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Transports - Sauvegarde du ferroviaire : la pétition de la Fnaut a déjà recueilli près de 6.000 signatures

Lancée en mai dernier, la pétition de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) pour la sauvegarde du transport ferroviaire a recueilli à ce jour près de 6.000 signatures partout en France. Les commentaires d'usagers traduisent les nombreuses difficultés vécues au quotidien mais aussi un fort attachement au service public ferroviaire.

C'est un véritable cahier de doléances sur la situation du transport ferroviaire que la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut) compte remettre au président de la République, au Premier ministre et aux ministres concernés via sa pétition nationale lancée début mai 2015. A ce jour, elle a recueilli près de 6.000 signatures. L'association a présenté le 4 septembre son analyse des quelque 600 commentaires de signataires qu'elle a compilés et qui constituent selon elle un échantillon représentatif. "L'intérêt des témoignages recueillis est qu'ils ont été émis de manière spontanée, sans filtre, a souligné Jean Sivardière, vice-président de la Fnaut. Ils constituent pour nous une véritable enquête d'opinion, très ouverte et plus révélatrice qu'un simple sondage où l'on répond à des questions."

Offre dégradée et prix jugés trop élevés

La Fnaut a classé ces commentaires en deux catégories : ceux ayant trait à la qualité de service et ceux exprimant des préoccupations citoyennes. Dans la première catégorie, les usagers se plaignent d'une dégradation constante de la fiabilité des trains et des horaires ("On est surpris quand un train arrive à l'heure") et de la surcharge des trains du quotidien ("Nous sommes traités comme du bétail, pas comme des clients"). Ces reproches émanent surtout des usagers d'Ile-de-France et des grandes villes. Beaucoup font aussi état d'une régression de l'offre (diminution des fréquences, correspondances impossibles, disparition de relations interrégionales, matériels vieillissants…). La tarification, qui apparaît trop complexe, est également jugée trop élevée ("La qualité baisse, les prix augmentent, le voyageur doit payer sans se plaindre"). Certains expriment aussi leur mal-être engendré par la "galère" quotidienne ("Tous les jours, j'ai un problème de train, mes parcours m'épuisent", "C'est stressant, usant de de se demander tous les jours si on va arriver à l'heure au travail"). La tentation du retour à la voiture apparaît aussi dans certains commentaires. Par contre, le refus de l'autocar est massif et la loi Macron qui a libéralisé le transport par autocar suscite une avalanche de critiques : "Avec les lignes d'autocars concurrentes, un grand nombre de lignes ferroviaires vont fermer. Et au lieu de remplir les cars, les habitants prendront leur voiture", écrit un usager tandis que d'autres pointent des "lignes ferroviaires sous-exploitées" qu'il faut utiliser et considèrent l'ouverture de liaisons par autocars comme "une totale absurdité".

Crainte d'abandon

Une deuxième catégorie de commentaires traduit des préoccupations citoyennes. Il en ressort une forte exigence de service public, la crainte d'une accentuation de la "fracture territoriale" ("Laisser pourrir le rail, c'est assécher une région, créer du chômage et de la résignation", estime un usager, "La rareté des trains va encore plus paupériser les zones rurales déjà touchées par le regroupement des services publics dans les grandes villes", redoute un autre). Beaucoup mettent aussi en avant la prise en compte du réchauffement climatique ("Je trouve dramatique pour l'environnement et la sécurité routière qu'on promeuve les transports en autocar ou le covoiturage au détriment du train", déplore un usager), les impératifs d'économie d'énergie, la sauvegarde de l'économie ("Pourquoi fragiliser nos trains, si utiles pour les jeunes en formation, l'emploi, le tourisme ?"). Et le pessimisme l'emporte face à un "patrimoine dilapidé" ("Nous avions un des meilleurs services ferroviaires au monde. D'où vient cette volonté perverse de démanteler un système ferroviaire qui fonctionnait bien ?", interroge un usager). Les compétences et la stratégie de la SNCF sont sévèrement critiquées, de même que l'action du gouvernement, jugée incompréhensible et totalement contradictoire avec la transition énergétique et la préparation de la Cop 21.

Signaux contradictoires du gouvernement

Pour la Fnaut, ce mécontentement des usagers n'est pas pris en compte par le gouvernement aujourd'hui. "La loi sur la transition énergétique affiche des signes positifs mais aussi beaucoup de contradictions et un calendrier de mise en oeuvre qui n'est pas précisé", estime Bruno Gazeau, président de la Fnaut. Il regrette, par exemple, l'absence d'annonce sur un quatrième appel à projets de transports collectifs en site propre ou encore le retard prévu du premier plan de programmation énergétique alors que la loi va obliger les opérateurs de transports publics à s'équiper de parcs de véhicules propres. La baisse actuelle du prix des carburants pourrait aussi être l'occasion d'aligner le prix du diesel sur celui de l'essence et d'instaurer une vraie fiscalité écologique, estime la Fnaut, mais aucune décision n'est prise en la matière. Quant à la loi Macron, "elle traduit une absence étrange de vision d'ensemble des questions de mobilité", souligne l'association. "La concurrence entre les modes est instituée au lieu d'organiser la concurrence entre les opérateurs et d'encourager ainsi une complémentarité entre les modes plus favorables aux usagers", regrette Bruno Gazeau.
La Fnaut compte aussi alerter les candidats aux élections régionales sur la situation du ferroviaire et leur demander de se positionner sur cette question. "Ce sera un enjeu fort des prochaines élections, d'autant qu'à travers les futurs schémas régionaux de la mobilité, les vice-présidents transports des nouvelles grandes régions auront la possibilité d'arbitrer entre le train et le car, relève Bruno Gazeau. Leurs responsabilités seront équivalentes à celles des ministres des Transports de Belgique ou des Pays-Bas."

Anne Lenormand

Réforme territoriale et transports : un colloque à Paris le 29 octobre

La réforme territoriale (lois Maptam, Notr...) va avoir des conséquences très importantes sur l'organisation des transports urbains, départementaux et régionaux de personnes. Cette réforme va-t-elle simplifier la gestion des collectivités territoriales ? Le nouveau découpage régional de la France est-il adapté aux réalités économiques ? Quel sera l'impact de la nouvelle répartition des compétences des collectivités sur la coordination des services urbains et périurbains ex-départementaux, celle  des services TER et interurbains ex-départementaux, sur la gestion des gares routières, l'intégration tarifaire, l'intermodalité ? Quel sera l'impact de l'élargissement des régions sur l'offre TER régionale et interrégionale, sur les articulations TER-Intercités et train-autocar ? Ces questions seront examinées lors d'un colloque organisé le 29 octobre à Paris, au Palais Bourbon, par la Fnaut. Il réunira des responsables politiques, des professionnels des transports, des économistes et des usagers.  A.L.

 

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