Sur le marché immobilier, "de nombreuses promesses sont désormais en suspens"
Alors que le desserrement de la politique monétaire et la légère baisse des prix des logements auguraient une forme d’espoir chez les particuliers dans leur projet d’acquisition, l’incertitude renouvelée sur la scène politique pourrait mettre à mal le redémarrage du marché. Selon les chiffres du Conseil supérieur du notariat, l’année 2024 se terminerait avec un total de 750.000 transactions, toujours en fort recul comparé aux années précédentes. Les transactions de terrains à bâtir diminuent également.
Le redécollage du marché immobilier se fait attendre. Dévoilé lundi 16 décembre, le bilan immobilier de l’année 2024 par les Notaires de France fait état d’un volume de transactions toujours en recul et d’une baisse des prix qui se stabilise. Membre du bureau du Conseil supérieur du notariat, Me Priscille Caignault y voit l’illustration d’un marché particulièrement sensible à la stabilité, tant économique que politique. Le retour sur le marché d’un nombre toujours plus grand de Français a en effet pu se voir "altéré par l’incertitude politique née de la dissolution de l’Assemblée nationale", avant l’été.
"A la rentrée, une confiance, même précaire, semblait de retour avec des taux plus favorables et des prix tendant vers la stabilisation. Le marché immobilier approchait de son point d’atterrissage après bientôt deux années de chute brutale et vertigineuse, depuis le sommet des 1,2 million de transactions annuelles atteint en août 2021", explique Me Priscille Caignault. Selon les notaires, l’année 2024 pourrait ainsi se terminer autour de 750.000 transactions, soit -16,6% en un an. "Les signaux économiques semblaient positifs pour 2025 afin d’endiguer la chute, voire de percevoir une reprise. Cependant, de nombreuses promesses pour l’immobilier sont désormais en suspens."
Côté prix, la baisse (-3,9% sur un an à l’échelle nationale au troisième trimestre 2024) pourrait s’amenuiser ces prochains mois : les projections des notaires à janvier 2025 tablent sur un recul de -1,2% sur le territoire national : -0,4% pour la province et -2,5% en Ile-de-France.
Les transactions de terrains à bâtir reculent
A l’instar des marchés des logements neufs et anciens, le nombre de transactions de terrains à bâtir en cumul sur 12 mois s’avère également en baisse, presque de moitié, passant d’environ 75.000 transactions au deuxième trimestre 2023 à 43.000 au troisième trimestre 2024. La baisse annuelle s’accélère quant à elle jusqu’au premier trimestre 2024 : de -26% au T2 2023 à -39% au T1 2024. Elle a ensuite conservé un rythme similaire jusqu’au T3 2024.
Le Conseil supérieur du notariat souligne que "si la baisse du nombre de transactions de terrains à bâtir était déjà bien enclenchée, son accélération intervient en même temps que l'annonce de l'exclusion de la maison individuelle du prêt à taux zéro", mesure entrée en vigueur le 1er janvier 2024. "Ces mesures partent d'intentions louables", mais "il ne faudrait pas qu'elles aient pour conséquence de priver et de détourner les gens de l'accession à la propriété", s'inquiète Frédéric Violeau, chargé des statistiques immobilières nationales pour le CSN. Quant au prix moyen des terrains, il aurait plus que doublé entre 2000 et 2008, puis a continué de progresser pour atteindre 84.100 euros en 2024.