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Réseau cuivre, coupures d’électricité, complétude… Orange auditionné par les sénateurs

Christel Heydemann était auditionnée le 30 novembre par la commission économique du Sénat. La directrice générale d’Orange a fustigé l’éventualité de sanctions sur les zones AMII, pointé la difficulté à assurer une qualité de service sur le cuivre jusqu’au bout et alerté sur les conséquences de potentiels délestages électriques sur l’acheminement des communications d’urgence.

 

Au moment où les risques de coupure électrique se profilent et où les nuages commencent à s’accumuler sur son plan cuivre (notre article du 24 novembre 2022), l’audition de Christel Heydemann, nouvelle directrice générale d’Orange devant la commission économique, était particulièrement attendue.

L’Arcep dans le viseur

Interpellée sur la complétude des déploiements FTTH, la directrice d’Orange a commencé par s’en prendre au régulateur. "Je suis étonnée de la menace de sanction au titre du L33-13", a-t-elle déclarée. On rappellera qu’en 2018 l’opérateur avait pris l’engagement de couvrir la totalité des zones AMII (3.000 communes urbaines) au plus tard fin 2022. Or, comme le relèvent les statistiques de l’Autorité, non seulement ce chiffre n’est pas atteint (87% mi 2022), mais le taux de progression "stagne". Pour se justifier, elle a argué que l’opérateur "avait fait en 15 ans ce qu’on a mis 40 ans à faire avec le cuivre", avait poursuivi les travaux malgré le covid et même aidé tout récemment les sous-traitants à faire face à l’inflation.

Aide aux raccordements longs

Autre grief de l’opérateur, l’impossibilité d’accéder aux financements pour les raccordements longs dans les zones denses. Les 150 millions d’euros débloqués par le gouvernement pour financer les raccordements complexes ne sont en effet actionnables que dans les zones d’initiative publique. Elle relève également que le niveau de 12% de subvention par prise est "insuffisant", rejoignant les élus sur la nécessité de mettre en place un "guichet d’aide aux raccordements longs". Quant à son financement, face à certains parlementaires qui soutiennent la création d’une taxe dédiée, elle a suggéré d’y affecter les recettes de l’IFER fixe, la taxe sur les infrastructures perçue par les collectivités. Autre piste évoquée, beaucoup plus consensuelle, faire payer les "big tech" américaines, et notamment les 5 plateformes qui accaparent 80% du trafic internet.

Maintenance du cuivre de plus en plus compliquée

En matière de cuivre, les sénateurs se sont inquiétés, exemples à l’appui, des problèmes de qualité de services. La directrice d’Orange a rappelé l’engagement de l’opérateur de consacrer 500 millions d’euros par an pour assurer la maintenance du réseau et traiter les zones les plus accidentogènes. Cependant "entretenir deux réseaux en parallèle va devenir intenable", un "trou d’air" étant attendu à partir de "2025", a-t-elle alerté. L’opérateur va en effet devoir faire face à la diminution du nombre d’abonnés au cuivre doublée d’une montée en flèche du coût de maintenance des prises. Face à ce "transfert de valeur des opérateurs d’infrastructures, vers les opérateurs commerciaux",  elle souhaite une révision à la hausse des tarifs de dégroupage. Or, l’autorité fait lanterner Orange sur ce sujet, les concurrents d’Orange y étant farouchement opposés. Quant à l’arrêt du réseau, elle a réaffirmé son souhait d’associer étroitement les collectivités et souligné son étroite dépendance au plan THD.

Risque de coupure des communications d’urgence

Interrogée sur l’acheminement des communications d’urgence, elle a souligné "que le risque de panne existera toujours" et ce en dépit des efforts de modernisation entrepris depuis la panne de juin 2021. Ce pourrait notamment être le cas cet hiver, ou lors du prochain, si la météo impose des délestages électriques. Car aujourd’hui il s’avère que toute une partie des réseaux télécoms ne sont pas considérés comme des "sites prioritaires" au sens d’une loi datant des années 90. Parmi ces derniers, au moins "une dizaine de milliers d’antennes mobiles" ainsi que certains sites critiques, cœur de réseau, ayant potentiellement un impact national. Remettre à niveau tous ces sites prendrait "au moins cinq ans" il n’est pas certain que les sites équipés de générateurs résistent à des coupures à répétition. "Je crains fort que les Français découvrent dans les semaines à venir que les réseaux télécoms dépendent de l’électricité", a-t-elle ironisé. Quant au fait d’alerter au plus tôt les populations impactées par les pannes, cela suppose que les opérateurs puissent anticiper. Or, aujourd’hui Enedis annonce ne pouvoir fournir l’information qu’à 17H, à J-1 de la coupure.