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Rentrée scolaire 2020 : les régions sur tous les fronts 

Fourniture de masques, aides au transport, primes de rentrée, poursuite de l'équipement numérique, lutte contre le décrochage scolaire, rénovation des lycées... les régions de France se fixent pour objectif ultime, après la santé, "la réussite des élèves". Ce 16 septembre s'est tenue la "traditionnelle" conférence de rentrée de Régions de France, la dernière du mandat 2016-2021, dans un "contexte inédit de crise sanitaire, économique et sociale". 

"Plus qu’une obligation réglementaire, les régions prennent un engagement pour que les jeunes soient en situation de réussite", lance François Bonneau, président délégué de Régions de France, mercredi 16 septembre 2020, lors de la conférence de rentrée de l'association. Résumant les derniers mois et la crise sanitaire à une "rupture d’une brutalité jamais connue", il a évoqué la rentrée masquée généralisée et l’action des régions pour que tous les jeunes puissent avoir un masque. 

Fourniture de masques 

En agissant en "responsabilité pour la santé", de nombreuses régions, comme Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Grand Est, Occitanie, etc, ont choisi de fournir deux masques en tissu aux lycéens. D’autres, telles que Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire ou Normandie mettent à disposition des masques de secours. Sur le plan sanitaire, le président Bonneau a par ailleurs salué l'adaptation des agents des régions qui ont su mettre en place rapidement de nouvelles organisations dans les lycées du fait du Covid, comme le nettoyage systématique des tables, des poignées de porte, la mise en place de couloirs de circulation, un "travail en plus du travail". 

Soutien au pouvoir d’achat

Sur le plan social, les régions ont aussi été amenées à prendre "des décisions exceptionnelles de soutien au pouvoir d’achat des élèves et des familles". Aides directes aux élèves, mise en place de tarifs préférentiels dans les transports scolaires ou pour encourager l’accès à la culture et au sport, les modalités sont diverses et varient selon les régions. La région Occitanie a par exemple limité les frais d’inscription dans les lycées à 45 euros pour les demi-pensionnaires et ils sont même gratuits pour les internes. La Réunion propose une aide "spéciale Covid" de 120 euros par lycéen. L’Île-de-France a mis en place une aide exceptionnelle de 100 euros pour tous les étudiants boursiers pré et post bac dans les lycées publics ou privés sous contrat avec l’État. Dans les Pays de la Loire, une prime de 100 euros sera également versée aux 40.000 familles de lycéens boursiers ainsi qu’une aide à l’accès à la culture et au sport de 200 euros par lycéen. 
Concernant les transports, la Bretagne a mis une tarification unique, tous transports confondus. Les Hauts-de-France ont carrément opté pour la gratuité, de même que l’Occitanie pour les élèves du Lot et de Haute- Garonne, et les internes du secondaire. 

Numérique éducatif, "une gouvernance plus articulée avec l'État"

Les régions, qui rappellent qu’elles financent et entretiennent le numérique et les environnements numériques de travail (ENT) depuis 2013, estiment, à juste titre, que ces équipements ont été "les pierres angulaires de la continuité pédagogique entre mars et juin 2020". 
Pour autant, si "le confinement a mis en avant l'apport du numérique en matière d'éducation", l'épisode de la crise sanitaire, n’a pas conduit toutes les régions à équiper 100% des élèves (lire notre article du 11 septembre 2020). Par exemple, l’Île-de-France consacre 180 millions d’euros à l’achat d’ordinateurs portables, tablettes, à internet très haut débit, au Wifi. En région Occitanie, tous les lycées de la région sont labellisés "Lycée numérique" et un ordinateur portable est distribué gratuitement à tous les élèves entrant en seconde. 

Les régions de France, rappelant que les états généraux du numérique éducatif doivent se tenir les 4 et 5 novembre à Poitiers, réclament "une gouvernance plus articulée avec l’État". Elles se disent à "l’avant-garde pour poursuivre leurs actions volontaristes pour le lycée du futur". Elles souhaitent que ce rendez-vous soit l’occasion de mettre en place une "gouvernance plus équilibrée" entre l’État et les régions sur ce sujet. "La loi Peillon de 2013, qui a défini les missions des académies, des établissements et des régions, mériterait de mieux clarifier les responsabilités des uns et des autres", a estimé François Bonneau. "Nous attendons aussi un investissement de l’État pour accompagner notre engagement", a souligné quant à lui Kamel Chibli, président de la commission éducation de Régions de France. 

Multiplier les actions pour aider au repérage des décrochés

Dans le contexte de crise, "la lutte contre le décrochage est plus que jamais une priorité pour les régions", ont-elles rappelé dans le dossier de presse. "Toutes les enquêtes menées sur le décrochage indiquent que les élèves des zones d’éducation prioritaire et ceux des lycées professionnels sont ceux qui ont rencontré les plus grandes difficultés dans l’apprentissage à distance" ( lire notre article du 18 mai 2020).
En charge de coordonner le service public régional de l’orientation et les acteurs de la lutte contre le décrochage (PSAD), les régions assurent avoir "multiplié les actions pour aider au repérage des jeunes en situation de décrochage" et proposé des solutions comme les "SAS (structure d'accompagnement spécifique) de respiration" pour les jeunes décrochés ou le numéro vert "Étoile Info" accessible au 0800 222 100 qu’a mis en place le Centre-Val de Loire. 
François Bonneau a par ailleurs beaucoup insisté sur "la nouvelle compétence des régions sur l’information sur les métiers", considérant qu’elle est aussi "l’occasion de mettre en place une nouvelle offre de services auprès des établissements scolaires, des enseignants, des élèves et parents d’élèves pour faciliter l’orientation des jeunes". 

Rénovation énergétique 

Alors que le plan de relance national France Relance vise notamment à accélérer la rénovation énergétique des bâtiments scolaires avec une enveloppe de 300.000 euros déléguée aux régions, Régions de France indique que "cela représente 10 milliards d’investissement sur 6 ans dans la construction-rénovation-restructuration des lycées dont 75% consacrés à la maintenance, la rénovation-réhabilitation et a? la maîtrise des énergies". La construction d’une cinquantaine de nouveaux lycées a été planifiée sur la période 2016/2021. L’initiative est plutôt salutaire à en lire la dernière livraison de "Répères et références statistiques" de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale, révélant que les lycées sont globalement vieillissant : près des deux tiers de la surface plancher des cités scolaires et de la moitié de celle des lycées d’enseignement général et technologique ont été construits avant 1970, d’après les dernières statistiques de l’éducation.