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Transports - Schéma national des infrastructures de transport : priorité au collectif

L'avant-projet de schéma national des infrastructures de transport (Snit) vient d'être rendu public. D'autant plus attendu qu'il a été élaboré dans un certain esprit de confidentialité par le ministère de l'Ecologie et ses opérateurs ou partenaires. Il sera soumis à concertation en vue d'être finalisé à la fin de l'année et fera vraisemblablement l'objet d'un débat parlementaire puis d'un décret.
Ce document qui s'inscrit dans la continuité du Grenelle de l'environnement planifie le développement des infrastructures de transport à l'horizon 2030. Pour rompre avec la prépondérance du mode routier, dont les projets ne représentent ici que 4,5% du montant des investissements prévus, il place la priorité sur les moyens de transports collectifs et surtout le mode ferroviaire, qui concentre plus de la moitié des investissements prévus. Sur 170 milliards d'euros de dépenses prévues dans l'ensemble, ce sont donc 65 milliards d'euros qui seront à engager avant 2020 pour le développement des lignes à grande vitesse. Mais ce coût d'investissement, précise l'avant-projet, n'est qu'une estimation qui ne tient pas compte des "éventuels manques à gagner pour la collectivité liés à des phénomènes de report modal". Concernant le ferroviaire, deux cartes synthétisent les principaux projets de développement en fret ou transport passagers. Avant 2020, ces cartes fixent ainsi le lancement d'une petite vingtaine de grands projets de LGV (Tours-Bordeaux, Bordeaux-Toulouse, LGV Rhin Rhône), d'interconnexions, de dessertes ou de contournements (Nîmes-Montpellier). "Dans tous les cas, les projets figurant au schéma devront franchir les étapes de concertation, d'enquête publique, d'autorisation et feront donc l'objet d'études complémentaires plus approfondies. D'autres projets pourront aussi être soumis au débat local, toujours à la lumière d'une analyse menée selon les critères déterminés et validés par le comité de suivi du Grenelle", souligne le document.
Cet avant-projet relance également l'idée d'un ferroutage entre la France et l'Espagne, via un tunnel dont le coût est estimé entre 5 et 7 milliards d'euros. Autre priorité : les transports collectifs urbains. Pour développer des projets de tramway, de métros ou de bus à haut niveau de service, ils devraient bénéficier d'un apport de 53 milliards d'euros. Quant aux infrastructures fluviales, elles recevront environ 15 milliards d'euros, essentiellement pour le canal Seine-Nord et la liaison grand gabarit Saône-Moselle. Enfin, une enveloppe de 2,7 milliards d'euros est fixée pour les équipements portuaires et la création de nouveaux terminaux à Dunkerque, Le Havre et Nantes.
Dès la publication de l'avant-projet, les premières réactions se sont fait entendre. Le parti socialiste a salué la pertinence de ce projet même si celui-ci reste à son goût trop flou en termes de financement. Il s'inquiète par ailleurs de voir "l'Etat faire peser sur les seules collectivités locales le poids de ses engagements". En région, les calendriers de réalisation que le schéma fixe pour les projets retenus ne font pas non plus l'unanimité. En Haute-Normandie, la réaction la plus vive est venue de Laurent Fabius. A la tête de la communauté de l'agglomération rouennaise, l'élu a regretté que ce schéma n'offre par l'occasion de traiter "les problèmes de circulation de sécurité et d'environnement de Rouen, de son port et de son agglomération".

 

Morgan Boëdec / Victoires éditions