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Relance du fret ferroviaire : le gouvernement annonce de premières mesures d'urgence

Lors d'un déplacement à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne) ce 27 juillet, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé plusieurs mesures d'urgence en faveur du fret ferroviaire, dont les difficultés chroniques ont été amplifiées par les mouvements de grève de décembre et de janvier derniers, puis par la baisse d'activité liée au Covid-19.

Pour relancer le fret ferroviaire qui souffre depuis plusieurs années d'un grave problème de compétitivité, encore aggravé par les mouvements de grève de décembre et de janvier derniers, puis par la baisse d'activité liée au Covid-19, l'État compte développer des autoroutes ferroviaires, en relançant notamment le train des primeurs Perpignan-Rungis, et instaurer une gratuité provisoire des droits de péage pour les trains de marchandises. L'annonce en a été faite ce 27 juillet par le Premier ministre, Jean Castex, à l'occasion d'un déplacement avec plusieurs membres du gouvernement - Emmanuelle Wargon (Logement), Barbara Pompili (Transition écologique) et Jean-Baptiste Djebbari (Transports) - sur le chantier de transport combiné de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne).

Gratuité des péages jusqu'à la fin 2020

"Il y a des péages pour emprunter les sillons (...) que les trains de marchandises empruntent avec les trains de voyageurs, donc nous avons décidé la gratuité de ces péages jusqu'à la fin de l'année 2020 et une division par deux (...), en 2021, du prix de ces péages", a déclaré à la presse le Premier ministre, qui était aussi accompagné du PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. "C'est un signal extrêmement fort que le gouvernement donne et c'est une première étape dans ce que j'appellerai le plan de reconquête ferroviaire", a-t-il ajouté, les redevances d'infrastructures représentant entre 10 et 15% des charges des opérateurs. L'effort financier de l'État va représenter 63 millions d'euros en 2020 et encore 63 millions en 2021, selon Matignon. Au 1er janvier prochain, 70% du coût des péages facturés aux entreprises seront ainsi pris en charge par l'État.
Grâce à ces incitations, celui-ci espère voir 20.000 poids lourds de moins sur les routes en 2021, correspondant à 425.000 tonnes de CO2 émis en moins. Un enjeu important sur le plan environnemental et économique car le marché du fret ferroviaire n'a cessé au fil des ans de perdre du terrain au profit du transport routier de marchandises. Si les volumes de marchandises transportés en train restent globalement stables, la part du marché du fret ferroviaire est aujourd'hui tombée à 9% (cinq fois moins qu'en 1974), soit environ la moitié de la moyenne européenne.

Le retour des autoroutes ferroviaires

Le gouvernement a également la "ferme intention de rouvrir et développer les autoroutes ferroviaires", a ajouté Jean Castex. Pour cela, il va mettre en place un dispositif d'aides au démarrage "pouvant aller jusqu'à 35 millions d'euros" par an afin de "faciliter le montage de projets", précise un communiqué du ministère de la Transition écologique, publié lundi. Des appels à projets seront lancés d'ici la fin de l'année pour les lignes Bayonne-Cherbourg, Sète-Calais et Perpignan-Rungis, que l'État aimerait voir prolongée d'Anvers jusqu'à Barcelone. "Vous avez devant vous un Premier ministre qui a été meurtri par l'affaire du Perpignan-Rungis, le train des primeurs", suspendu depuis un an, a confié Jean Castex, élu municipal à Prades (Pyrénées-Orientales). Jusqu'en juillet 2019, le "train des primeurs", formé de wagons réfrigérés, transportait chaque nuit fruits et légumes produits dans les Pyrénées-Orientales vers le marché de Rungis. La ligne devait être relancée fin 2019 vers la plateforme multimodale de Valenton (Val-de-Marne), plutôt qu'à Rungis où la gare doit être modernisée, mais les clients ne se sont pas précipités.
En Occitanie, l'annonce de la relance de la ligne Perpignan-Rungis a été très bien accueillie. "Avec Jean-Luc Gibelin, vice-président en charge des mobilités, et l'ensemble des acteurs locaux, cela fait désormais près de 18 mois que nous alertons le gouvernement et travaillons sur la situation du train des primeurs…, a réagi la présidente de région, Carole Delga, dans un communiqué. Renoncer au fret ferroviaire pour basculer des milliers de poids lourds sur nos routes était purement et simplement une aberration écologique. Désormais je constate que le discours évolue. Le bon sens est en train de l'emporter." "(…) Maintenant, les modalités de reprise doivent être précisées pour que la qualité du service de transport de marchandises, temps de parcours comme fiabilité des horaires, entre le marché de Saint-Charles [à Perpignan, ndlr] et le marché de Rungis, soit au rendez-vous", a-t-elle souligné.

Transport combiné rail-route

Le Premier ministre a également dit vouloir développer le transport combiné rail-route, car "c'est l'avenir". "Il faut aussi restructurer la gestion du fret ferroviaire, améliorer sa compétitivité", a-t-il affirmé sans plus de précision. Un des enjeux est la modernisation du réseau ferroviaire, auquel le gouvernement consacre "plusieurs milliards d'euros par an jusqu'en 2022", selon Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique chargé des transports. Dans ce cadre, Ivan Stempezynski, président du groupement national des transports combinés, a demandé à Jean Castex de donner à SNCF Réseau, gestionnaire des voies, les moyens de ses ambitions.