Orange Concessions et Totem, nouveaux acteurs des infrastructures télécoms dans les territoires
Orange Concessions est la nouvelle filiale d’Orange chargée de la construction et de la commercialisation des réseaux de fibre optique dans les zones rurales. Parallèlement, l’opérateur a créé Totem pour gérer et ouvrir ses infrastructures mobiles.
Lors de l’Université d’été du THD, la représentante d’Orange avait annoncé que "tous les réseaux d’initiative publique [concédés à l’opérateur historique] avaient donné leur accord à la création de la filiale Orange Concessions". La nouvelle structure a été officialisée le 5 novembre 2021. Elle est détenue pour moitié par l’opérateur historique, pour moitié par un consortium constitué de la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts), de CNP Assurances et d’EDF Invest.
Construire les prises et les commercialiser
Concrètement, Orange Concessions a pour première mission d’achever d’ici trois ans la couverture en fibre optique de 24 réseaux d'initiative publique (RIP) situés dans les zones rurales de la métropole ou en outre-mer. Pour le moment, selon les derniers chiffres de l’Arcep, seulement 1,8 million de raccordements FTTH ont été livrés sur les 4,5 millions de prises programmées par les collectivités. La filiale devra aussi assurer la commercialisation de ces prises et aider à convaincre les abonnés ADSL de migrer vers la fibre dans la perspective de l’arrêt du cuivre. Comme son nom le laisse entendre, Orange Concessions aura enfin vocation à restituer aux collectivités les infrastructures fibre au terme des contrats signés avec les RIP, soit dans une vingtaine d’années.
Des conflits d’intérêt évités
À court terme, cette séparation des activités infrastructures des activités commercialisation d’Orange devrait stimuler la concurrence sur les services dans les RIP. L’opérateur historique avait jusqu’à peu tendance à privilégier les réseaux qu’il avait lui-même construit. Elle pourrait aussi éviter certains conflits d’intérêt. À cet égard, l’affaire des contrats Stoc aura valeur de test. Pour le moment, Orange, comme son homologue XP fibre piloté par Altice/SFR, a rechigné à signer le nouveau contrat de sous-traitance, dit contrat Stoc V2, censé mettre fin aux problèmes de raccordement des abonnés FTTH (voir notre article du 11 octobre 2021). Avec le nouvel actionnariat d’Orange Concessions, le dossier a quelques chances d’avancer plus rapidement.
Création de Totem
La séparation des activités infrastructures des activités commercialisation de services d’Orange – qui ne s’applique cependant qu’aux zones RIP pilotées par des collectivités – est également devenue une réalité sur le mobile. Quelques jours avant Orange Concessions, l’opérateur a en effet lancé "Totem", sa "tower compagny" chargée de valoriser ses infrastructures mobiles passives en les ouvrant à des opérateurs concurrents. Une "Towerco" qui vient rejoindre Cellnex, ATC France ou TDF qui gèrent aujourd’hui la majorité des sites utilisés par les opérateurs mobiles. De nouveaux acteurs que la loi sur l’impact environnemental du numérique (voir notre article du 3 novembre) entend davantage réguler en (re)mettant les élus dans la boucle des choix d’implantation.
Orange Concessions participe d’un mouvement de restructuration des opérateurs d’infrastructures. En décembre 2020, l’opérateur Covage avait été racheté par SFR FTTH, devenu XP Fibre en mars 2021. La Commission européenne avait cependant conditionné cette opération à la revente d’une partie des actifs de Covage pour éviter tout verrouillage du marché de la fibre aux entreprises où Orange et SFR prédominent. C’est Altitude Infrastructures qui a récupéré les 25 filiales de Covage en majorité centrées sur la fibre professionnelle (FTTO), renforçant le positionnement de l’opérateur normand sur ce marché depuis son acquisition de Kosc. Avec Orange Concessions, XP Fibre, Altitude Infrastructures auxquels s’ajoutent Axione et TDF, la France compte désormais cinq acteurs majeurs dans le déploiement de la fibre optique. |