Education - Rythmes scolaires : les financements de l'Etat arrivent, la réforme ne soulève toujours pas l'enthousiasme
Le ministère de l'Education nationale a annoncé lundi 16 mars avoir assuré la semaine passée la mise en paiement du solde de l'aide 2014-2015 du fonds national de soutien à l'organisation des activités périscolaires (FNSOAP). Le versement est de l'ordre de 250 millions d'euros, en direction d'un peu plus de 22.500 communes au titre de la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires dans les écoles publiques. Il s'ajoute aux 125 millions d'euros déjà attribués par le ministère à titre d'acompte au cours de l'automne 2014. Les versements au titre des élèves scolarisés dans les écoles privées sous contrat interviendront cette semaine, a précisé le ministère. Occasion de rappeler que pour l'année scolaire 2015-2016, le FNSOAP, doté de 400 millions d'euros par an, sera assuré aux communes (ou EPCI lorsque la compétence scolaire leur a été déléguée) à condition qu'il y ait sur leur territoire un projet éducatif territorial (PEDT). Pour rappel toujours, début février, seules 9.000 communes étaient concernées par un PEDT.
6 points de satisfaction, 14 points de vigilance
Quelques jours auparavant, le 12 mars, le syndicat des enseignants Unsa a mis en ligne sur son site une synthèse du dernier rapport du comité de suivi de la réforme des rythmes scolaires dont il est membre. On compte 6 points de satisfaction dans la première colonne et 14 points de vigilance dans la seconde.
Au registre des satisfactions, le comité de suivi note notamment que la réforme a été mieux comprise quand elle s'inscrivait dans des politiques éducatives déjà initiées et dans le cadre d'une véritable "recherche de qualité éducative des territoires". Elle souligne également le rôle "important" des coordonnateurs au niveau des collectivités et se félicite que les conditions de formation des personnels aient été améliorées. Elle rend compte aussi d'une "attention soutenue des élèves le matin appréciée par les enseignants" et une évolution des pratiques pédagogiques grâce à la matinée supplémentaire. A contrario, le comité de suivi relève une attention des élèves "plus fugitive" (elle cite l'énervement et la fatigue) l'après-midi, notamment en maternelle où elle pointe encore des temps de sieste "tronqués" et des transitions "brutales".
Difficulté de recrutement de personnels qualifiés
D'autres points de vigilance concernent plus directement les collectivités. Le comité note toujours que, pour les Atsem, le passage d'une fonction à une autre est "parfois délicat". Il indique plus globalement des "difficultés de gestion" des personnels avec des durées de journées différentes d'une école à l'autre (temps partiels, remplacements, etc.). Il ne cache pas non plus les "difficultés" de recrutement de personnels qualifiés par les collectivités territoriales et mentionne la redéfinition en cours, par le ministère en charge de la Jeunesse et des Sports, des notions de péri et extrascolaire "pour aider les communes dans l'accueil des loisirs". Il se fait l'écho des communes qui demandent la pérennisation du FNSOAP "pour éviter la réorientation des budgets communaux au détriment des accueils et des séjours de vacances ou autres interventions sur le temps de classe". Il ne cache pas non plus l'"impact des contraintes liées aux transports et budgétaires sur les activités périscolaires" et rend compte du manque de lisibilité dans le financement par les CAF qui imposerait un "cadre réglementaire parfois perçu comme inadapté". A noter que le comité mentionne aussi une qualité des activités "très variables". Il juge que l'articulation entre périscolaire et scolaire est "primordiale" et encourage à cette fin la mobilisation des associations complémentaires de l'enseignement public. Il suggère de rendre obligatoires les comités de suivi "pour que la concertation ne soit pas qu'un affichage".
Des intervenants au langage "inapproprié"
Dans un tout autre style, le Journal des femmes rend compte, dans un sondage mené en janvier dernier auprès de 1.112 parents (échantillon représentatif), d'"organisations familiales perturbées même plusieurs mois après la rentrée, des institutions qui peinent à communiquer et surtout, des enfants très fatigués".
A Paris, une enquête menée début mars par la FCPE 75 auprès de 1.230 parents parisiens (*) laisse à penser que "le dispositif s'est beaucoup amélioré", même s'il reste des sujets encore "problématiques". Et de citer : le manque de cohérence éducative entre tous les temps périscolaires, le manque de formation de certains intervenants, mais aussi un langage "inapproprié" de la part de certains intervenants et un défaut de surveillance sur tous les temps périscolaires (et en particulier durant la pause méridienne)... sans parler des créneaux de sport-piscine parfois calés le mercredi matin. A Paris, comme partout ailleurs en France, "la maternelle reste le maillon faible malgré les efforts" : les parents de la capitale considéreraient que le temps d'activité périscolaire s'apparente encore "trop à de la garderie" et réclament parallèlement "du sommeil pour leurs enfants".
Valérie Liquet
(*) Le questionnaire était diffusé par la FCPE aux adhérents et aux non adhérents du réseau.