S’appuyer sur les pôles territoriaux de coopération économique pour une relance durable
Le Labo de l’ESS vient de remettre à Olivia Grégoire, secrétaire d'Etat en charge de l'économie sociale, solidaire et responsable, un rapport destiné à relancer les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). Un soutien national et régional est attendu, pour ces dynamiques locales présentées comme des opportunités pour consolider des "filières prioritaires durables" et créer de l’emploi dans des territoires où l’ESS est aujourd’hui peu présente. Olivia Grégoire entend s’atteler à ce renouveau des PTCE "dans les prochaines semaines".
Une année 2021 "sous la bannière du développement territorial". C’est la promesse faite par Olivia Grégoire, secrétaire d'Etat chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable, le 8 janvier 2021, aux acteurs de l’ESS. Au Phare à l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), tiers-lieu et pôle territorial de coopération économique (PTCE), la secrétaire d’Etat s’est vu remettre par Hugues Sibille, président du Labo de l’ESS, un rapport intitulé "Relancer les PTCE". L’Etat renoue ainsi avec les PTCE précisément à l’endroit où il les avait laissés, à la fin du précédent quinquennat (voir notre article).
56 PTCE actifs
Reconnu et défini par la loi de 2014 sur l’ESS, le PTCE est une sorte de "pôle de compétitivité de l’ESS", c’est-à-dire le regroupement sur un territoire d’entreprises de l’ESS qui collaborent avec d’autres acteurs – entreprises "classiques", collectivités territoriales, universités et centres de recherches, etc. -, autour d’une "stratégie commune et continue de mutualisation, de coopération ou de partenariat au service de projets économiques et sociaux innovants, socialement ou technologiquement, et porteurs d’un développement local durable". En 2013 puis en 2015, deux appels à projets interministériels avaient conduit à la reconnaissance officielle et au soutien de 37 PTCE.
Le Labo de l’ESS estime que 56 PTCE sont aujourd’hui actifs et cela "sans politique de soutien depuis un long moment" et met en avant également "des PTCE émergents ou d’autres dynamiques fonctionnant comme des PTCE mais ne se qualifiant pas ainsi (certains tiers-lieux par exemple)". Parmi les PTCE actifs, on peut citer le pôle "Construire solidaire", porté par une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), qui rassemble des acteurs de l’habitat et de la construction écologique en Ile-de-France et impliquant notamment la ville de Romainville (Seine-Saint-Denis). Ou encore FE2I (flux économiques inter-entreprises) à Florange (Moselle), qui permet à 30 entreprises de mutualiser leurs ressources dans une logique de réduction des coûts et de l’empreinte environnementale.
Renforcer des stratégies de "filières prioritaires durables"
Pour Olivia Grégoire, les PTCE "sont de formidables leviers pour dynamiser le développement de territoires solidaires" ; ils "doivent être acteurs de la relance". Entendant "s’atteler au développement des PTCE dans les prochaines semaines", la secrétaire d’Etat pourra s’appuyer sur les propositions du rapport. Les PTCE et les réseaux de l’ESS (ESS France, RTES, Coorace, MES, Le Labo de l’ESS) attendent "un signal politique national, accompagné de moyens raisonnables". Le redéploiement des pôles pourrait contribuer à la fois à renforcer des stratégies de "filières prioritaires durables" (éco-activités/recyclage, alimentation durable, services aux entreprises, transition énergétique), à accompagner de nouvelles coopérations dans des "zones blanches ESS" rurales ou urbaines, ainsi que dans des "filières stratégiques dans l’après-Covid" (santé, mobilité, logistique) et à créer et maintenir de l’emploi de proximité.
L’implication des collectivités attendue
"L’implication des collectivités locales sur le plan opérationnel s’avère, aux yeux des PTCE interrogés, particulièrement importante", relève le Labo de l’ESS. Les attentes portent en particulier sur les échelons régional et intercommunal et, dans une moindre mesure, départemental. Les collectivités pourraient "donner à la coopération initiée une portée et une cohérence locale" et soutenir financièrement les PTCE de petite taille.
Sont ainsi formulées plusieurs propositions pour "relancer collectivement la dynamique nationale des PTCE", financer à la fois la consolidation des pôles existants et l’émergence de nouveaux pôles, via un appel continu à manifestation d’intérêt. Les régions et d’autres collectivités auraient un rôle à jouer pour faire éclore des chaires ESS susceptibles de prendre part aux PTCE, pour soutenir des PTCE "plus matures" et leur permettre de jouer un rôle d’animation infrarégionale, pour accompagner l’émergence de nouvelles démarches. La mise en œuvre d’instances d’animation régionales des PTCE est aussi préconisée "si la densité locale en PTCE le justifie". Le Labo de l’ESS et ses partenaires appellent enfin à sensibiliser et former les pouvoirs publics à ces dynamiques territoriales, notamment en mettant en avant le fait que "le développement économique local durable a un coût et est un investissement à impact, qui ne peut jamais s’autofinancer pleinement".