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Patrimoine - Toulouse candidate au patrimoine mondial de l'Unesco... pour 2024

Depuis l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco du quartier de la Lune à Bordeaux (voir notre article ci-contre du 28 juin 2007), puis de la cité épiscopale d'Albi (voir notre article ci-contre du 2 août 2010) - deux fleurons culturels du Sud-Ouest - on pouvait s'attendre à voir Toulouse réagir. La ville se devait également de reprendre l'initiative après l'échec - très mal vécu dans la Ville rose - de la candidature au titre de capitale européenne de la culture, au profit de Marseille.

Mise sur pied d'une "mission patrimoine"

C'est désormais chose faite avec l'annonce de Jean-Louis Moudenc, redevenu maire de Toulouse en mars dernier. Lors de sa conférence de rentrée, le 23 septembre, il a en effet annoncé la création d'une "mission patrimoine". Celle-ci sera chargée, après l'organisation d'assises sur le sujet, de doter la ville "d'un plan cohérent de mise en valeur du patrimoine public et privé". Dans ce cadre, le maire de Toulouse a reconnu qu'"avoir le label [de l'Unesco, ndlr], ce serait une richesse supplémentaire pour le tourisme culturel".
La question avait déjà fait débat durant le précédent mandat, lors de l'inscription d'Albi, des responsables toulousains ayant alors estimé que l'attribution de ce label risquait de détourner une partie des touristes. Au final, chacun était convenu que l'inscription d'Albi était plutôt une opportunité, les touristes attirés par le label pouvant ensuite très facilement se rendre à Toulouse.

Prudence ou réalisme ?

Reste à savoir quel secteur proposer à l'inscription au patrimoine mondial, le maire s'étant contenté d'évoquer "le centre historique". Il peut s'agir bien sûr du centre-ville et de la place du Capitole - déjà classés en "secteur sauvegardé" -, mais aussi des berges de la Garonne et du canal du Midi (déjà inscrit au patrimoine de l'Unesco depuis 1996).
Le plus original dans l'annonce du maire de Toulouse reste toutefois son extrême prudence. A rebours d'annonces tonitruantes, qui retombent ensuite comme des soufflés, Jean-Luc Moudenc vise une inscription à l'horizon 2024.
Deux facteurs peuvent expliquer cette prudence, ou ce pragmatisme. D'une part, le champ des candidatures françaises est déjà passablement encombré. Sans même être certain d'être exhaustif, on recense ainsi l'œuvre de Le Corbusier (candidature transnationale), sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale, chaîne des Puys, plages du Débarquement, mégalithes du Morbihan, vins de Bourgogne et de Champagne, Metz ville royale...
D'autre part, l'Unesco et ses deux bras armés pour les expertises - l'Icomos (côté culture) et l'UICN (côté nature) - se montrent de plus en plus impitoyables dans l'examen et la sélection des candidatures. En outre, face à l'afflux croissant de candidatures, l'Unesco a réduit - plus ou moins officiellement - à une candidature par an le "quota" des grands pays développés, bien servis depuis la création du patrimoine. La prudence du maire de Toulouse s'apparente donc plutôt à du réalisme...