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Environnement - Réseaux d'eau : la chasse aux fuites ne tarit pas

Le 21 novembre, lors du Salon des maires, un atelier a permis de revenir sur la proche échéance qui s'impose aux collectivités organisatrices des services d'eau et d'assainissement. Au 31 décembre prochain, la loi Grenelle 2 leur prescrit en effet d'avoir effectué un inventaire de leurs réseaux.

La prise de conscience en matière de gestion patrimoniale et de gaspillage de l'eau progresse-t-elle ? A en croire Alain Grizaud, président de Canalisateurs de France, qui est intervenu le 21 novembre lors d'un atelier du Salon des maires sur la gestion et l'entretien des réseaux d'eau, il reste du chemin à parcourir. Pour avancer, il préconise de "sortir du modèle où l'on croit que seuls les réseaux vieux de 70 ans doivent être changés, parfois un réseau qui en a 15 doit l'être : tout dépend de son état". Comme l'impose une mesure issue du Grenelle 2, les collectivités n'ont plus qu'un mois pour réaliser cet inventaire. "Les outils existent, grâce à la modélisation, par exemple, on se rend compte que l'impact d'un renouvellement de réseau sur le coût du service d'eau est de moins de 1%", ajoute le patron de cette fédération professionnelle. Cet inventaire doit être suivi d'un plan d'action afin d'améliorer le rendement de leur réseau, du moins si celui-ci est sous le seuil fixé par la législation (entre 65 et 85% selon le contexte). Si elles ne le font pas, elles s'exposent au risque de voir doubler la redevance "alimentation en eau potable" qu'elles versent à l'agence de l'eau de leur bassin. Accessible aux collectivités et syndicats de grande taille, l'obligation est difficile à respecter dans les petites communes. D'où la nécessité, selon Alain Grizaud, de "disposer, pour commencer, d'un plan pour localiser les réseaux et connaître leur âge et leur nature en vue de prioriser les dépenses". 

Guides méthodologiques

Deux guides récents, l'un réalisé par l'Onema à la demande du ministère de l'Ecologie et le second par l'Association des maires de France (AMF) avec des fédérations professionnelles, aident les services publics à remplir cette obligation d'inventaire. Le premier, plus technique et plus fouillé, explique quel "système de validation de la donnée" il faut mettre en place et quel recours peut être fait à diverses "sources d'information" (dont les riverains). Ce travail prend en moyenne deux à trois mois. C'est du moins ce qu'avance le second guide à partir d'un test effectué en région Midi-Pyrénées. Aux communes désemparées, l'ouvrage recommande le recours au service d'un bureau d'études. Quant au coût de l'inventaire, "il peut différer suivant l'importance du service et suivant les objectifs recherchés, sachant que les agences de l'eau soutiennent financièrement ces diagnostics, jusqu'à 70% du budget global de l'étude". A noter : parmi les inventaires exigibles, celui du réseau d'assainissement l'est aussi. Un autre guide réalisé par l'AMF est en cours de préparation sur le sujet.

Un investissement structurant

Lors de l'atelier, Jean-Christophe Inglard, directeur de l'eau et de l'assainissement de la communauté d'agglomération de Reims (Marne) a rappelé qu'hormis le renouvellement des réseaux, ce qui importe lors de la pose des canalisations est que cela soit bien fait. Martin Guespereau, directeur général de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée et Corse, a souligné que l'investissement dans les réseaux d'eaux potable est par nature un choix "structurant", auquel les agences continueront de contribuer. Le secteur a, selon lui, besoin de visibilité : au sujet de la qualité des eaux, il a ainsi rappelé plus largement l'intérêt de nouveaux outils comme l'application smartphone et tablette lancée par son agence, qui permet de consulter librement dans ce bassin des données sur la qualité des rivières.