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Sécurité, relations des préfets avec les maires... Christophe Castaner dresse un bilan de la crise

Sécurité, distribution de masques, place du préfet dans l'organisation déconcentrée de l'État… auditionné ce jeudi 4 juin par la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales, le ministre de l'Intérieur a dressé un bilan de la gestion de la crise dans divers domaines intéressant son ministère. Il a également précisé certaines des mesures qu'il compte prendre pour réduire le risque sanitaire dans le cadre du deuxième tour des municipales.

• Masques
Si les collectivités territoriales ont su s'emparer du sujet, parfois très tôt, l'État n'a pas été en reste, a tenu à souligner le ministre. Il a assuré – sans que cela soit médiatisé – la distribution de "plus de 700.000 masques aux plus petites communes qui étaient dans l'incapacité de s'en procurer", a-t-il assuré. En outre, "en collaboration avec les collectivités selon leurs compétences", l'État "a pris en charge et organisé pour les collectivités la mise à disposition de 5,3 millions de masques pour les publics dits vulnérables". Par ailleurs, "en lien avec les élus locaux", les préfets ont mis 1,2 million de masques à la disposition des "personnels de la petite enfance et des associations".

• Police municipale
Le ministre a salué le travail de coopération qu'ont mené les polices municipale et nationale pour faire respecter le confinement. Les policiers municipaux ont dressé 152.949 contraventions pour faire respecter l'état d'urgence sanitaire, a-t-il précisé. Depuis le début de la crise, l'intervention de la police municipale aux côtés des forces de l'ordre a été "une avancée importante". En outre, depuis le début du déconfinement, le 11 mai, les policiers municipaux – de même que les agents de sécurité des autorités organisatrices de transport – peuvent verbaliser le non-port du masque dans les transports en commun, a-t-il rappelé. Pour l'avenir, Christophe Castaner a souhaité que cette "exigence de coopération" connaisse "une montée en puissance".

• Organisation territoriale de l'État
Dans l'organisation territoriale de l'État, l'échelon départemental, que "beaucoup pensaient ringard" il y a quelques années, a fait la preuve de sa pertinence pendant la crise, a déclaré le ministre. En se réjouissant que le gouvernement actuel ait décidé de le renforcer. "On a besoin de préfets puissants" et ayant une fonction forte d'"interministérialité", a dit Christophe Castaner. Autrement dit, le préfet doit être le véritable patron des services de l'État dans les territoires, selon l'ancien maire de Forcalquier. Qui plaidera pour que "la baisse significative des effectifs des préfectures de département en particulier", qui avaient prévalu pendant plusieurs années, soit "revue". Il faudra notamment se pencher sur le cas des départements où une part croissante des effectifs a été affectée aux démarches destinées aux étrangers, a-t-il estimé.  Si le ministre a reconnu que la distance géographique entre les préfets de département et les directeurs des agences régionales de santé (ARS) a pu nuire à la gestion de la crise, il a défendu le travail de ces derniers. "Entre les préfets et les ARS, je n'ai pas le sentiment que ça a cafouillé beaucoup", a-t-il dit. "Globalement, je trouve que tous ces acteurs-là ont été à la hauteur." Depuis le début de la crise, de nombreux élus locaux et parlementaires critiquent au contraire l'organisation des ARS, celle-ci étant selon eux trop centralisée, éloignée du terrain et tournée vers la recherche d'économies.

• Élections municipales
Christophe Castaner a répété que le gouvernement entend - lors de la campagne du second tour des municipales et lors du scrutin, le 28 juin - faire appliquer l'ensemble des préconisations sanitaires énoncées le 18 mai par le conseil scientifique. Le port du masque sera obligatoire dans les bureaux de vote, a-t-il notamment souligné. Les électeurs devront porter un masque grand public pour s'approcher de l'urne, tandis que les personnes qui tiendront le bureau de vote (ainsi que les scrutateurs) auront obligatoirement un masque chirurgical sur le visage. Afin de pourvoir en masques "ceux qui n'en auraient pas pour venir voter", les préfets effectueront des distributions, en lien avec les maires. Le ministre a aussi répété que les opérations de vote "seront simplifiées au maximum" pour garantir la sécurité sanitaire. L'État prendra un décret pour que, par exemple, la présentation de la carte électorale ne soit "pas du tout obligatoire". Par circulaire, les maires et les présidents des bureaux de vote seront d'ailleurs encouragés à ne pas solliciter cette carte électorale auprès des votants. Christophe Castaner s'est en revanche une nouvelle fois opposé à l'usage du vote par correspondance lors du prochain scrutin. Il a mis notamment en avant le fait que, de toute façon, cette modalité de vote exige que l'électeur se déplace au bureau de vote et, donc, qu'elle ne réduit pas à zéro le risque sanitaire.