grand Départ du Tour de France 2021 selon une étude réalisée par l'agence d'urbanisme Brest-Bretagne Adeupa, dont Localtis s'est procuré une copie.

Le Grand Départ du Tour de France s'est tenu du 26 au 29 juin 2021 dans les quatre départements de la région Bretagne mais l'étude d'Adeupa porte exclusivement sur la première étape et les territoires de Brest et du Finistère. Pour obtenir le droit d'accueillir l'évènement, les collectivités finistériennes ont d'abord payé à l'organisateur Amaury Sport Organisation (ASO) 2,8 millions d'euros, y compris les dépenses pour les animations, la décoration, la cérémonie de présentation des coureurs, etc. "Cependant, précise l'étude, certaines dépenses étant courantes ou anticipées, [et] le coût réel est estimé [pour les collectivités finistériennes] aux alentours de 2,3 millions d'euros."

L'organisation du Tour prend… et redonne

Côté retombées, on notera d'abord qu'ASO réinvestit une partie de ses gains dans les hébergements hôteliers sur place pour les besoins de l’organisation. "Au total, la sphère Tour de France a injecté 3 millions d'euros dans l’économie finistérienne en hébergement, restauration, achat de matériel…", estime l'étude.

Les spectateurs venus pour l'évènement se répartissaient en deux catégories. D'une part, deux tiers d'entre eux étaient des spectateurs excursionnistes venus à la journée assister à la première étape. Le tiers restant était constitué de touristes venus pour l’occasion et restés sur place entre trois et quatre nuits. Parmi eux, 70% logeaient dans un hébergement non-marchand (famille, amis, camping-car, résidence secondaire) et 30% avaient réservé un gîte, une location saisonnière ou un emplacement de camping. "Très peu ont réservé une chambre en hôtel au regard de la saturation de l’offre dans le contexte Tour de France", pointe l'étude. Cet ensemble de dépenses a généré environ 2,75 millions d'euros de flux financiers sur le territoire.

Le tourisme sportif révélé

Une autre particularité de la tenue d'un Grand Départ réside dans l'attraction auprès des cyclistes amateurs. Un phénomène jamais étudié dans ce contexte et qui se révèle tout sauf anodin. Ainsi, dès l’annonce du parcours, en octobre 2020, et jusqu’à la mi-août 2021, ce sont environ 6.800 amateurs qui ont effectué l'ascension de la principale difficulté du parcours finistérien : la Fosse-aux-Loups, à Landerneau. Parmi eux, 20% étaient extérieurs au département et sont venus avec 3 ou 4 accompagnants en moyenne. Ces séjours touristiques sportifs ont généré 1,6 million d'euros de retombées.

Si l'on additionne les dépenses de la sphère ASO et celles liées au tourisme, durant l'évènement mais également en aval et en amont, les retombées économiques directes se montent à 7,35 millions d'euros. Face aux 2,3 millions de coûts réels, le ratio est donc d'un peu plus de 3 euros de retombées directes pour 1 euro investi. Ce résultat est légèrement en retrait de ce que l'on avait pu observer à l'occasion du Grand Départ du Tour 2016 dans la Manche, où le ratio était de 4 euros pour un 1 euro investi. Joints par Localtis, Quentin Delaune et François Le Pellec, responsables de l'étude pour Adeupa, expliquent que leur méthodologie est particulièrement fiable et réaliste car elle s'est basée sur des données observables (factures d'hôtels, etc.).

De l'exposition médiatique au tourisme

Pour les collectivités d'accueil, les retombées attendues du Grand Départ tenaient également dans la médiatisation de l'évènement. Brest a ainsi bénéficié de plus de 15.000 citations médiatiques durant l’année précédant le départ, soit une moyenne de 42 par jour, avec des temps forts au moment de la présentation officielle du parcours et, bien entendu, durant les trois semaines de course. Le Tour de France 2021 a été diffusé dans 190 pays par près de 1.000 chaînes de télévisions pour un total de 77 heures de diffusion à l’étranger. Cette exposition médiatique représente pour Brest un "équivalent financier brut" de près de 8,8 millions d’euros, soit la somme que le territoire aurait payé s'il avait acheté la même surface d'exposition médiatique.

Toujours en termes d'image, les réseaux sociaux de Brest métropole ont été très suivis et relayés durant l’épreuve. Le compte Twitter a dépassé le million d’impressions en juin 2021, soit une hausse de plus de 660%. Pour les auteurs de l'étude, "cette visibilité ouvre des perspectives de renouvellement de séjours touristiques ou même de premier séjour dans les années à venir".

Un impact environnemental maîtrisé

Le dernier aspect de l'étude d'Adeupa porte sur l'impact environnemental. Une approche également inédite pour ce genre d'événement. On y apprend que les déplacements des spectateurs représentent l'écrasante majorité des émissions de CO2 : plus de 90% se sont déplacés en voiture ou en camping-car, le train ne représentant que 3% des déplacements. Quant aux véhicules d'ASO, dont 85% ont été convertis à une motorisation hybride, ils totalisent environ 1,5% des émissions de CO2 liées à la première étape.

On relève encore au chapitre environnemental certains impacts dus à la fauche accrue des bords de route en période de forte activité biologique ou à l'aménagement de la voirie. Sur les sites échantillonnés, il n'a cependant pas été observé de mauvais comportements des spectateurs. Par ailleurs, les précautions spécifiques mises en œuvre par ASO dans les sites Natura 2000 ont été bien suivies et la période d'après-Tour montre aussi une bonne propreté des sites, selon l'étude. Autre chiffre notable : depuis 2013, le volume de déchets générés durant le Tour de France a été réduit de 71%.