Deux heures de sport au collège : l'expérimentation élargie à tous les départements

Alors que les premiers retours font état de la "pertinence" du dispositif, l'expérimentation de deux heures hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive au collège va être élargie à tous les départements à la rentrée 2023.

Une instruction de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, et du ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, adressée aux recteurs et aux directeurs académiques, et publiée au Bulletin officiel du 27 avril 2023, annonce que l'expérimentation "deux heures hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive pour les collégiens" sera étendue à tous les départements à la rentrée scolaire 2023.

Lancé en septembre dernier, ce dispositif visant à soutenir la pratique sportive des collégiens qui connaissent, entre 11 ans et 14 ans, un décrochage significatif de la pratique sportive, a d'abord concerné 169 établissements dans 46 départements. "Après une première année expérimentale, les premiers retours d’expérience, notamment des chefs d’établissement, mettent en avant la pertinence de la mesure pour les collégiens éloignés d’une pratique régulière d’activité physique et sportive, et sa complémentarité avec l’éducation physique et sportive (EPS) ainsi qu’avec l’offre des associations sportives scolaires", se félicitent les ministres.

"Temps périscolaire favorable"

À la rentrée 2023, ce sont donc 700 collèges volontaires qui devront déployer à leur tour ces deux heures de sport. L'objectif est même plus précis : 700 collèges publics et privés sous contrat, avec 10% des collèges par département et au moins un établissement par département. L'instruction invite les collèges à permettre en priorité l’accès des élèves éloignés d’une pratique physique et sportive, en particulier les filles et les élèves en situation de handicap, à l’offre proposée par les structures sportives partenaires sur les créneaux identifiés.

Car c'est l'originalité du dispositif : ces deux heures doivent être complémentaires de l’offre sportive scolaire et extrascolaire, autrement dit, elles doivent s'organiser sur "un temps périscolaire favorable" sans empiéter sur les cours d'EPS, sur le temps de l'association sportive scolaire ou sur les activités sportives en club.

Pour cela, il est demandé aux chefs d’établissement volontaires d'identifier les créneaux de deux heures disponibles dans l’emploi du temps des élèves, en tenant compte le cas échéant du temps de trajet, mais aussi de la disponibilité des installations sportives de l’établissement, compte tenu du fait que les pratiques de l’EPS et de l’association sportive scolaire y restent prioritaires. Le cas échéant, les activités se dérouleront à proximité de l’établissement, en extérieur ou au sein des installations des collectivités territoriales ou des associations sportives, pour limiter les déplacements. À ce titre, les recteurs de région académique organisent la mobilisation des collectivités, notamment pour l’accès aux équipements.

Appel aux clubs, aux profs d'EPS… et aux structures commerciales

Une fois réglée la question des horaires et des installations, il restera à s'attaquer au cœur du dispositif : établir une offre d'activités gratuite et complémentaire de l’offre sportive scolaire et extrascolaire. Cette fois, ce sont les recteurs de région académique qui seront chargés de mobiliser les acteurs sportifs locaux. En l'occurrence, il s'agit des associations sportives affiliées aux fédérations sportives agréées, des associations sportives agréées "sport" ou "jeunesse et éducation populaire" et des associations affiliées à une fédération nationale agréée "jeunesse et éducation populaire". Les structures de loisirs sportifs commerciales sont également éligibles afin d’assurer "une diversité de l’offre et une couverture territoriale des besoins". Un professeur d’EPS peut aussi, dans le cadre d'un cumul d’activités, intervenir dans les activités proposées par les associations s'il est détenteur de la carte professionnelle d’éducateur sportif. Soulignons à ce propos que le Snep-FSU (Syndicat national de l'éducation physique), principal syndicat d'enseignants en éducation physique, a affiché son opposition à une généralisation du dispositif et demandé une augmentation du nombre d'heures d'EPS (lire notre article du 11 janvier).

Toujours en termes d'offre, l'instruction précise que celle-ci devra être "adaptée" aux zones de revitalisation rurale (ZRR) et aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). À cet effet, la mobilisation des collectivités locales sera recherchée pour soutenir l’offre dans ces territoires.

Il est enfin à noter que les activités seront organisées sous la responsabilité des partenaires sportifs, lesquels bénéficieront pour leur prestation d'un financement du ministère des Sports dont les montants ne sont pas précisés, et que des comités de pilotages territoriaux, comprenant notamment les conseils départementaux, seront réunis sous la présidence du recteur.

Les collèges volontaires devront être identifiés d'ici à la mi-mai 2023, tandis que l'identification de l’offre sportive, la conclusion des conventions entre les acteurs et la mobilisation des collectivités, pour les infrastructures et les transports, devront intervenir pour la mi-août. Une évaluation "quantitative et qualitative" de la mesure sera réalisée à l'été 2024.