Reims : une ville dynamique qui poursuit son développement commercial
Piétonnisation temporaire de certaines rues, végétalisation, colorisation de rue, aides aux commerçants… Forte d’un centre-ville dynamique souffrant peu de vacance commerciale, la ville de Reims multiplie toutefois les événements pour favoriser l’attractivité commerciale. De grands projets d’aménagement, comme la future Reims Arena, visent à étendre le centre-ville et à le connecter aux autres quartiers de la ville. Explications avec Arnaud Robinet, maire de Reims et vice-président de la région Grand Est, en charge de l’attractivité, du tourisme et de la culture.
Les 28 et 29 juin, le Parlement de Strasbourg accueille les deuxièmes Assises européennes du centre-ville, sous l'égide de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne. Organisé par l'association Centre-ville en mouvement, l'événement permettra à de nombreux maires d'Europe et du monde d'échanger sur leur vision du centre-ville. Vitalité commerciale, aménagements urbains, animation culturelle, mobilité, obligations environnementales... la rencontre sera ainsi l'occasion de mettre en avant les projets les plus innovants. Localtis, partenaire de ces assises, est allé à la rencontre de maires et de spécialistes du centre-ville, français et européens. Après Philippe Laurent, le Belge Jean-Luc Calonger et l'Italien Dario Nardella, place à Arnaud Robinet.
Localtis - Quelle est la situation actuelle de l’activité commerciale à Reims ?
Arnaud Robinet - Reims a la chance d’avoir un centre-ville dynamique. La vacance commerciale y est limitée, sous les 5% seulement. L’activité commerciale est une préoccupation quotidienne, en centre-ville mais aussi dans tous les autres quartiers. Nous menons des projets qui visent ainsi à élargir le centre-ville et à créer des connexions entre les différents secteurs de la ville, les faubourgs populaires qui sont vieillissants en termes de population. Il y a notamment le projet de la grande salle événementielle Reims Arena (1).
Notre véritable problématique en matière de commerce, ce sont les galeries commerciales. Elles ont du mal à vivre aujourd’hui, il y a des cellules commerciales de ce type fermées en ce moment. Cela fait plusieurs années qu’un certain nombre d’entre elles ne sont plus adaptées en termes d’attractivité, d’enseignes et d’investissement. Nous les accompagnons notamment dans la restructuration des locaux car il y a un manque de grandes surfaces. Le centre-ville est très dense, nous manquons de foncier pour répondre aux demandes des enseignes qui souhaitent s’installer. La ville historique a été détruite durant la guerre de 14-18 et reconstruite par la suite en suivant les plans initiaux, avec un centre-ville très dense et petit. Nous avons aussi la spécificité des arcades très présentes en centre-ville, c’est un centre commercial à ciel ouvert. Pour que la collectivité puisse intervenir, racheter des fonds de commerce et des murs, nous avons notamment mis en place une foncière. L’idée est d’étendre le centre-ville. Le parvis de la cathédrale par exemple était auparavant juste un rond-point pour voiture. C’est un lieu de vie maintenant. Nous y arrivons en implantant des équipements publics.
Des programmes comme Action cœur de ville et Petites Villes de demain sont actuellement mis en œuvre pour aider les villes moyennes et petites. L’aide de l’Etat vous semble-t-elle indispensable pour mener de telles opérations de revitalisation ?
Reims est trop grande pour bénéficier du programme Action cœur de ville. Cela aurait été des moyens financiers supplémentaires. A l’heure actuelle, il y a un regard particulier envers les petites villes et les villes moyennes mais les grandes villes ne sont pour le moment pas accompagnées dans le cadre de la revitalisation de leurs centres-villes. Je ne suis pas favorable à ce que l’Etat intervienne partout, c’est le rôle des maires et des élus locaux de s’emparer du développement commercial comme c’est une de leurs compétences. Mais l’aide de l’Etat est importante pour la rénovation urbaine, les transports en commun, les mesures de protection de l’environnement… De la même façon, nous attendons aussi beaucoup de la réflexion menée par l’Etat dans le cadre des Assises du commerce (2).
Quelles actions menez-vous pour assurer l’attractivité du centre-ville ?
Nous mettons en place de nombreux événements pour attirer les gens en centre-ville et redynamiser le commerce, en lien avec l’association des Vitrines de Reims (3) : végétalisation, transformation du centre en village italien, promotion du street art, colorisation de rue… Parfois de petites choses qui ne coûtent pas cher ont un impact fort. Cela a été le cas avec la colorisation d’une petite rue pavée au pied de l’Hôtel de ville (4). Pour 1.000 euros nous avons eu de nombreuses retombées sur les réseaux sociaux, et notamment Instagram ! Nous prenons en compte les questions de sécurité, un sujet prioritaire pour nos concitoyens, avec de la vidéoprotection notamment et la présence de la police municipale, la propreté, un vrai sujet du quotidien, avec le ramassage des poubelles. Nous travaillons aussi sur la piétonnisation et le stationnement, avec notamment la chronopiétonnisation, qui consiste à rendre des secteurs piétons le week-end, durant les périodes de forte affluence comme l’été. Au départ, les commerçants y étaient très réfractaires considérant que les clients auraient des problèmes pour se garer. Aujourd’hui, les mentalités changent, ils sont satisfaits de ces événements. Nous essayons aussi de mettre à disposition des visiteurs des parkings en périphérie et d’améliorer les transports en commun de desserte du centre, avec notamment deux nouvelles lignes de bus.
Vous accompagnez aussi les commerçants dans leurs transitions ?
Oui, nous accompagnons les commerçants, en matière de digitalisation, de transition écologique, mais aussi en matière financière. Durant le premier confinement dû à la crise covid, nous avons ainsi mis en place une aide au loyer pour les artisans qui ont maximum cinq salariés. Une aide non remboursable de 200 à 400 euros. Elle a ensuite été reprise par la région lors du deuxième confinement, en partenariat avec la ville. Elle a été très appréciée. De son côté, la région n’intervient pas directement dans le développement du commerce de proximité, qui est une compétence de la ville. En revanche, elle accompagne des projets d’investissement, d’aménagements, notamment dans le secteur touristique pour faire monter en gamme les hôtels, et assurer leur transformation durable.
Comment travaillez-vous sur ces questions d’attractivité commerciale avec les acteurs locaux, les commerçants, les citoyens ?
Tout ce que nous menons se fait dans le cadre de la concertation. Nous avons ainsi organisé une grande concertation sur les besoins des commerçants en sortie de crise covid. La ville va ouvrir un bureau du commerce pour faciliter les démarches des commerçants. Il s’agira d’un lieu unique pour ouvrir un commerce, le réaménager. Ce sera aussi un lieu de vie, avec une boutique éphémère permettant aux porteurs de projets de tester un concept de commerce.
Nous avons aussi des réunions régulières avec les associations de commerçants et nous sommes en lien avec eux sur le terrain quasi quotidiennement. Enfin, nous avons mené une concertation citoyenne, avec une boîte à idées ouverte en 2021, "Inventons le Reims d’Après".
La crise covid a-t-elle favorisé un regain d’intérêt pour votre ville ?
Nous sommes situés à 45 minutes de Paris. En termes d’attractivité, nous sommes dans une bonne dynamique. On le voit, le samedi, il y a beaucoup de Parisiens qui viennent et qui passent tout le week-end à Reims. Ils y effectuent des achats et trouvent cela très confortable car tout est concentré dans l’hyper centre-ville. Ils n’ont pas à courir et connaissent les enseignes. Nous bénéficions aussi de l’attractivité résidentielle. Même si cela ne représente pas un gros mouvement, nous avons quand même un immobilier qui a pris entre dix et quinze points en un an, avec des Parisiens ou des anciens Rémois qui avaient quitté Reims pour leurs études et qui reviennent. Cela nous redonne de la dynamique en termes de population, c’est plutôt bénéfique !
(1) Reims Arena a pour ambition d’accueillir des événements de grande envergure avec une capacité de 9.000 places. Dédiée au basket, elle sera modulable pour servir de salle de concerts notamment. Le budget représente 50 millions d’euros.
(2) Des Assises du commerce avaient été lancées en décembre 2021 pour tracer la feuille de route du commerce à l'horizon 2030. Le compte-rendu n'a jamais été communiqué.
(3) Les Vitrines de Reims ont été créées en 1995, elles comptent 330 adhérents.
(4) Les pavés de la rue de Tambour ont ainsi été peints en version multicolore, attirant de nombreux curieux.