Aménagement - Sdrif : l'Etat et la région appelés à la raison
A une semaine du vote de l'assemblée régionale sur le Sdrif (schéma directeur de la région Ile-de-France), les acteurs économiques franciliens tentent de calmer les esprits. Le conseil économique et social régional d'Ile-de-France (CESR) a jugé, jeudi 18 septembre, "équilibré et viable" la nouvelle mouture de ce document qui fixe les orientations de l'aménagement de la région à l'horizon 2030 (logements, transports, développement économique, emploi, etc.). "Il faut que le dialogue entre l'Etat et la région s'inscrive comme une ardente obligation", a insisté Jean-Claude Boucherat, le président du CESR, au cours d'un point de presse. Référence au bras de fer qui oppose le gouvernement à l'exécutif francilien. "Même s'il présente des insuffisances, il nous paraît suffisamment équilibré pour être soumis au débat conclusif" des 25 et 26 septembre, a affirmé Pierre Moulié, rapporteur du Sdrif pour le CESR. La veille, ce sont les chambres de commerce et d'industrie de Paris-Ile-de-France qui ont lancé un "appel au dialogue", après avoir elles aussi constatées des "avancées" dans la nouvelle version du texte, alors qu'elles avaient émis un avis défavorable en 2007. Même si les deux assemblées constatent encore quelques insuffisances (notamment sur les perspectives de croissance qu'elles jugent trop timorées), elles s'interrogent surtout sur la capacité de l'Etat et de la région à dépasser leurs différends... avant le lancement de la campagne des élections régionales qui auront lieu en 2010. "Le vrai test de validité du Sdrif sera sa mise en oeuvre effective", juge ainsi le Sdrif.
"Pas de contradictions" entre Sdrif et Grand Paris
Cette passe d'armes entre l'Etat et la région découle d'un pêché originel puisque la loi Pasqua de 1995 a confié le pilotage du processus de révision à la région "en association" avec l'Etat. Quatre années houleuses auront conduit à la préparation du document qui a subi une dernière modification après avis d'une commission d'enquête publique. Mais entretemps, la question du Grand Paris, portée par l'Elysée, a resurgi avec la création d'un nouveau poste de secrétaire d'Etat au Développement de la région capitale confié à Christian Blanc, en mars dernier.
Pour Pierre Moulié, "il n'y a pas de contradictions aujourd'hui" entre les deux projets. Mais à quelques jours du vote final, le dossier pourrait se transformer en bataille juridique. Le chef de file du groupe UMP au conseil régional d'Ile-de-France, Roger Karoutchi a demandé un report du vote, histoire d'attendre les premières conclusions de Christian Blanc sur le Grand Paris, fin 2008. Fin août, devant l'université d'été du Medef, c'est Christian Blanc lui-même qui avait porté la charge, affirmant qu'il ne "transmettrait pas ce document" au Conseil d'Etat, comme le prévoit la procédure, à moins d'en rediscuter le contenu avec la région. La querelle porte essentiellement sur l'hypothèse de croissance de 2% de croissance du Sdrif, dont découle l'objectif de 700.000 créations d'emplois d'ici à 2030. Jean-Paul Huchon a réagi, la semaine dernière, en menaçant l'Etat d'un recours s'il ne transmettait pas le texte dans le délai imparti de six mois. Au-delà de ces blocages, c'est sur le financement des projets que le CESR se montre le plus sceptique, alors qu'Etat et collectivités sont dans une situation financière extrêmement tendue.
Michel Tendil