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Energie - Risque "modéré" de pénurie de courant cet hiver mais tension prévisible à partir de 2016

"La situation prévisionnelle de l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité en France continentale présente un risque de rupture d'approvisionnement modéré pour l'ensemble de l'hiver 2013-2014", selon des prévisions présentées le 7 novembre par RTE, le gestionnaire du réseau national des lignes à haute tension. La situation est toutefois jugée "satisfaisante". A conditions météorologiques normales, la consommation d'électricité devrait rester stable par rapport à l'hiver précédent, avec un pic de consommation en légère hausse courant janvier, de 85.200 mégawatts. Selon la filiale autonome d'EDF, ces besoins devraient être largement couverts par le parc électrique national grâce à une augmentation de 1.300 mégawatts en moyenne de la capacité de production disponible entre mi-décembre et mi-mars, notamment dans le nucléaire et les énergies renouvelables.
La Bretagne et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) font toujours exception dans le tableau : malgré les renforcements de réseau déjà effectués, l'alimentation de ces "péninsules électriques" reste "fragile", à cause d'une faible production locale et des connexions limitées au reste du réseau, selon RTE. Dans ces deux régions, les démarches Ecowatt de sensibilisation des citoyens à modérer leur consommation d'électricité en période de pointe hivernale se poursuivent. 

Inquiétude dès 2016

Pour l'ensemble du pays, si les températures devaient tomber de 6 à 8°C sous les normales, ou si des capacités de production venaient à manquer, la consommation bondirait et des importations de courant auprès des pays voisins pourraient se révéler nécessaires, jusqu'à 3.600 mégawatts, estime RTE. En hiver, du fait de l'équipement massif des logements français en radiateurs électriques, une chute des températures fait en effet grimper brutalement la consommation d'électricité, surtout lors des points journaliers d'utilisation du courant (en fin de matinée et en début de soirée). 
C'est à moyen terme que  la situation devrait se tendre, a prévenu RTE, faisant part de sa "préoccupation croissante" pour l'approvisionnement électrique à partir de 2016. "La situation se dégrade avec une forte baisse des marges de sécurité à cet horizon", écrit le gestionnaires des "autoroutes" françaises de l'électricité. Si la crise économique qui se prolonge freine la demande de courant, il pointe surtout la diminution anticipée de la production disponible, du fait de l'arrêt attendu de nombreuses centrales au fioul ou au charbon et des réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim, doyenne du parc nucléaire national.
Dans ce contexte, "une vague de froid comparable à celle de février 2012 conduirait à un risque de rupture d'approvisionnement", estime RTE. La consommation d'électricité nationale avait atteint un pic historique de 102.100 mégawatts le 8 février de cette année-là, en raison d'une vague de froid exceptionnelle sur l'ensemble de l'Hexagone. Mais le système électrique national avait tenu le choc grâce à la mobilisation des usines électriques hexagonales et des importations massives de courant.

1,5 milliard d'euros par an

Ces prévisions aident RTE à accomplir ses principales missions: le maintien de l'équilibre permanent entre la consommation et la production d'électricité, et le développement et l'entretien des lignes à haute tension et des liaisons avec les pays voisins. Ainsi, RTE prévoit des investissements de 1,5 milliard d'euros par an sur les dix prochaines années, pour créer ou renforcer plus de 2.000 kilomètres d'ouvrages très haute tension (400 et 225.000 volts). Le gestionnaire prévoit entre 800 et 1.000 kilomètres d'ouvrages en courant continu souterrains et sous-marins et les stations de conversion associées et environ 700 km de renforcements de réseau électrique existant ou de nouveaux circuits en courant alternatif aérien de 400.000 volts en substitution d'ouvrages existants. Au cours de la même période doivent être construits, pour le 225.000 volts, près de 400 km de liaisons souterraines et un peu plus de 100 km de liaisons aériennes en courant alternatif. Toutes frontières confondues, près de 10.000 MW d'accroissement des capacités d'interconnexions, soit un doublement de la capacité existante, sont à l'étude ou en projet pour une mise en service dans la décennie, indique encore RTE.