Territoires d'industrie : douze nouveaux territoires labellisés et les premiers contrats signés fin mars
La première assemblée générale des "territoires d'industrie", qui s'est tenue le 5 mars 2019 à Lyon, a permis de lancer la phase de déploiement du programme après une phase de préfiguration menée auprès de 29 territoires. Au total, 136 intercommunalités sont désormais concernées, contre 124 initialement répertoriés en novembre 2018. Les premiers contrats de projets devraient être signés d'ici fin mars, à l'occasion de la Semaine de l'industrie.
La première assemblée générale des "territoires d'industrie" s'est tenue le 5 mars 2019 à Lyon, dans le cadre du salon Global Industrie. Une réunion qui devait permettre de signer les premiers contrats. Finalement, les territoires d'industrie ont surtout installé leur comité de projets. "Les premiers contrats avec les territoires seront signés à la fin de la Semaine de l'industrie, soit après le 24 mars", a précisé Olivier Lluansi, délégué aux territoires d'industrie, durant l'assemblée générale. Jusque-là, les choses ont l'air de bien avancer. "Pour l'instant, cela se passe bien, précise ainsi à Localtis Olivier Crépin, conseiller économie de l'Assemblée des communautés de France (ADCF), mais nous allons maintenant passer aux travaux pratiques."
Le programme des territoires d'industrie a été lancé en novembre 2018 par le Premier ministre, durant le Conseil national de l'industrie (CNI). Il consiste à mener une politique de développement de l'industrie dans les territoires, et non plus seulement à partir des filières ou au niveau national.
Au départ, 124 territoires d'industrie avaient été identifiés à l'automne. Douze nouveaux ont été labellisés en concertation avec les industriels, les régions et les intercommunalités, soit désormais 136 territoires d'industrie. "C'était une souplesse demandée par les régions et un engagement tenu par le gouvernement, il y aura peut-être d'autres territoires encore, la liste n'est pas figée", indique-t-on à Régions de France.
Ces sites labellisés, qui correspondent essentiellement à des villes moyennes, vont recevoir 1,3 milliard d'euros, qui viennent pour une grande part de programmes en matière de formation, d'innovation, d'infrastructures numériques… Des crédits préexistants pour des projets déjà dans les cartons, qui pourront par ce biais être accélérés, voire même débloqués.
"Les pilotes, ce sont désormais les régions"
Quatre objectifs principaux sont visés : recruter, innover, attirer et simplifier. En janvier 2019, une première phase de préfiguration a été lancée à l'échelle de 29 territoires d'industrie. L'assemblée générale du 5 mars marque la phase de déploiement auprès des autres territoires identifiés, avec la constitution des comités de projet. "Les territoires d’industrie préfigurateurs ont fait remonter plus de 200 projets qui n’auraient jamais été captés par des appels à projets verticaux de l’État", a souligné Olivier Lluansi.
L'approche est nouvelle : il s'agit d'agir de manière ciblée, décentralisée et coordonnée. Les régions sont aux commandes : elles piloteront les futurs contrats de projet territorial industriel, avec les intercommunalités. "Les pilotes, ce sont désormais les régions", a insisté Olivier Lluansi. Celles-ci sont chargées de définir les priorités et de coordonner les financeurs, en lien avec les industriels, les services de l'Etat et les intercommunalités. "La force de Territoires d'industrie, c'est la démarche inédite : les priorités sont fixées au niveau local, par le couple régions-intercommunalités en lien avec les entreprises, et l'État propose un cadre pour répondre aux besoins de chaque territoire", s'est félicité Jean-Luc Rigaut, président de l'ADCF. Une occasion pour l'association de mettre en valeur les apports de la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République (Notr). "Territoires d’industrie, c’est dans la continuité de la loi Notr : animer le développement économique des territoires avec un tandem régions-intercommunalités. Et ça marche ! Donc, avant de détricoter les lois, essayons de s’en servir", a-t-il ainsi souligné (lire aussi notre article de ce jour "Relations intercommunalité-communes : faut-il ou non assouplir la loi Notr ?"). L'ADCF, qui s'est fortement impliquée dans la démarche, avait appelé en mai 2018 à un nouveau pacte productif en faveur du renouveau industriel dans les territoires.
"Dynamique ne veut pas dire faux espoir"
"On constate que cette initiative a permis de redonner une impulsion, de l'éveil aux territoires concernés", indique de son côté Régions de France, qui alerte toutefois sur les conséquences d'effets d'annonce qui ne seraient pas suivis concrètement. "Dynamique ne veut pas dire faux espoir", insiste l'association, qui, tout comme l'ADCF, veille aussi à éviter l'accumulation de contractualisation.
"Avec les 136 territoires d'industrie, il s’agit de renouer – main dans la main avec les régions – le fil de la politique industrielle et de l’aménagement du territoire", a assuré Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie.
À l'occasion de cette première assemblée, quatre conventions de mobilisation ont également été signées entre l'Etat et Pôle emploi, Bpifrance, Business France et la Banque des Territoires. Cette dernière appuiera surtout les écosystèmes industriels locaux. Elle prévoit notamment une enveloppe d'environ 100 millions d'euros par an d'ici à 2022, pour investir dans les projets des territoires concernés, ainsi qu'une autre enveloppe destinée à financer les études d'ingénierie des projets industriels. La Banque des Territoires mobilisera aussi des financements et outils du grand plan d'investissement et du programme d'investissements d'avenir "dans les limites permises par les conventions correspondantes signées entre l'État et la Caisse des Dépôts", signale-t-elle dans un communiqué. De son côté, Bpifrance s'attellera à son coeur de métier, le soutien aux entreprises.
"Un changement culturel important"
La démarche, si elle fonctionne, pourrait servir de modèle à d'autres programmes, avec des projets partant des territoires, plutôt que des appels à projets issus du national. "Mais cela demande un changement culturel important", souligne Régions de France. Or les référents locaux des opérateurs, sur lesquels le gouvernement s'est engagé début janvier 2019, ne sont pas encore tous nommés. Ce sont pourtant eux que les régions pourront solliciter pour répondre aux problèmes localement et faciliter la mise en œuvre des projets.
La démarche participe d'une volonté plus globale de l'État de redynamiser l'industrie. C'est dans cet esprit qu'a été officiellement lancée le 4 mars l'initiative "2019, année de la French Fab". Un événement qui vise à changer le regard du public, en particulier des jeunes sur ce secteur qui compte quelque 50.000 emplois non pourvus. Il s'agira notamment de recourir aux "volontaires territoires d'entreprises", permettant à des jeunes diplômés de travailler un an auprès de dirigeants de PME.