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Nappes phréatiques : une situation "problématique" dans plusieurs régions

Alors qu'une forte vague de chaleur s'apprête à déferler sur l'Hexagone et que la sécheresse exceptionnelle des sols fait craindre pertes de récoltes et incendies, les nappes d'eau souterraine présentent une situation "problématique" dans plusieurs régions, a prévenu le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ce 14 juin. Pour lutter contre les îlots de chaleur en ville, le gouvernement a annoncé ce même jour le lancement d'un fonds de 500 millions d'euros pour financer des opérations de renaturation aux côtés des collectivités.

Alors que la France s'apprête à affronter cette semaine une nouvelle vague de chaleur particulièrement précoce, avec des températures très largement au-dessus de 30°C, et que la sécheresse exceptionnelle des sols fait craindre pertes de récoltes et incendies, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a alerté ce 14 juin dans son nouveau bulletin mensuel sur la situation "problématique" des nappes d'eau souterraine dans plusieurs régions.
Après une recharge particulièrement déficitaire, la période de vidange a débuté dès janvier-février avec deux à trois mois d’avance. En mai, la vidange s’est poursuivie et l’ensemble des nappes d’eau souterraine ont connu des niveaux en baisse. Une situation due à la fois à l’absence de précipitations notables, à l’activité de la végétation et à l’augmentation de l’évapotranspiration. "Les pluies s’infiltrant dans le sol ont donc été entièrement reprises par la végétation et ont été peu efficaces pour assurer une recharge des nappes", relève Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM. Les niveaux des nappes d’eau souterraine se situent généralement autour ou en dessous des niveaux moyens des mois de mai. Cependant, l’impact de ce déficit de recharge est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie, a relativisé la spécialiste. Les nappes inertielles (craie, formations tertiaires et formations volcaniques) ont une cyclicité pluriannuelle. Leur inertie, caractérisée par des écoulements lents, permet de conserver des niveaux peu dégradés en sortie d’hiver malgré la recharge déficitaire. Au contraire, les nappes réactives à cyclicité annuelle (alluvions, calcaires jurassiques et crétacés, grès triasiques et socle) sont très sensibles au déficit de pluie efficace. Leur situation s’est donc dégradée rapidement en fin d’hiver et durant le printemps.

Dégradation variable selon la réactivité des nappes

Les nappes inertielles du nord de la France ont vu leur situation se détériorer très lentement depuis février. En mai, la situation s'est dégradée du nord vers le sud. Ainsi, les niveaux restent autour de la moyenne au nord et au centre du Bassin parisien tandis qu'au sud et à l’est, les niveaux vont de modérément bas à bas au droit de la nappe de la craie et des tuffeaux de Touraine. Au sud-ouest, les nappes alluviales de la Garonne, de la Dordogne et de leurs principaux affluents ont profité de plusieurs épisodes de recharge en mars et avril. La situation des nappes inertielles du couloir Rhône-Saône se détériore quant à elle progressivement. "Les baisses de niveaux peuvent être accentuées par les prélèvements en eaux souterraines", relève le BRGM. Les niveaux sont peu favorables, de modérément bas sur les nappes des corridors fluvio-glaciaires du Rhône moyen et amont à bas sur les nappes des cailloutis plioquaternaires du Dijonnais à la Dombes et sur la nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné. "Les nappes réactives souffrent particulièrement de l’absence de précipitations et leur situation se dégrade rapidement. Les niveaux sont généralement sous les normales mensuelles", indique le BRGM. Des niveaux très bas sont ainsi observés sur plusieurs secteurs peu arrosés depuis plusieurs mois : Périgord, Vendée et Maine ainsi que Côte d’Azur, Provence et Bas-Dauphiné. La situation est particulièrement préoccupante sur les nappes entre Périgord, Vendée, Maine et Touraine ainsi que sur les nappes de la Côte d’Azur, de Provence et du Bas-Dauphiné. Seules les nappes du sud-est ont enregistré des hausses de niveaux. Les pluies et la fonte des neiges ont engendré de petites crues sur les nappes alluviales des Alpes et sur les nappes des calcaires karstiques. Les nappes alluviales de la moyenne et basse Durance ont été rechargées par l’infiltration de l’eau excédentaire issue de l’irrigation gravitaire.

Pas d'amélioration à attendre prochainement

La situation des nappes d'eau souterraines ne risque pas de s'améliorer de sitôt. Les prévisions saisonnières de Météo France annoncent en effet des "conditions plus sèches que la normale" sur les deux-tiers sud de la France pour le prochain trimestre. Si aucun scénario n’est privilégié sur le nord de la France, une chose est sûre : les températures devraient être plus élevées que la normale sur l’ensemble du territoire. Alors que la sécheresse des sols conduit à une augmentation des prélèvements, la vidange des nappes devrait donc théoriquement se poursuivre et les niveaux rester orientés à la baisse durant les prochaines semaines, estime le BRGM.

  • Un fonds de 500 millions d'euros pour la "renaturation" des villes

Face à la vague de chaleur qui arrive et à la sécheresse qui s'étend (36 départements ont pris des restrictions d'usage de l'eau au-delà du seuil de vigilance), la Première ministre, Élisabeth Borne, devait réunir ce mardi en fin de journée en visioconférence les préfets de région et les directeurs des agences régionales de santé (ARS) tandis que le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye doit faire de même avec les recteurs. "Le Gouvernement a donné instruction à tous les services de l’État, en particulier les préfets et les agences régionales de santé, de veiller à ce que les différents dispositifs de mise à l’abri soient opérationnels dès demain, a-t-elle déclaré dans une communication en conseil des ministres. Les différentes structures d’hébergement de personnes fragiles se verront rappeler les conduites à tenir face à un épisode de chaleurs de plusieurs jours, qui intervient par ailleurs plus tôt dans l’année que ce qui est observé habituellement. Il appelle aussi tous les Français à faire un effort de vigilance et de solidarité dans ces journées qui vont être difficiles pour les plus fragiles." La Première ministre a en outre annoncé le lancement d'un programme pour la "renaturation" des villes "pour permettre de constituer des canopées urbaines et de végétaliser certaines façades. Ce programme sera doté d’un fonds de 500 millions d'euros pour cofinancer ces opérations aux côtés des collectivités locales volontaires. "Il sera lancé avec l’appui du centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) et de l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) mais aussi de la Caisse des dépôts et consignations pour accompagner les collectivités locales avec des prêts adaptés, a indiqué la cheffe du gouvernement. En parallèle, les procédures pour que ces opérations puissent se faire plus rapidement seront simplifiées."

 

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