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Refondation de l'école - Rythmes scolaires : où sont passés les 4 millions de Total ?

Christophe de Margerie, président-directeur général de Total, a signé, le 28 janvier, avec les ministres Aurélie Filippetti et Valérie Fourneyron, une convention d'application pour l'éducation artistique et culturelle (EAC), qui répartit les 4 millions d'euros que l'entreprise pétrolière s'était engagée à verser pour "développer des activités éducatives et culturelles en dehors du temps scolaire, notamment en accompagnant la réforme des rythmes éducatifs dans le premier degré".
Car ce document est en réalité la traduction d'un volet d'une convention-cadre déjà signée entre le ministère en charge de l'éducation populaire et Total, et qui avait en son temps provoqué la colère des maires ruraux (voir notre article ci-contre du 15 juillet 2013).
Mauvaise nouvelle pour les communes à la recherche de financement pour la prochaine rentrée : des 4 millions de Total, il ne reste plus grand-chose.

Deux millions vers un appel à projets… clos fin 2013

La moitié financera une quarantaine de structures sélectionnées dans le cadre de l'appel à projets "Education artistique et culturelle" (voir les projets sélectionnés ci-contre). Ces projets devaient être "menés sur le temps scolaire, périscolaire ou encore dans le temps de loisirs, en lien notamment avec la réforme des rythmes scolaires portée par le ministère de l'Education nationale", précisent les partenaires. L'appel à projets était transmis par les Drac (directions régionales des affaires culturelles) et les dossiers ensuite sélectionnés par un jury composé de représentants des ministères de la Culture et de la Jeunesse ainsi que de membres de la fondation Total. Les projets identifiés bénéficient en moyenne de 50.000 euros. Ils débutent "dès à présent" et s'achèveront à la fin de l'année scolaire 2015-2016. Ils concernent pour les deux tiers des "territoires déficitaires ruraux" et des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Quatre projets ont été sélectionnés dans des territoires ultramarins. Tous les champs disciplinaires sont représentés : théâtre, danse, musique, arts du cirque, marionnettes, arts plastiques, patrimoine et musées, arts numériques... "La quasi-totalité de ces projets prévoient également des moments de formation en direction de l'ensemble des acteurs impliqués (enseignants, animateurs, médiateurs, artistes ou professionnels de la culture...)", précisent les partenaires.
Les deux millions sont consommés, mais Valérie Fourneyron a encouragé, lors de la signature de la convention d'application, à "ne pas s'arrêter là" et à "essaimer".

Un million dans une future convention avec la FEJ

C'est là que peut intervenir un autre million de Total. Celui dirigé vers des projets initiés et financés dans le cadre d'une future convention de partenariat avec le fonds d'expérimentation pour la jeunesse (FEJ), justement sur le thème de l'essaimage, qui devrait être conclue en février pour un lancement au printemps. L'idée est d'aider les collectivités à mettre en place des projets d'EAC, en s'inspirant d'expériences menées ailleurs.
Le quatrième million s'adresse aux institutions culturelles développant "des projets d'EAC d'envergure interrégionale ou nationale". Il s'agit de grosses institutions comme l'opéra de Paris, le théâtre de la Ville (Paris également), l'opéra de Lyon… Les subventions seront accordées directement à ces structures qui, en règle générale, sont déjà actives sur le sujet et déjà identifiées. L'idée étant, là encore, d'essaimer au-delà du périmètre de la commune. "Que les actions périscolaires de l'opéra de Paris ne profite pas qu'aux petits Parisiens", illustre-t-on au cabinet de Valérie Fourneyron.

Valérie Liquet

La fondation Total et six autres fondations (dont le mécénat de la Caisse des Dépôts) font "l'Alliance des mécènes pour l'éducation"

Sept fondations (Deloitte, France Télévisions, HSBC pour l'éducation, ManpowerGroup, SNCF, Total et le mécénat de la Caisse des Dépôts) se sont regroupées dans le cadre d'un programme intitulé " L'Alliance des mécènes pour l'éducation", sous l'impulsion de l'association Admical, experte dans la pratique du mécénat.
L'Alliance s'engage dans la prévention du décrochage scolaire avec des moyens groupés "associant soutien financier et mécénat de compétences", souligne un communiqué de presse commun. Le programme, qui se déploie sur les trois années de collège, repose sur une "approche globale et dans la durée de l'adolescent en difficulté", dans la droite ligne de l'esprit de la "réussite éducative" porté notamment par le ministère dédié de George Pau-Langevin. Il tient en quatre volets : l'accompagnement scolaire individuel ; la sensibilisation des familles ; l'accompagnement du jeune "dans sa classe ou son quartier" ; le développement d'"un esprit d'équipe entre tous ses bénéficiaires".
Les salariés des entreprises mécènes sont incités à s'engager. Ils seront alors formés par les associations, mais on attend aussi d'eux qu'ils "apportent leur savoir-faire à tous les temps de l'accompagnement des jeunes".
L'Alliance s'est adjoint un conseil scientifique, composé de huit personnalités : Alain Bentolila, linguiste, expert fondateur ; Serge Boimare, psychopédagogue ; Philippe Jeammet, pédopsychiatre ; Marcel Rufo, pédopsychiatre ; Vincent Stanek, directeur académique ; Jean-Michel Blanquer, directeur de l'Essec ; Chantal Dardelet, responsable du pôle Egalité des chances de l'Essec ; Carole Diamant, déléguée générale de la fondation Egalité des chances (où l'on retrouve la fondation Total et celle d'HSBC, mais aussi celles de Coca Cola Entreprise, d'Airbus, de Veolia Environnement, de Sodexo, du cabinet d'audit EY).

V.L.