Selon 75% des élus locaux, les tiers-lieux luttent contre l'isolement et renforcent le lien social

La raison principale pour laquelle les élus locaux s'intéressent aux tiers-lieux réside dans leur capacité à répondre aux besoins du territoire et des habitants. 75% des élus estiment que les tiers-lieux permettent de lutter contre l'isolement et de renforcer le lien social, selon la première édition du baromètre "Élus locaux et tiers-lieux" qui recueille l'avis de plus de 200 élus locaux.

Mieux comprendre les rapports qu'entretiennent les élus avec les projets de tiers-lieux, recueillir des retours d'expériences… la première édition du baromètre Élus locaux et tiers-lieux, publié mardi 28 mai 2024 et qui a collecté l'avis de plus de 200 élus locaux, a permis de mettre certaines tendances en lumière. Et notamment celle-ci : "la raison principale pour laquelle les élus locaux s'intéressent aux tiers-lieux réside dans leur capacité à répondre aux besoins des territoires et de leurs habitants". 
Les trois autres fonctions les plus identifiées par les répondants sont : 
- la réduction de la fracture numérique (59%) ; 
- le développement d'offres culturelles et le soutien aux compagnies locales (58%) ;  
- la valorisation des savoir-faire territoriaux (52%).
Le concept de tiers-lieu pensé par le sociologue américain Ray Oldenburg dans son ouvrage "The Great Good Place" (1989) présentant cafés, bistrots, pubs comme l'idéal type des tiers-lieux a donc bien évolué mais n'a pas perdu la notion centrale de sociabilité.  

"Les collectivités territoriales, premiers partenaires des tiers-lieux, ont un rôle essentiel à jouer pour accompagner ce mouvement et repenser, plus fondamentalement, la relation entre les administrations et la société civile", estiment dans l'édito du baromètre Patrick Levy-Waitz et Yolaine Proult, respectivement président et directrice générale de France Tiers-Lieux. C'est pour ces raisons que le GIP France Tiers-Lieux, l'Association des maires ruraux de France (AMRF), l'Association des petites villes de France (APVF), Intercommunalités de France, France urbaine, le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) et l'Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) se sont associés pour lancer ce baromètre. À ce jour, on recense près de 3.500 tiers-lieux en France : 60% en dehors des métropoles et un tiers en milieu rural.

Activités associées par les élus aux tiers-lieux 

Autre enseignement du baromètre, derrière le terme "tiers-lieux", les élus associent en particulier les activités suivantes : 
- espaces de travail partagés (91,2% des élus) ;
- espaces de vie sociale (84,8%) ;
- activités culturelles (79,8%) ;
- ateliers de fabrication numérique (76,5%) ;
- cafés réparation d'objets (70%). 
À noter que pour 32% des élus locaux, les tiers-lieux peuvent également accueillir des espaces France Services et ainsi avoir des fonctions de services publics.

Une implication variable en fonction du nombre de tiers-lieux sur le territoire

Les rapports entre collectivités territoriales et tiers-lieux varient en fonction du nombre de tiers-lieux sur le territoire. 
Ainsi, lorsqu'il y a un seul tiers-lieu sur le territoire : 
- 31% des élus coopèrent régulièrement avec le tiers-lieu autour d'actions spécifiques ; 
- 27% des élus déclarent que leur collectivité porte et participe à la gestion du tiers-lieu ; 
- 15% s'impliquent dans la gouvernance de tiers-lieux associatifs ; 
Seuls 6% n'ont pas de rapport avec le tiers-lieu et moins de 3% ont des rapports difficiles.

Lorsqu'un seul projet de tiers-lieu est en cours sur le territoire, 83% des élus déclarent que leur collectivité participe directement à la conception du projet, que ce soit en portant le projet (53%), en participant à sa construction (49%), en facilitant les mises en lien entre acteurs territoriaux (42%), en mettant à disposition du foncier (42%) ou en le subventionnant (40%).

Lorsqu'il y a plusieurs tiers-lieux sur le territoire, trois modes d'actions prédominent : 
- le financement en fonctionnement (61% des collectivités) ;
- le financement en investissement (57%) ;
- la mise à disposition de foncier ou d'immobilier (52%).

Difficulté à trouver des cofinancements publics, principale limite

Les élus répondants expriment également des besoins "pour poursuivre ou approfondir leur soutien" aux tiers-lieux. Pour progresser et améliorer leurs modes d'actions, les élus valorisent les échanges entre pairs. 76,5% des élus répondants sont intéressés pour rejoindre une communauté afin d'échanger sur les tiers-lieux. Pour plus de 70% des élus locaux, le développement de cofinancements pour le fonctionnement des tiers-lieux apparaît comme un enjeu central pour leur développement ou leur pérennisation. Cette difficulté à trouver des cofinancements publics pour soutenir le fonctionnement des tiers-lieux est la principale limite identifiée dans les réponses ouvertes des élus (présente dans 50% des réponses), avec la difficulté des tiers-lieux à établir un modèle économique pérenne (13%).