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Restauration collective : 38 départements favorisent le circuit court sur la plateforme Agrilocal

Depuis 2013, la plateforme Agrilocal, qui compte 38 départements adhérents, met en relation acheteurs publics et fournisseurs locaux et se veut "un outil au service des territoires pour favoriser le circuit court en restauration collective". 

Grosse faim ou petite faim ? Au collège Arsène-Lambert, sur la commune de Lencloître dans la Vienne, lors du passage au self, il faut annoncer la couleur pour éviter le gaspillage. Au menu ce mercredi 8 juin 2022, pommes de terre grenailles et sauté de veau, l'une des spécialités de la ferme de Blas’lait, fournisseur du collège situé à moins d'une heure de route. Depuis 2017, le collège, qui sert plus de 63.000 repas à l’année, vise à éduquer au goût et à la lutte contre le gaspillage alimentaire. L’approvisionnement de ce collège en produits locaux et bio, en circuit court, permet "de soutenir la production locale, de valoriser les producteurs locaux de la Vienne" et "également de ravir les papilles de ses convives", affirme le réseau national Agrilocal dans sa plaquette de présentation. 458 marchés ont été conclus depuis son inscription, via la plateforme, en cinq ans. En 2021, le collège comptait plus de 23% de produits locaux dans sa restauration. Un score en progression et ce, principalement grâce à l'entremise d'Agrilocal, plateforme virtuelle de mise en relation simple, gratuite et immédiate entre les acheteurs publics de la restauration collective et des fournisseurs locaux. Concrètement, elle fait le lien entre collèges, écoles primaires, maisons de retraite, lycées, etc. et producteurs agricoles, artisans, toujours sans intermédiaire. Le réseau met en avant le fait d'être le seul "au niveau national permettant un respect rigoureux des règles de la commande publique". Une affirmation qui précédait peut-être la mise en ligne de la plateforme gouvernementale Ma Cantine.fr mais dont la vocation est plus étendue (lire notre article du 16 juin 2022).

Définir les besoins alimentaires dans les territoires

À l'initiative du département du Puy-de-Dôme et de la Vienne, le réseau Agrilocal compte aujourd'hui 38 départements adhérents. "Nous ne sommes pas là pour faire du chiffre mais pour mettre en relation", souligne le directeur de la plateforme, Nicolas Portas, ajoutant que si l'outil favorise le circuit court, les produits ne sont pas nécessairement bio. Mais il a le mérite de l'ergonomie. En quelques clics, l’acheteur accède à l’offre de son territoire et visualise immédiatement des producteurs potentiels, sur un périmètre qu’il a lui-même établi dans un rayon de 10, 20, 30 km. Chaque producteur peut disposer également d’une page personnelle afin de mettre en valeur ses produits et son entreprise. Depuis son lancement il y a 9 ans, le chiffre d'affaires avoisine les 34,8 millions d'euros dont 22% en bio sur 2021. Plus de 8.680 tonnes de produits alimentaires locaux ont été  commercialisés, dont 2.701 tonnes de viandes, 1.503 tonnes de légumes, 1.716 tonnes de produits laitiers, 938 tonnes de fruits, 446 tonnes de pain, 88 tonnes  de poissons, etc. "C'est important de définir les besoins dans les territoires", souligne Nicolas Portas, expliquant que la démarche permet de "planifier le tissu agricole". Ainsi, légumineuses ou quinoa ont pu être remis au goût du jour sur plusieurs hectares localement.

3.271 acheteurs dont 38% de collèges

On recense aujourd'hui 3.271 acheteurs utilisateurs, soit +10 % par rapport à 2020, dont 38% de collèges, 23% de communes, 8% de lycées, 10% d’établissements médicosociaux. Le réseau Agrilocal compte également 5.450 fournisseurs locaux référencés dont 75% de producteurs. Parmi eux, la ferme de Blas’lait située à Saint-Martin-la-Pallu. Fondée en 1989, estampillée Bleu Blanc Cœur et gérée par trois agriculteurs, David Berquin, Guillaume Bouster et Damien Laroche, le plus jeune d'entre eux et dernier arrivé. À l'arrivée sur place, l'odeur de fumier s'impose puis finit par s'oublier. L’exploitation rassemble 150 vaches laitières qui produisent chacune 37 litres de lait en moyenne par jour et donnent naissance aux veaux de lait dont elles seront séparées dès leur naissance, bien que nourris au lait de vache mais pas directement au pis. Pour faire fonctionner l'exploitation, de nombreuses tâches sont automatisées dont la traite, deux fois par jour. Un robot scanne les pis de la vache pour enclencher la tireuse au bon endroit, laissant de côté le pis enflammé si les données stockées sur une vache mentionnent une anomalie. Aux alentours de la ferme, 155 hectares permettent de cultiver le fourrage nécessaire à l’alimentation des animaux et permet d'absorber l'augmentation du prix du colza de ces derniers mois. Viande et produits laitiers sont vendus une fois par mois lors d’une vente directe à ferme, dans 11 points de vente, mais les produits phares sont écoulés via la plateforme : sauté de veau, haché de veau, beurre et yaourts.

Clochettes, dentelles, torsades, coquilles, pennés... et tracteurs

Autre fournisseur, présenté le mercredi 8 juin, la Fabric’ d’Alice. Alice et Nicolas ont quitté leurs métiers pour s’investir dans leur production artisanale et produisent aujourd’hui environ 35 tonnes de pâtes sèches artisanales par an grâce au blé de la ferme. Le blé dur est semé, puis, une fois récolté, est transformé en farine au sein de la minoterie Marolleau, avant d’être retravaillé dans l’atelier de fabrication de pâtes situé à deux pas des champs. "Les cultures sont conduites de façon raisonnée et l’utilisation innovante d’outils informatiques d’aide à la décision permet d’optimiser les interventions et de limiter l’impact sur l’environnement", soulignent les producteurs. Clochettes, dentelles, torsades, coquilles, pennés... la Fabric’ d’Alice propose différentes formes de pâtes mais les plus emblématiques sont les tracteurs ! Une fois emballées, les pâtes sont commercialisées sur le lieu de production, dans différentes boutiques en France, sur les marchés mais surtout sur la plateforme Agrilocal86 qui représente l'un des plus gros acheteurs.
À ce jour, le réseau Agrilocal revendique plus de 343.000 convives "qui ont dégusté des produits de leur terroir", dont plus de 246.500 collégiens, 21.800 lycéens, 57.500 écoliers et près de 14.900 autres convives de maisons de retraite, restaurants administratifs... Des chiffres en plein essor qui ne devraient pas, dans un contexte de relocalisation des productions alimentaire, cesser de monter.