Numérique - Séminaire gouvernemental sur le numérique : un décollage plutôt timide ?
"L'infrastructure ne suffit pas", avait affirmé le Président de la République en présentant la feuille de route sur le très haut débit lors de son déplacement en Auvergne le 20 février dernier. Le séminaire gouvernemental organisé ce jeudi 28 février à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et consacré au numérique apporte une première série de réponses avec l'annonce de plusieurs mesures de modernisation. Tous les ministères avaient été invités il y a quelques mois à préparer une feuille de route en prévision de cette rencontre. On pouvait dès lors s'attendre à un ensemble structuré, couvrant les principaux domaines de compétences de l'Etat. Mais si la méthode est originale et prometteuse, l'exercice a été visiblement plus difficile à réaliser puisqu'au final, les propositions se concentrent sur trois grands domaines : la jeunesse - principalement en matière d'éducation et de formatio n-, les entreprises avec le lancement du très haut débit et de nouvelles dispositions de renforcement de la filière et des usages du numérique, et les "valeurs" sur internet autrement dit des mesures concernant aussi bien la fiscalité que la protection des données personnelles.
Projet de loi sur la protection des données personnelles
Quartiers et campus numériques, numérisation du patrimoine culturel, ouverture des données publiques… Le champ couvert par les projets annoncés est certes assez étendu mais pas tout à fait nouveau. L'éducation avait déjà fait l'objet d'une communication en fin d'année dans le cadre du projet de refondation de l'école et le séminaire vient bien confirmer l'entrée du numérique dans les enseignements, tout comme la formation de 150.000 enseignants en deux ans aux nouveaux usages. Dans l'enseignement supérieur, l'initiative "France Universités Numériques", destinée à augmenter l'offre de formation disponible en numérique sera lancée avant l'été sur quatre ou cinq sites territoriaux pilotes.
Les entreprises vont aussi bénéficier de quelques dispositions complémentaires. A côté du Plan très haut débit déjà annoncé la semaine dernière, le gouvernement prévoit le financement de projets portant sur des technologies numériques clés telles que les objets connectés et intelligents, les logiciels embarqués ou l'informatique en nuage, à hauteur de 150 millions d'euros. Il va également proposer des prêts bonifiés destinés à la numérisation des PME pour un montant de 300 millions d'euros gérés par la Banque publique d'investissement.
La troisième partie, consacrée aux "valeurs", est finalement la plus riche en propositions. Sur le plan législatif, Jean-Marc Ayrault a notamment annoncé la préparation d'une loi sur la protection des droits et des libertés dans le monde numérique qui devrait être soumise au Parlement l'année prochaine, et la poursuite du chantier "destiné à rétablir notre souveraineté fiscale".
Les territoires ne sont pas oubliés
Quelques dispositions concernent plus directement les collectivités locales, comme la relance du développement des espaces publics numériques ou la révision de la stratégie de l'Etat en matière d'identité numérique (à ce sujet, voir nos articles du 19/02/2013 et du 26/02/2013). Soutien aux initiatives territoriales innovantes dans le domaine économique, création de quartiers numériques dans les territoires (une quinzaine seraient envisagés), lancement d'un appel à projets "territoire de soins numérique" (80 millions d'euros), volonté du gouvernement de faire de l'ouverture des données un levier de modernisation de l'action publique à travers de nouvelles mise en lignes de données stratégiques... Autant d'éléments qui devraient également être perçus favorablement au niveau local.
Entre les nouveautés relativement limitées - à l'exception du très haut débit, sur lequel nous reviendrons dans une prochaine édition -, les annonces de chantiers déjà lancés par ailleurs et les moyens financiers parfois un peu "justes" pour mener les missions, le résultat n'est peut-être pas tout à fait à la hauteur des attentes de ce premier rendez-vous. Espoir tout de même, car ce premier exercice en appellera d'autres sans doute plus mobilisateurs avec la montée en puissance des usages et des débits.