À Roanne, Paris 2024 a déjà un impact
En réponse à l'appel à projets Impact 2024, la ville de Roanne mobilise ses clubs pour développer la pratique sportive, particulièrement féminine, dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Le Comité d'organisation des Jeux olympiques Paris 2024 (Cojo) poursuit depuis 2017 une double ambition : réussir l'organisation des épreuves sportives mais aussi laisser à la France un héritage tangible. Pour atteindre ce second objectif, les initiatives se sont multipliées. Parmi elles, l'appel à projets Impact 2024, lancé en septembre 2020. Son but ? Soutenir des "initiatives très innovantes en utilisant le sport comme outil d’impact social". Pour ses promoteurs (Paris 2024, le Comité national olympique et sportif français, le Comité national paralympique et sportif français et l’Agence nationale du sport), cet appel à projets a été "une franche réussite". Plus d'un millier de projets présentés pour 55 lauréats qui se partageront une première enveloppe d'aides de 1,7 million d'euros.
La ville de Roanne fait partie des rares collectivités locales retenues. "Je me suis dit que l'action que nous menions dans nos quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) pouvait émarger à ce type de dispositif", explique Franck Patissier, directeur des sports. Au moment où l'appel à projets était lancé, la municipalité de Roanne avait déjà dans ses cartons une action en faveur du développement du sport pour tous dans les QPV. "Notre politique sportive se décline en trois grands objectifs dont un consiste à garantir à tous un accès à la pratique sportive, détaille Franck Patissier. C'est donc à l'origine le fruit d'une commande politique formulée par la nouvelle équipe en place depuis les dernières élections." Une "commande", faut-il le préciser, précédée d'un diagnostic de territoire qui avait fait apparaître, d'une part, des besoins émergents au niveau des QPV, d'autre part, des carences avérées en termes de pratique, notamment chez les féminines. "Il y avait de plus en plus de demandes recensées au niveau des clubs pour lesquelles il n'y avait pas de possibilités de concrétisation ou un manque de moyens en structuration pour développer ce type de pratiques", pointe Franck Patissier. Autre besoin identifié sur le territoire : une aide concrète au quotidien pour mieux structurer certains clubs.
En équipe avec les clubs
Pour amener plus de jeunes – et de filles en particulier – au sport, la ville de Roanne va mettre en œuvre un des points-clés de l'appel à projets : la coopération avec des acteurs sportifs locaux. Que ce soit pour développer le savoir-rouler à vélo ou la pratique de l'escrime, la ville s'associe à un club référent du territoire. Un principe également retenu pour le basket. Là, ce n'est pas un mais deux clubs qui servent d'appui à l'opération. D'un côté, le Roannais basket féminin, un club de haut niveau très identifié sur le territoire. Il propose des séances d'initiation et de découverte du basket à l'occasion de chaque période de congés scolaires, notamment dans les centres sociaux basés dans les QPV. D'un autre côté, l'AS Parc. Basé dans un QPV, ce club cherche actuellement à développer une section féminine.
Toutes les opérations s'étalent sur l'année scolaire en cours, avec des objectifs différents selon les sujets. "Sur le savoir-rouler, confie Franck Patissier, nous visons 300 garçons et filles sur l'année. Sur le basket féminin, nous sommes sur un objectif de 50 à 60 jeunes filles et une vingtaine d'adhérentes en club à la fin de la saison. Enfin, on envisage 70 à 100 jeunes touchés pour l'escrime." Avec tous ces clubs, la ville a signé des conventions de prestations en échange d'un soutien financier. Au total, 45.000 euros sont mobilisés, dont 20.000 issus de la subvention de l'appel à projets Impact 2024.
L'autre volet de l'opération à Roanne consiste à soutenir directement deux clubs de football par la mise à disposition de moyens humains. Un agent du service des sports est chargé, à temps partiel, de former des éducateurs bénévoles et d'accompagner la structuration de ces clubs désireux de mieux accueillir son public, essentiellement masculin, et de développer des sections féminines.
Objectif commun
Une des particularités de l'appel à projets Impact 2024 est d'inscrire les actions dans l'innovation sociale. Pour Franck Patissier, cette dimension est bien présente dans le projet roannais : "L'idée est de s'associer à un objectif commun, à une dynamique collective sur le territoire, un pôle de clubs locaux, afin de favoriser la pratique du sport pour le plus grand nombre sur des quartiers identifiés. Il s'agit aussi de véhiculer un discours en direction de tous les clubs – il y a 160 associations sportives sur le territoire – pour leur dire qu'au-delà de leurs objectifs propres, ils peuvent s'associer autour d'un objectif commun coporté par la collectivité."
Enfin, l'appel à projets Impact 2024 s'inscrit "dans le cadre du déploiement de la nouvelle gouvernance du sport". Sur cet aspect, Franck Patissier reste dubitatif. "De mon siège de directeur des sports de la ville de Roanne, reconnaît-il, la mise en œuvre de cette nouvelle gouvernance paraît encore un peu floue. Nous avons du mal à imaginer ce que seront les marges de manœuvre des conférences régionales du sport, et surtout comment, concrètement, les collectivités locales vont être associées à la construction des projets sportifs territoriaux, lesquels, d'après ce que j'en ai compris, vont quand même cadrer l'obtention des financements gérés par la conférence des financeurs. Il faut être franc, aujourd'hui, il n'y a pas de connexion directe entre notre projet et cette nouvelle gouvernance du sport."