"Il faut sauver le patient logement !" : la crise continue pour les promoteurs immobiliers
Le ciel peine à s’éclaircir sur le marché du logement neuf. Jeudi 14 novembre, la Fédération des promoteurs immobiliers a fait état d’un assèchement plus que préoccupant de l’offre dû à la baisse des autorisations et au nombre galopant de retraits d’opérations.
Lors du traditionnel point presse de la Fédération des promoteurs immobiliers, qui présente les évolutions de la conjoncture du logement neuf chaque trimestre, Pascal Boulanger n’a pas fait durer le suspense : les chiffres, sans surprise, sont mauvais. Selon le président de la FPI, le niveau s’avère moitié moindre tant sur les autorisations que sur les réservations, par rapport à une année dite "normale" (2022, 2021 ou pré-Covid).
Ainsi, les autorisations de logements collectifs baissent de 6,7% entre les troisièmes trimestres 2024 et 2023. Parallèlement, les mises en chantier de logements collectifs se réduisent encore (-4,4%), avec un volume extrêmement bas (25.900 au troisième trimestre 2024, contre 41.300 au deuxième trimestre 2018). La moyenne des autorisations mensuelles de logements collectifs (16.677) depuis les dernières élections municipales baisse constamment par rapport à celle observée durant la précédente mandature (19.335).
Un programme neuf sur trois retiré du marché
"Le manque d’autorisations de logements collectifs (et donc de permis) entretient une crise durable du logement", a analysé Didier Bellier-Ganière, délégué général de la FPI. En cause : "la frilosité des maires et un certain rejet de l’acte de construire de la part de la population". Par ailleurs, les promoteurs seraient moins enclins à déposer des permis de construire, conscients que la vente des programmes sera sans doute ardue. Nombre d’entre eux remettent en question leurs projets. Et finissent par fuir.
"Depuis le dernier trimestre 2022, on assiste à une hausse quasi continue du nombre de retraits d’opérations immobilières. Au troisième trimestre 2024, 32% des logements commercialisés ont été retirés par les promoteurs !", s’est alarmé Pascal Boulanger. Soit un programme sur trois.
La crise alimente la crise
Conséquence : un assèchement de l’offre de logements neufs qui préoccupe les acteurs. Seuls 8.700 biens ont été commercialisés ces trois derniers mois, soit une baisse de 41% par rapport à la même période l’an passé. "On prépare la pénurie de logements de demain !", a prévenu Didier Bellier-Ganière. Pascal Boulanger admet quant à lui qu’il ne s’attendait pas à des chiffres aussi bas. "Je ne sais plus vraiment quoi dire", a-t-il soufflé. L’inquiétude des promoteurs porte notamment sur leur capacité à répondre au retour potentiel de la demande : sera-t-elle seulement satisfaite ? ou la disparition de l’offre viendra-t-elle la tuer dans l'œuf ?
À l’issue de la présentation, Jacques Ehrmann, vice-président de la FPI et directeur du groupe Altarea, a estimé que le secteur a "besoin d'une grande loi Logement l'année prochaine", en vue de redonner à l'investisseur privé "un vrai statut lié à son utilité sociale". Pascal Boulanger a en outre indiqué travailler avec le gouvernement sur "de la médecine d'urgence" pour "sauver le patient logement", sans trop s’épancher. S’agissant du budget de l’État pour 2025, il a néanmoins confié : "J’ai l'intime conviction qu'on n’arrivera pas à l’adopter sans recourir au 49.3."