Service national : Emmanuel Macron souhaite une "partie obligatoire" de trois à six mois
Le service national universel sera bien "obligatoire", a déclaré le chef de l'Etat le 13 février. Le dispositif comporterait une "ouverture" à la "chose militaire" mais sa "forme" serait "civique". Si les modalités restent encore floues, certaines orientations semblent se dessiner. Dans un rapport présenté ce jour à la commission de la défense de l'Assemblée nationale, deux députées proposent un "parcours de citoyenneté" en trois étapes vécues entre 11 et 25 ans. Le volet dédié aux 16-25 ans, correspondant au service civique ou à d'autres dispositifs existants, serait facultatif. Le gouvernement devrait préciser ses intentions en mai prochain.
Le président de la République a réaffirmé le 13 février le caractère "obligatoire" du futur service national, alors que plusieurs ministres avaient fourni les jours précédents des indications contradictoires. Admettant devant la presse que la position du gouvernement n’était "pas très claire", Emmanuel Macron a dit souhaiter un "service obligatoire, ouvert aux femmes et aux hommes", pouvant avoir "une ouverture sur la chose militaire" mais "dont la forme pourra être civique". Ce service durerait un trimestre ou plus longtemps "si l'on intègre un service civique", a ensuite évoqué le chef de l’Etat. Il comporterait "une partie obligatoire, entre trois et six mois, ce n'est pas encore établi".
"Un coût", mais pas "prohibitif" puisque "il ne s'agit pas de recréer des casernements massifs"
Le service national universel "sera universel, il concernera toute la classe d'âge et il sera obligatoire", avait déclaré le matin même Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, sur Radio classique et Paris première. Ce sera "un moment de rencontre entre la jeunesse de notre pays et la nation, et en partie son armée, mais ça peut être aussi un engagement civique, comment est-ce qu'on donne de son temps utilement à la nation", avait-il indiqué. "On est en train de regarder les modalités techniques, il y a un rapport qui sera remis fin avril", avait-il conclu. Une phase d'expérimentation en 2019 avait également été évoquée, notamment par le Premier ministre.
Le dispositif "aura un coût", qui n’apparaît pas "prohibitif", puisque "il ne s'agit pas de recréer des casernements massifs", a quant à lui considéré Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat répondait ainsi à la principale critique formulée, ces derniers mois, sur le "service national obligatoire et universel" tel qu’il avait été initialement présenté en mars 2017, pendant la campagne électorale. Le candidat parlait d'un service d'un mois, réalisé par l'ensemble d'une classe d'âge, soit entre 600.000 et 800.000 jeunes par an.
Un "parcours de citoyenneté" en trois étapes, pour les jeunes de 11 à 25 ans
Vice-présidente de l'Assemblée nationale et secrétaire générale des Républicains, Annie Genevard a appelé le 14 février sur les ondes de Sud Radio à un chiffrage "sérieux", évoquant un coût du projet qui pouvait atteindre 15 milliards d’euros sur un quinquennat. La députée du Doubs a en outre pointé "un grand cafouillage" autour du rapport de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, dont la date de publication a été plusieurs fois changée.
Le rapport en question a été finalement présenté ce 14 février en commission. Approuvée à l'unanimité, sa publication ne devrait pas tarder. "Avec ce rapport, les députés prônent le retour à la raison", avait la veille communiqué Marianne Dubois, députée LR du Loiret et co-rapporteur. Les députés préconisent en particulier la mise en œuvre d’un "parcours de citoyenneté" en trois étapes, étalé de 11 à 25 ans, pour renforcer la cohésion nationale. Dans un communiqué diffusé ce 14 février, Marianne Dubois insiste sur trois conditions jugées "indispensables" à la réussite du dispositif : "sa progressivité, sa durée pluriannuelle et sa pluridisciplinarité".
Une montée en puissance des dispositifs volontaires type service civique
La première étape consisterait à "faire de l’enseignement moral, civique et militaire une matière à part enseignée au collège, dès l'âge de 11 ans". "Une semaine annuelle de la défense et de la citoyenneté (obligatoire)", entre 11 et 16 ans, permettrait d'aborder le devoir de mémoire ou encore les valeurs républicaines. Une formation aux premiers secours serait dispensée et le corps enseignant, l'armée, les pompiers ou encore des associations de mémoire seraient mobilisés.
A 16 ans, les jeunes connaîtraient leur "rite de passage" citoyen, en vivant soit une semaine en internat - "défense et sécurité, gestes qui sauvent, mémoire, sports, orientation" - pendant les vacances scolaires, soit une semaine en immersion au sein du monde associatif.
La troisième étape, entre 16 et 25 ans, serait une mission d’engagement facultative, dans le cadre d'une montée en puissance de dispositifs volontaires existants tels que le service civique ou le service militaire adapté.
Les deux rapporteurs, Marianne Dubois et Emilie Guerel (Var, LREM) insistent sur l’importance du volontariat dans la dynamique d'engagement, allant dans le sens de nombre d’associations accueillant aujourd’hui des jeunes en service civique. Les députées proposent que les volontaires bénéficient de droits en matière de formation – ce qui est, en l’occurrence, prévu par le compte d’engagement citoyen, composante du compte personnel d'activité - ou encore de transports à tarif préférentiel – ce qui est pratiqué aujourd'hui dans certains territoires, du fait d’initiatives prises par des collectivités. Ce "service national universel, adapté à notre époque", serait "susceptible d'emporter l'adhésion de la jeunesse et d'être utile à la société", pour les deux membres de la commission de la défense.