Industrie - Restructuration de PSA : le gouvernement veut limiter la casse sociale
"La nécessité, dans son principe, d'un plan de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs de PSA Peugeot Citroën n'est malheureusement pas contestable." Telles sont les conclusions du rapport remis par Emmanuel Sartorius au ministre du Redressement productif et présenté aux syndicats, mardi.
L'expert, ingénieur général des Mines, avait été mandaté fin juin par Arnaud Montebourg pour établir un diagnostic de la situation du groupe qui envisage la suppression de 8.000 postes en France et la fermeture de son site d'Aulnay-sous-Bois. Le ministre s'était alors montré véhément envers les dirigeants du groupe, parlant de "dissimulations". Mais dans son intervention télévisée sur TF1, dimanche soir, François Hollande a laissé entendre qu'il n'y avait plus d'opposition de principe au plan. Les partenaires sociaux "doivent trouver des compromis pour qu'il y ait moins d'emplois supprimés et plus de reconversions et l'Etat accompagnera ce mouvement de reconversions", a-t-il concédé... Une ligne adoptée par Arnaud Montebourg qui a reçu mardi, pendant près de trois heures, les représentants syndicaux du groupe, ainsi que les élus bretons et franciliens concernés. "Le groupe PSA se trouve dans une situation financière et industrielle difficile", reconnait le ministère, qui "en appelle à un dialogue social exemplaire et transparent" afin de "reformater et réduire ce plan social". Arnaud Montebourg a ainsi proposé des réunions tripartites entre PSA, le gouvernement et les syndicats. Le plan de redressement devra être "strictement proportionné", insiste le communiqué du ministère, chaque salarié concerné devra trouver "une solution d'emploi". Par ailleurs, l'activité des sous-traitants devra être préservée.
Erreurs stratégiques
S'il juge les restructurations nécessaires, Emmanuel Sartorius n'en est pas moins critique sur les choix stratégiques du groupe resté trop concentré sur un marché européen en berne et sur un segment, les véhicules milieu de gamme, très concurrentiel. "Contrairement à la plupart des grands groupes automobiles mondiaux, le marché de PSA est extrêmement concentré sur l'Europe (58% de ses ventes en 2011)", un marché jugé "stagnant", "voire en récession du fait de la crise", constate-t-il. "Sur le moyen et le long termes, l'avenir de PSA passe par une stratégie d'alliance avec un grand constructeur mondial." Ce qui vient d'être fait en début d'année avec l'entrée à hauteur de 7% de General Motors dans le capital du groupe. Le rapport élude en revanche la question du marché iranien mise en avant cet été par Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT du site d'Aulnay. L'Iran constituait en effet le deuxième marché à l'exportation du groupe. Mais en février, ce dernier a décidé de geler son activité dans le pays. "L'Etat est capable [d'interdire les licenciements] comme il l'a montré depuis le début de l'année en interdisant purement et simplement à PSA de vendre plus de 200.000 véhicules en Iran", avait dénoncé le syndicaliste, le 14 juillet. L'alliance avec le géant américain ne serait pas étrangère à cette décision...
Emmanuel Sartorius critique par ailleurs le choix de la fermeture du site d'Aulnay en 2014. Il lui aurait préféré celui de Madrid, un site qui "souffre pourtant de nombreux défauts (usine ancienne, de faible capacité, en ville, éloignée de ses fournisseurs)".
Enfin, le rapport conforte la position du ministre du Redressement productif concernant le traité de libre échange entre l'Union européenne et la Corée du Sud, entré en vigueur le 1er juillet 2011. Depuis lors, "les exportations de l'Union européenne vers la Corée ont certes augmenté de 67%, mais dans le même temps l'Union européenne a importé 6 fois plus de véhicules coréens qu'elle n'en a exportés", fait observer le rapport. A l'initiative d'Arnaud Montebourg, la France a transmis le 3 août à la Commission européenne une demande de mise sous surveillance des importations de voitures coréennes.