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Sécheresse : 11 départements au moins devraient bénéficier du régime des calamités agricoles

Alors que la sécheresse persiste sur une large partie du territoire, le ministère de l'Agriculture a annoncé ce 18 octobre que les exploitants de 11 départements vont bénéficier d'une indemnisation rapide au titre des calamités agricoles pour les dégâts subis cet été. Dans son dernier bulletin de situation hydrogéologique arrêté au 1er octobre, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) constate que la majorité des nappes phréatiques en France ont continué de se vider en septembre et juge nécessaire de maintenir la limitation de la consommation d'eau pour préparer 2023.

Les agriculteurs de 11 départements vont bénéficier d'une indemnisation rapide au titre des calamités agricoles pour les dégâts causés par la sécheresse estivale, en particulier dans l'élevage, a annoncé ce 18 octobre le Comité national de la gestion des risques en agriculture (CNGRA). Même si la campagne de reconnaissance ne s'achève qu'à la fin du mois, le Comité a identifié des zones pour lesquelles les pertes constatées les rendent d'ores et déjà éligibles aux calamités agricoles, a indiqué le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.

Ces zones identifiées dans et autour du Massif central, recouvrent les départements de l'Ardèche, de l'Aveyron, du Cantal, de la Drôme, de la Loire, de la Haute-Loire, du Lot, de la Lozère, du Puy-de-Dôme, du Rhône et du Tarn - et pourront "faire l'objet d'une reconnaissance initiale sur la base d'un taux de perte provisoire".

Soutien aux éleveurs

Des versements d'acompte seront "initiés début novembre pour ces zones priorisées, au fur et à mesure de l'instruction des dossiers", a indiqué le ministère. "Cette accélération importante du calendrier pour les zones fourragères les plus touchées par la sécheresse permettra un premier apport de trésorerie crucial au bénéfice des éleveurs les plus affectés". Le ministère espère ainsi "éviter une décapitalisation non contrôlée", c'est-à-dire éviter que des éleveurs ne vendent en masse leur cheptel qu'ils n'arrivent plus à nourrir, par manque d'herbe récoltée durant l'été ou faute de capitaux pour leur acheter de l'aliment.

"En tenant compte des premières reconnaissances effectuées le 6 juillet dernier, le CNGRA a aussi confirmé qu'il reconnaissait en calamités agricoles les dommages liés au gel d'avril 2022 sur un total de 27 départements", a indiqué le ministère. Les agriculteurs de ces départements toucheront des indemnisations prévisionnelles d'un montant total de 76,3 millions d'euros, "essentiellement en arboriculture", a précisé le ministère.

La vallée de la Garonne, la Dordogne, certaines régions de l'Est, le nord de la région Aquitaine avaient été particulièrement touchés. "Concernant les orages de grêle de mai et juin, 11 départements ont été reconnus en calamités agricoles, pour des pertes de fonds (moyens de production), pour un montant de 1,8 million d'euros d'indemnisations prévisionnelles", a ajouté le ministère.

Situation de crise persistante dans de nombreux départements

Une nouvelle réunion du CNGRA est prévue pour décembre, pour "déterminer les taux définitifs pour les départements les plus touchés" par la sécheresse. Celle-ci sévit encore sur une large partie du territoire et au 19 octobre, plus de 35 départements connaissent encore des situations de crise, selon le site Propluvia du ministère de la Transition écologique. Dans toutes ces zones, tous les prélèvements non prioritaires, y compris ceux à des fins agricoles, sont arrêtés et seuls les prélèvements permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité) sont autorisés. Des départements comme l'Ille-et-Vilaine, le Morbihan, la Vendée, le Gers, le Tarn-et-Garonne et la Lozère restent particulièrement touchés, sur toute leur superficie.

Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a aussi alerté sur le niveau des nappes phréatiques dans son dernier bulletin mensuel de situation hydrologique publié le 13 octobre. "Même si elle ralentit, la vidange se poursuit sur une grande partie du territoire, avec une majorité de nappes en baisse" au mois de septembre, affirme l'établissement public. Il constate que "de nombreuses nappes affichent toujours des niveaux peu satisfaisants, de bas à localement très bas", avec une situation "particulièrement préoccupante" en Provence. "Les niveaux sont en hausse ou stables uniquement sur les secteurs arrosés abritant des nappes réactives, notamment au sud et à l'est de la France", note encore le BRGM.

Recharge des nappes difficile

"Le début de la période de recharge semble se profiler et les tendances des nappes devraient progressivement s'inverser dans les prochaines semaines", poursuit le bulletin. Mais l'étiage 2022 - c'est-à-dire le point bas des eaux - "est particulièrement sévère sur les nappes, à l'exception du Sud-Ouest, avec des niveaux à l'entrée d'hiver nettement inférieurs à ceux de l'année dernière". Par conséquent, "l'unique solution pour préserver l'état des nappes (...) et préparer l'année 2023, est de limiter les prélèvements", souligne le BRGM.

Après un déficit record de pluies au printemps et en été, provoquant une sécheresse historique, le retour de précipitations importantes fin septembre n'a eu que peu d'impact, la part des pluies infiltrées en profondeur restant faible en raison de sols très secs et de la consommation de cette eau par la végétation, indique le BRGM. "Des pluies abondantes et longues seront nécessaires dans les prochains mois et jusqu'au printemps afin de reconstituer durablement les réserves", conclut-il.