Personnes âgées - Tarif médian en Ehpad : 2.445 euros par mois ou 1.953 euros ?
Il y a quelques jours, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) publiait les résultats de son étude annuelle sur les tarifs des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en 2017 (voir notre article ci-dessous du 22 mai 2018). Réalisée sur la base des données fournies par 6.140 structures (82% des établissements représentant 83% des places), cette étude fait apparaître un tarif hébergement moyen pour une chambre seule (tarif hébergement + tarif dépendance pour les GIR 5 et 6, les moins dépendants) de 1.953 euros par mois, soit 4 euros de plus (+0,2%) que le prix médian constaté en 2016 et une hausse très inférieure à l'évolution des prix en 2017 (+1,2%).
"Nos si chères maisons de retraite"
Mais au même moment, le magazine "60 millions de consommateurs" - émanation de l'Institut national de la consommation (INC) - publie, dans son numéro de juin, une enquête sur "Nos si chères maisons de retraite", qui "passe au crible" les montants facturés par les Ehpad. Conclusion : "les écarts de tarifs sont considérables, et les plus chers n'offrent pas forcément une meilleure qualité". Mais surtout, cette enquête aboutit à un prix médian de 2.445 euros, soit 25% de plus que le prix annoncé par la CNSA.
Or, "60 millions de consommateurs" indique avoir, pour les besoins de son enquête, "aspiré les données tarifaires des quelque 6.000 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) figurant sur le comparateur officiel en ligne 'Pour les personnes âgées'", autrement dit la même source que pour l'étude de la CNSA, qui gère ce site...
Tarif brut et tarif net...
Dans un communiqué du 28 mai, la CNSA réaffirme que "le tarif médian réglé par les personnes âgées pour un mois en Ehpad constaté en 2017 est de 1.953 euros" et avance des explications sur la raison de l'écart avec le chiffre de l'INC. Cette raison tient à des "périmètres d'analyse différents", la CNSA privilégiant "ce qui est réellement payé par la personne hébergée et sa famille".
En effet, plus de 80% des résidents des Ehpad bénéficient de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), qui leur permet de réduire le montant de leur facture. Ainsi, le calcul de la CNSA se base sur le prix hébergement et le "talon dépendance", c'est-à-dire le tarif dépendance des personnes les moins dépendantes (GIR 5 et 6), qui est le plus souvent facturé au résident, quel que soit son niveau de GIR. Les personnes les plus dépendantes (GIR 1, 2, 3 et 4) - et disposant de revenus inférieurs à 2.447,55 euros par mois - perçoivent l'APA et n'acquittent donc pas le tarif correspondant à leur GIR, mais uniquement le montant du tarif dépendance prévu pour les GIR 5 et 6, "qui correspond à la somme minimale à payer par tous les résidents d'un Ehpad".
De son côté, le tarif médian de 2.445 euros avancé par "60 millions de consommateurs" se base sur le prix hébergement et le tarif dépendance des GIR 1 et 2. Autrement dit, il ne tient pas compte de l'aide versée à la personne âgée pour réduire le montant de sa facture.
Au final, il s'agit donc d'une affaire de prix brut ou de prix net. Mais, même s'ils sont parfaitement explicables, ces écarts mis sur la place publique risquent, involontairement, de renforcer encore la méfiance des familles sur le manque de transparence tarifaire des Ehpad...