Sécurité : les régions Hauts-de-France et Île-de-France persistent et signent

Malgré le rappel à l'ordre de l'État, les régions qui ont fait de la sécurité une priorité - bien qu'elle ne fasse pas officiellement partie de leurs compétences - renouvellent leurs engagements en ce début d'année.

Les régions qui ont investi le champ de la sécurité n’entendent pas lever le pied. Malgré le rappel à l’ordre de l’État. La région des Hauts-de-France a ainsi décidé, lors de sa commission permanente du 31 janvier, de reconduire son soutien aux communes de moins de 20.000 habitants pour les équipements numériques de vidéo-protection, expérimenté en 2022. Une enveloppe de 2 millions d’euros a été débloquée à cet effet. "Face à une délinquance qui se déplace dans les zones péri-urbaines ou rurales, nous nous devons d’être aux côtés des maires", a déclaré à cette occasion Christophe Coulon, vice-président de la région Hauts-de-France en charge de la ruralité et de la sécurité. Une plateforme de demande d’aide sera ouverte du 13 mars 2023 au 16 juin 2023. La région de Xavier Bertrand indique qu’elle a déjà aidé 258 communes à s’équiper. Et elle va jusqu’à revendiquer une "compétence en matière de sécurité et de tranquillité publique".

L’Île-de-France n’est pas en reste dans sa volonté d’occuper le terrain. Sa présidente, Valérie Pécresse, a profité de ses vœux aux forces de sécurité, le 26 janvier, pour renouveler son "soutien inconditionnel" devant des représentants de la police, de la gendarmerie, des pompiers et des polices municipales. "Quand l’État n’a pas les moyens, je considère que c’est le devoir de la région de venir en soutien", a-t-elle déclaré, selon les propos rapportés par l’agence spécialisée AEF. "La région n’a pas de compétence en matière de sécurité mais quand il y a un besoin, une attente des Franciliens, on ne peut que répondre présent", a-t-elle justifié. La région intervient tous azimuts dans le cadre de ce qu’elle appelle un "bouclier sécuritaire" déployé depuis 2016 : rénovation des commissariats, des casernes et des brigades régionales de sécurité dans les lycées, achats de drones pour les polices municipales, armement des polices municipales et bien sûr vidéoprotection. Fin décembre, elle a voté un budget de près de 37 millions d’euros pour la sécurité.

Un sujet de crispation avec le préfet de région, Marc Guillaume, qui lui a récemment demandé des explications sous peine de saisir la justice. Dans une réponse au sénateur Jean-Louis Masson, le ministère chargé des collectivités territoriales et de la ruralité est venu rappeler que "le président du conseil régional ne dispose d'aucune compétence qui justifierait l'octroi de subventions aux communes dans le but de financer le recrutement d'agents de police municipale ou le matériel communal de vidéoprotection sur la voie publique" (voir notre article du 23 janvier 2023). Interrogé par Localtis, Frédéric Péchenard, dixième vice-président de la région Île-de-France, arguait que la région était "tout à fait légitime" à apporter un soutien aux acteurs de la sécurité au titre de la politique de la ville, compétence partagée, elle, entre l’État et les collectivités. De fait, Valérie Pécresse ne semble pas s’inquiéter outre mesure, reconnaissant, toujours selon AEF, se heurter à "un principe de légalité". Elle espère s’entretenir avec le Conseil constitutionnel de plusieurs sujets, dont l’usage des drones par les polices municipales. Mesure retoquée l’an dernier par les Sages (voir notre article du 21 janvier 2022).

 

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