Sport à l'école : Emmanuel Macron en meneur de jeu
Comme il en a pris l'habitude, Emmanuel Macron est monté au créneau sur l'éducation, et plus particulièrement le sport à l'école, pour lequel il a apporté des précisions sur l'évolution à venir d'un dispositif récent : Deux heures de sport au collège.
La volonté exprimée par le président de la République dès le début de son premier quinquennat, en 2017, de faire de la France une "nation sportive" tourne à la course de fond. Ce mardi 5 septembre, Emmanuel Macron était dans le Béarn pour évoquer le sport en milieu scolaire et la façon de déployer plus largement cette matière parfois délaissée, après une séquence centrée sur la rénovation des établissements scolaires (voir notre article de ce jour).
Au collège Daniel-Argote à Orthez, le président de la République a redit sa volonté d'étendre cette année le dispositif Deux heures de sport au collège (2HSC) à 700 établissements, contre 170 l'an passé, et de le généraliser en 2026.
Ces 2HSC, à l'instar du dispositif 30 minutes d'activité physique quotidiennes (30'APQ) déployé dès la rentrée 2021 dans les écoles élémentaires, relèvent du temps périscolaire sur la base du volontariat des élèves et s'ajoutent à l'enseignement obligatoire d'éducation physique et sportive (EPS).
Selon une lettre de service du 26 août 2022, il était initialement prévu que les personnels de direction se rapprochent des collectivités territoriales et des clubs locaux pour organiser ces nouvelles activités. "Cela va permettre d'orienter les enseignements et c'est deux heures de plus qu'on fait au collège, avec les fédérations, les clubs, les collectivités locales", s'est d'ailleurs réjoui Emmanuel Macron. Il semble toutefois que cette piste ne soit désormais plus la seule. Ainsi, au collège Daniel-Argote, ce sont les enseignants d'EPS qui ont mis en place le dispositif avec l'ambition de cibler les élèves les plus éloignés de la pratique sportive (Ulis, Segpa, "dys"… ).
Le Pacte mobilisé
Se pose alors la question du financement. Là encore, les données initiales ont changé. Le ministère des Sports, copilote du dispositif, devait contribuer à identifier des ressources financières pour faciliter son déploiement en lien avec les collectivités territoriales.
On sait désormais que dans le cas où l'équipe pédagogique se mobilise pour animer les 2HSC, le Pacte – le nouveau dispositif indemnitaire correspondant à l’exercice de missions complémentaires par les enseignants – sera mobilisé. L'Élysée a reconnu que si les 2HSC relèvent bien du périscolaire, "l'ambition est de faire une passerelle avec la rémunération prévue par le Pacte […] lorsqu'[les enseignants] s'engagent dans ce type de dispositif".
Les enseignants disent non…
Mais cet élan des enseignants du collège Daniel-Argote est loin de faire l'unanimité. Avant l'été, le Snep-FSU, syndicat très largement majoritaire dans la profession, avait émis des réserves par la voix de sa cosecrétaire générale Coralie Benech : "On voit la mise en place dans les écoles primaires des 30'APQ qui ne correspondent à rien du tout [sic] alors que les trois heures effectives d'EPS qui doivent être réalisées ne le sont pas, d'autre part, le dispositif tant vanté des 2HSC n'amène pas grand-chose et se fait au détriment, souvent, de l'EPS".
Le Snep-FSU demande le respect des horaires obligatoires d'EPS sur le temps scolaire, à savoir quatre heures en sixième et trois heures dans les autres niveaux, et rappelle l'existence des associations sportives scolaires au sein de chaque établissement, sous l'égide de l'UNSS (Union nationale du sport scolaire), qui proposent jusqu'à trois heures de sport hebdomadaires, souvent le mercredi après-midi. Surtout, le Snep-FSU a lancé dès juin une campagne pour exprimer son "rejet massif" du Pacte.
… les élus locaux s'interrogent
Les initiatives gouvernementales sur le sport à l'école offrent également à l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) l'occasion de s'interroger sur le rôle que les collectivités peuvent y tenir. Alors que le chef de l'État a déclaré vouloir, à terme, transformer les 30'APQ en primaire en une heure d'activité physique, l'association lance un questionnaire en ligne sur le sujet. Constatant que "les dispositifs nationaux foisonnent ces dernières années pour redonner le goût de la pratique sportive dès le plus jeune âge", l'Andes se demande ce qu'il en est "de leur déploiement au niveau local au sein des écoles élémentaires".
Son questionnaire vise à évaluer la lisibilité de ces dispositifs, leur mise en œuvre ainsi que les difficultés que rencontrent les collectivités pour répondre au besoin de développer la pratique d’activités physiques et sportives en milieu scolaire. Les réponses pourront par ailleurs servir à évaluer le nombre de collectivités où sont réellement mises en œuvre les 30'APQ alors que l'Élysée estime, sur la base d'une récente enquête du ministère de l’Éducation nationale, que près de 70% des écoles du premier degré ont déployé ce dispositif, quand la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, évoque 85 à 90%.
En attendant, pour permettre aux activités sportives de se déployer, Emmanuel Macron a annoncé à Orthez que le plan 5.000 terrains de sport lancé en 2021 pour financer des équipements de proximité serait prolongé jusqu'en 2026 et devrait concerner 5.000 nouvelles installations dans ou à proximité des établissements scolaires. Dans le détail, il devrait s'agir de 1.500 projets dans les cours de récréation, 3.000 équipements sportifs légers et 500 équipements structurants tels gymnases ou piscines. Un tiers de ces équipements seront construits dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). ""Cela fera 10.000 fin 2026, c'est l'héritage des Jeux Olympiques", a-t-il insisté.