Retour sur 308 missions d'accompagnement au management de projets pour Petites Villes de demain

Des missions d'accompagnement au management de projets (AMP) sont mises en place dans le cadre du programme Petites Villes de demain (PVD) pour aider les territoires plus fragiles. Entièrement prises en charge par la Banque des Territoires, ces missions apportent un soutien méthodologique technique et opérationnel aux collectivités. Un guide retrace les pratiques et thématiques les plus fréquentes des 308 missions déployées de 2021 à mi-2024. Il a fait l'objet d'une présentation dans le cadre d'une conférence organisée le 8 octobre au Hub des Territoires.

Dans certaines villes du programme Petites Villes de demain (PVD), des missions d'accompagnement au management de projets (AMP) ont été mises en place pour apporter un accompagnement plus soutenu dans les territoires marqués par des fragilités socio-économiques et financières. Ces missions ont été intégralement prises en charge par la Banque des Territoires. Un guide intitulé "Les 10 essentiels du pilotage de la revitalisation de petites villes", publié début octobre 2024, retrace les pratiques et thématiques les plus fréquentes de ces 308 missions menées entre 2021 et mi-2024 par les sociétés de conseils attributaires du marché (Espelia, Scet, Citadia, Setec, EY et Artelia). Le guide a été présenté le 8 octobre 2024, lors d'une conférence du Hub des Territoires. Il se découpe en deux grandes parties. La première porte sur l'opérationnalisation des plans d'actions (gouvernance, pilotage, définition et animation des acteurs, soutenabilité financière). La seconde présente les actions thématiques majeures suivies par les missions d'AMP (habitat et stratégie de revitalisation, espaces publics et renaturation, approche foncière, requalification d'actifs immobiliers et tiers-lieux économiques et culturels), avec un détail sur les manières d'avancer, des astuces et de multiples conseils.

Les niveaux de maturité des actions inégaux

Le guide insiste notamment sur la nécessité de bien mener les phases d'installation, de validation de la feuille de route, et de suivi et d'évaluation. "Après un gros travail sur la construction des projets de territoire, la question du passage opérationnel est une démarche essentielle", insiste Emmanuel Tremouille, partner secteur public à EY. Lors de cette phase d'opérationnalisation des actions, la collectivité doit aller chercher des financeurs et des partenaires potentiels, et donc être en capacité de présenter son projet, sa cohérence et son lien avec les politiques publiques nationales. "Cette séquence de priorisation et de structuration des actions est essentielle, a ajouté Emmanuel Tremouille. Sinon le projet de territoire finit en un beau document de 50 pages sur le bureau d'un maire et ce ne serait pas satisfaisant." Mais "les niveaux de maturité des actions sont assez inégaux, précise Lila Deffayet, manager aménagement et développement économique à la Scet. Il convient souvent d'aller un cran au-delà et de se poser les bonnes questions : quels sont les leviers pour réaliser la mise en œuvre du projet ? Quels sont les documents d'urbanisme à réviser ? Les porteurs de projets et les opérateurs sur le terrain sont-ils déjà identifiés ? Faut-il des tests pour affiner le projet ? Quel est le volet financier ?"

Portage politique, maturité et soutenabilité financière

Pour la Banque des Territoires, trois dimensions importantes ressortent : le portage politique, la maturité à porter les opérations (gouvernance, juridique, contractualisation) et la soutenabilité financière. "Il ne faut pas louper les fenêtres de tir des guichets de financement qui se présentent, qu'ils soient départementaux, régionaux, nationaux ou même européens, indique Emmanuel Tremouille. La question de l'éligibilité à un guichet existant peut devenir un juge de paix utile surtout quand il y a un foisonnement d'idées, et cela peut amener à prendre la décision d'accélérer une opération pour ne pas louper le coche."

Concernant les modalités de portage et de contractualisation, les responsables mettent en avant la possibilité d'imaginer des montages nouveaux, moins consommateurs en ressources (humaines et matérielles) que par exemple le travail en régie. Il s'agirait par exemple d'opter pour une dynamique partenariale, et de trouver des opérateurs en présence, d'attirer des porteurs de projets ou des copartenaires investisseurs, etc.

En matière de soutenabilité financière, Emmanuel Tremouille n'exclut pas l'emprunt. "Trop souvent les communes n'ont pas la bonne vision sur leur capacité réelle à recourir à l'emprunt qui peut pourtant être un élément d'accélération", signale-t-il.

Enfin, autre point important dans l'opérationnalité des projets : la question des usages. Il faut voir comment le site pourra rayonner à une échelle supra, avec un risque de concurrences avec les territoires avoisinants et la nécessité de "dézoomer".

Un apport méthodologique important et durable

"À la suite de la crise Covid, nous avons sauté à pieds joints dans le programme Petites Villes de demain, témoigne Patrice Colinet, maire de Champlitte (Haute-Saône), mais la taille intermédiaire d'une commune comme la nôtre est handicapante, trop grande pour être petite et trop petite pour être grande ! Nous n'avons pas de structure pour mener ces projets de grande envergure complexe, d'où l'intérêt de nous tourner vers le dispositif mis en place par la Banque des Territoires." Depuis le 1er janvier 2022, Julia Sarrey, cheffe de projet PVD est accompagnée par la Setec. "Heureusement, car quand on débute, avec la transversalité importante, ce n'est pas simple de s'y retrouver, on ne partait pas d'une feuille blanche mais il fallait prioriser et chercher des financements, rédiger un cahier des charges pour trouver un prestataire, organiser une concertation avec les habitants." L'apport méthodologique a aussi été important, pour animer des ateliers avec les élus et aider ainsi à la maturation des actions en ayant une vue plus globale. À la communauté d'agglomération de Cap Nord Martinique, les deux chefs de projets PVD, Céline Paderna et Kery Rabathaly, ont été nommés alors que la collectivité ne savait pas se positionner et n'avait pas de vision globale. L'AMP a permis de mettre en place une méthodologie, de réinterroger les actions, et a offert un soutien tout au long du projet. "Aujourd'hui, il y a un chantier sur chaque commune avec un programme bien défini", se félicite Céline Paderna.