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Citoyenneté - Service civique : des jeunes au défilé du 14 juillet ?

"Je soumets une idée : le plus beau symbole est de faire défiler les jeunes du service civique qui le veulent, ornés des attributs, le 14 juillet." Auditionné ce 6 avril à l'Assemblée nationale, dans le cadre de la mission d'information sur le droit de la nationalité en France, mise en place le 12 octobre dernier par la commission des lois de l'Assemblée nationale, Martin Hirsch, directeur de l'Agence du service civique, a exprimé toute son ambition pour faire reconnaître le dispositif en tant qu'acte républicain. "Les polytechniciens défilent le 14 juillet, pourquoi pas les jeunes du service civique ?", a-t-il demandé au président de la mission, Manuel Valls. "Le gouvernement et le parlement ont inscrit le service civique dans le Code du service national", a-t-il rappelé, jugeant ainsi que le processus "qui mélange traditions républicaines avec un modernisme libertaire" prouve sa raison d'être en tant que lien entre la jeunesse et la nation.
Exit les chiffres décevants du service civil (prédécesseur du service civique), Martin Hirsch s'enorgueillit de son dispositif et de ses "43.000 volontaires un an après le lancement", en déplorant que seulement 15.000 missions seront financées cette année (lire notre article du 9 mars 2011 ci-contre). "On voit bien que spontanément les jeunes veulent s'engager, sont fiers de se rendre utiles", a-t-il insisté, rappelant la grande diversité des postulants, même si 57% sont des postulantes. Et de se réjouir d'un dispositif qui remplit ses missions prioritaires : assurer la mixité sociale et une cohésion nationale, avec un taux d'abandon de mission "extrêmement bas". "A l'horizon 2014, c'est une cible de 10% d'une classe d'âge qui est ambitionnée. Un investissement de 528 millions d'euros par an pour l'Etat", a-t-il rappelé.

"Un droit et un devoir au même titre que voter et payer ses impôts"

Si Martin Hirsch a reconnu son erreur d'avoir initialement tenté de faire de ce service un acte obligatoire, basé in fine sur le volontariat, il reconnaît souhaiter qu'à long terme, celui-ci devienne pour chacun un acte civique à accomplir. "Donner un an de sa vie pour la collectivité, c'est un projet qui a du sens […], qui donne la possibilité de servir les valeurs de la République", affirme-t-il. Quitte à le rendre un jour obligatoire, "quand il n'y aura plus de chômage chez les jeunes", comme il l'avait déjà  laissé entendre lors d'une conférence donnée à Paris le 29 mai dernier, dans le cadre des conférences Les Ernest. Mais d'ici là…
La mission, qui a amené Manuel Valls à auditionner "plusieurs intellectuels" (historiens, démographes, maires,…), comme il l'a précisé, s'interroge sur la construction de l'identité nationale, la notion de citoyenneté, et, dans ce vaste cadre, la procédure de naturalisation, la question de la double nationalité… Si le service civique s'adresse à chaque jeune vivant régulièrement en France, quelle que soit sa nationalité, à la question de savoir s'il serait favorable au fait que des demandeurs d'asile (qui n'ont pas le droit de travailler) puissent accéder au service civique, Martin Hirsch a répondu de façon positive. S'il a précisé que c'était "une bonne manière de s'intégrer", il a néanmoins relevé sans s'étendre "qu'il serait ensuite difficile de refuser à ces jeunes qui auront donné un an de leur vie à la collectivité la nationalité française", ce qui "oblige le gouvernement à réfléchir à la fin de leur engagement bien entendu". Et de conclure : "Le service civique est un moment propice pour faire passer des messages, les jeunes sont très réceptifs, on assiste à une demande de reconnaissance et il y a une fierté quand le lien à la République se fait [...]. Notre carte est bleu, blanc, rouge. L'engagement au sein de la collectivité peut créer ce lien d'appartenance à la nation."
Martin Hirsch était le dernier auditionné dans le cadre de cette mission d'information sur le droit de la nationalité en France, dont le rapporteur est Claude Goasguen, député UMP et maire du XVIe arrondissement de Paris. Les différentes auditions sont consultables sur le site de l'Assemblée nationale.