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La liste des 124 territoires d'industrie pourra être révisée selon la mobilisation des territoires

La liste des 124 territoires d'industrie présentée le 22 novembre 2018 lors du Conseil national de l'industrie pourra évoluer dans le temps si les territoires ne se mobilisent pas suffisamment. Lors de son audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale le 5 décembre, Bruno Bonnell, député du Rhône, a détaillé le mode de sélection de ces territoires.

Durant six semaines, Bruno Bonnell, député LREM du Rhône, a mené une mission destinée à déterminer les 124 territoires de reconquête industrielle qui vont recevoir un effort de 1,3 milliard d'euros issus de programmes préexistants en matière de formation, d'innovation, d'infrastructures numériques. Des territoires qui ont été dévoilés lors du Conseil national de l'industrie (CNI) du 22 novembre 2018. Lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale le 5 décembre, Bruno Bonnell a présenté la méthodologie engagée pour choisir ces territoires, ainsi que les défis à relever dans le cadre de ce programme. Insistant sur le décrochage de la France en matière industrielle, avec un million d'emplois perdus en quinze ans, 600 usines fermées et une part industrielle passée à 12% de l'activité économique, contre 23% en Allemagne, le député a mis en avant les territoires ruraux et périphériques dans lesquelles l'industrie a bien résisté. "Il y a eu un décrochage et le paradoxe de ce décrochage, c'est qu'il a eu lieu effectivement mais dans de très nombreux territoires, qui ne sont pas des territoires métropolitains, qui sont des territoires périphériques, des territoires même ruraux parfois, c'est là finalement que l'industrie a le mieux tenu", a-t-il affirmé.  "Les salaires dans l'industrie sont 20% plus élevés que dans l'ensemble de l'économie en France, l'industrie ça paye, alors qu'on a une image d'Epinal, un peu Zola. J'ai visité une vingtaine de villes dans la toute la France, dans la plupart des usines françaises, on mange parterre", a-t-il ajouté.

"Trouver une cohérence d'activité économique et s'affranchir des bornes administratives"

L'idée du programme des 124 territoires de reconquête industrielle est de pouvoir cibler ces territoires à potentiel industriel qui, le plus souvent, ne font pas partie des métropoles. "Nous avons travaillé tous ensemble à repérer une grosse centaine de territoires d'industrie. Nous avons pris arbitrairement des territoires où la part de l'industrie correspond à au moins 15% de l'emploi total et pas des régions dans lesquelles il y avait une filière implantée mais un terrain industriel dense ; nous n'avons pas regardé les territoires sur le plan administratif mais géographique, l'important étant de trouver une cohérence d'activité économique industrielle et de s'affranchir des bornes administratives", a expliqué le député du Rhône. Autre objectif : retisser le lien avec les responsables du développement économique, à savoir les régions. Cette première liste a ainsi été établie avec les régions, qui ont eu la main sur le choix final. "Un certain nombre de moyens de l'État vont être focalisés sur ces territoires, mais ce n'est pas le énième dispositif, a aussi précisé Bruno Bonnell, c'est plutôt l'État comme tiers de confiance dans des opérations avec toutes les administrations et toutes les organisations qui déjà entourent l'industrie". Un "contrat de confiance" avec l'État, selon lui, pour "faciliter la vie à la croissance industrielle de ces territoires".

Une liste de territoires révisée de façon progressive

Les défis dans le cadre de ce ciblage sont multiples : renforcer l'attractivité de ces territoires mais aussi l'attractivité de l'industrie, qui pâtit d'une image dégradée, recruter et ouvrir des formations, via le Plan d'investissement compétences (PIC) notamment, innover pour rendre l'industrie "performante" et ainsi "passer d'une industrie 'sous perf' à une industrie 'sur perf' ", à travers le dispositif "Territoires d'innovation". Autres enjeux : attirer sur ces territoires en matière de logements, de services, simplifier les procédures et permettre aux territoires d'expérimenter, à travers l'appel à projets "France expérimentation".
"Notre obligation de résultat est d'arriver en mars 2019, lors du prochain Conseil national de l'industrie, à un maximum de contrats de territoire signés, a précisé Bruno Bonnell. Mais si certains territoires identifiés ne se mobilisent pas et ne se lancent pas dans la contractualisation avec l'État, il y aura de la place pour d'autres, la liste sera ainsi révisée de façon progressive ; elle n'est pas exhaustive."