Résultats de la première étude économique de l'écosystème géonumérique en France
Indissociable du pilotage des transitions, la géodonnée alimente un riche écosystème dont font partie les collectivités. Face aux défis de l'IA, une rationalisation des moyens et notamment des plateformes de géodonnées paraît indispensable. Telle est la conclusion d'une étude que vient de publier l'Afigéo.
Les défis climatiques, l'ouverture massives des données, notamment géospatiales, et le recours à l'intelligence artificielle dopent le marché de la géomatique, cette discipline qui regroupe l'ensemble des connaissances et des technologies nécessaires à la production, au traitement et à la diffusion des données numériques (souvent massives, 3D et en temps réel) décrivant le territoire, ses ressources ou tout autre objet ou phénomène ayant une position géographique. Selon une étude publiée le 16 septembre 2024 par l'Afigéo avec l'appui de plusieurs acteurs (ANCT, BRGM, CNES, CNIG, L'Ecolab, IGN) ce secteur pèse aujourd'hui en France 10 milliards d'euros, soit 8,8% de l'économie numérique et emploie environ 70.000 personnes, dont environ 20.000 dans le public. Du fait de leurs compétences (urbanisme, plans climat, mobilité…) et de leur rôle dans l'ouverture des données, les collectivités figurent, aux côtés des agences gouvernementales, parmi les principaux acteurs de la géomatique en France. "Les plateformes de données territoriales d'information géographique (Criges) jouent un rôle crucial dans la mutualisation des données et le développement d'outils novateurs réplicables et interopérables", souligne l'étude.
Rationaliser les géoplateformes
Néanmoins, la multiplication des plateformes – géodatas, open data, plateformes thématiques – à des échelons territoriaux variables est jugée problématique. L'étude incite "à clarifier l'organisation de l'écosystème géonumérique, de la production de la donnée à son usage final, et la répartition des rôles entre acteurs publics et privés, ainsi qu'entre les différents échelons territoriaux". Elle invite aussi à adopter un "langage commun" et à "favoriser le dialogue entre les acteurs de l'écosystème", notamment entre l'offre privée et la demande publique, pour susciter des collaborations où les PME/start-up auraient toute leur place. Une fois de plus, le code des marchés publics est pointé du doigt. Les entreprises innovantes le jugent peu adapté à l'innovation, les modes de contractualisation étant "trop complexes", ce qui rend difficile l’expérimentation de nouveaux services.
L'IA, sujet clé
Changer les pratiques est devenu urgent à l'heure de l'intelligence artificielle, un "sujet clé" souligne l'étude. L'IA, notamment l'apprentissage automatique, aide à traiter le volume croissant de géodatas et permet d'analyser et d'interpréter les données géographiques de manière plus efficace, notamment via l'extraction automatique d'informations et l'évaluation de leur véracité. Elle facilite aussi la fusion en temps réel de géodatas, ouvrant la voie à de nombreuses applications nouvelles.
L'IA est enfin indissociable des modèles prédictifs, appliqués à des domaines comme la météo, la mobilité, la gestion de l'eau ou encore l'énergie. Pour favoriser l'innovation dans un domaine particulièrement gourmand en investissements, l'étude invite aussi à encourager les partenariats public-privé à l'échelle nationale et à promouvoir la mutualisation des projets et des savoir-faire, au service de la compétitivité et de la souveraineté. Elle invite aussi à soutenir le financement de l'expertise française en ciblant des lignes budgétaires "géonumériques" dans les grands programmes ou appels à projets. Des pistes qui vont dans le sens des récentes initiatives de l'IGN (notre article du 17 septembre 2024) mais qui doivent encore faire des émules, notamment dans le secteur spatial.
› Les enjeux géomatiques des collectivitésLe rapport fait apparaître plusieurs besoins et enjeux spécifiques aux territoires : |