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Aménagement - Sdrif : passera, passera pas ?

La phase de consultation sur le schéma directeur d'Ile-de-France s'avère semée d'embûches. Face à l'avis défavorable de trois départements et des deux chambres  consulaires de la région, le CESR joue les modérateurs.

 

Le conseil économique et social d'Ile-de-France (CESR) vole au secours du schéma directeur d'Ile-de-France (Sdrif) malmené depuis quelques jours. Dans un avis présenté à la presse le 10 juillet, l'assemblée consultative dit adhérer aux "objectifs structurants retenus dans ce projet", comme la construction de 60.000 logements par an en moyenne, la préservation des espaces agricoles et forestiers, le développement des transports collectifs. Elle propose toutefois d'apporter quelques correctifs pour rendre le document plus consensuel et faciliter ainsi son adoption. Un appui qui arrive à point nommé car le document, qui fixe les grands aménagements urbains et économiques de la région pour les vingt prochaines années, doit passer une série d'obstacles avant d'être définitivement adopté. Arrêté en février dernier par le conseil régional, il est soumis pour avis aux huit départements de la région qui devront se prononcer avant le 23 juillet et faire l'objet d'une enquête publique d'octobre à décembre 2007 auprès des Franciliens. Il sera ensuite à nouveau présenté aux élus régionaux, puis à l'Etat début 2008. Enfin, le Conseil d'Etat devra le valider courant 2009.

Coup de semonce

Les chambres de commerce d'Ile-de-France et de Paris, également mises à contribution, ont déjà donné un avis défavorable, le 26 juin dernier. En cause, l'empreinte verte trop marquée du schéma qui, selon les chambres consulaires, s'oppose souvent au développement économique de la région.
Mais le véritable coup de semonce est venu du chef de l'Etat. Lors de l'inauguration du nouveau satellite de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, le 26 juin, Nicolas Sarkozy a proposé un conseil interministériel à l'Aménagement du territoire pour la fin 2008 afin d'adopter un "nouveau plan stratégique pour la région et le schéma directeur correspondant". Une remise à plat jugée "inacceptable" par le président du conseil régional, Jean-Paul Huchon.

Le nouveau schéma qui, pour la première fois a valeur contraignante, est loin de faire l'unanimité auprès des départements. Après les Hauts-de-Seine et le Val-d'Oise, les Yvelines sont le troisième département à s'y être opposé, mercredi 11 juillet. Les départements de gauche émettent également des réserves.

Le CESR fait figure de modérateur et tente donc de concilier l'avis des différents acteurs sur les points les plus épineux. Il propose ainsi de tempérer le principe de "densification" de l'habitat dans les zones urbaines. Selon lui, ce principe "risque, si l'on y prête attention, de conduire à un renforcement des déséquilibres entre la zone dense, le coeur d'agglomération bien structuré et bien desservi par les transports et les grands territoires hors agglomération centrale".

 

Insécurité juridique

Autre sujet de polémiques : la limitation du trafic sur l'aéroport de Roissy. Pour le CESR, l'idée d'un couvre-feu "aurait pour conséquence une perte d'attractivité". Il recommande à l'inverse de mener une "étude des besoins d'une troisième plate-forme à l'échéance du Sdrif". Autre erreur selon le conseil : l'abandon de la liaison CDG Express entre la capitale et l'aéroport de Roissy. Si sur ces points, l'avis du CESR rejoint celui des chambres consulaires, il s'y oppose en revanche sur la question du quartier d'affaires de La Défense. "Dans le cadre du nécessaire rééquilibrage Est-Ouest, le souci de contrebalancer le renforcement prévu par l'Etat du quartier phare de La Défense par un fort développement de quartiers d'affaires et pôles tertiaires sur la couronne Nord-Est et Sud-Est, en Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne et Val-de-Marne" est une bonne chose, selon lui.
Enfin de manière générale, le CESR s'inquiète du manque de financements pour réaliser un trop grand nombre d'opérations qui ont "le plus souvent un intérêt local" et de l'insécurité juridique du schéma. Selon lui, la présentation "trop détaillée favorise les difficultés d'interprétation et de mise en oeuvre, et est source de contentieux potentiels". Un risque bien présent : le président du conseil général des Yvelines, Pierre Bédier, a déjà menacé d'une action en justice si le schéma était validé en l'état.

 

Michel Tendil