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Salon européen de la mobilité - Réforme du stationnement : passée la grogne, les recettes grimpent

Le 13 juin au Salon européen de la mobilité, un atelier était consacré à la réforme du stationnement payant sur voirie. Six mois après son entrée en vigueur, deux villes de profil différent - une grande (Bordeaux) et une moyenne (La Roche-sur-Yon) - se sont remises des premiers couacs techniques et témoignent d'une envolée de leurs recettes, voire, pour Bordeaux, d'un impact sur la fréquentation de ses transports collectifs.

Six mois après l'entrée en vigueur de la réforme du stationnement, la grogne des usagers s'est-elle apaisée ? "Retards au démarrage et couacs en série, difficulté à s'approprier le forfait de post-stationnement (FPS) et la nouvelle grille tarifaire, il est logique que de telles nouveautés aient désorienté et suscité de fortes inquiétudes", resitue Romain Cipolla, responsable du pôle mobilité durable au Groupement des autorités responsables de transports (Gart).
Des communes ont payé les pots cassés du retard pris par Parkeon (devenue Flowbird) qui équipe la majorité d'entre elles en horodateurs et proposent une application qui les intéresse car elle permet de payer avec son smartphone. "Nous nous sommes préparés à la réforme dès 2016, notamment en échangeant avec d'autres villes de l'Ouest et en travaillant avec les commerçants. En janvier nous étions donc quasi prêts et dès les premiers mois, l'envolée des recettes a été exponentielle, suivie d'un phénomène de tassement. Maintenant que c'est lancé, nous allons nous appuyer sur ce changement pour optimiser l'offre de stationnement", indique Mahmoud Diew Sall, responsable de la gestion du domaine public et du stationnement à La Roche-sur-Yon (Vendée).

Des effets indirects positifs

Tandis que La Roche-sur-Yon a fait le choix de conserver en régie le contrôle du stationnement payant et la transmission des informations relatives au FPS, Bordeaux a décidé d'externaliser l'ensemble de la chaîne de dépénalisation. "Un choix fait suffisamment tôt par le maire, dès 2016. Cela a aidé à préparer le terrain", raconte Nicolas Andreotti, directeur de la police municipale de la cité girondine. Les contrôles effectués sur le stationnement y ont triplé. Conséquence : "Les recettes ont bondi de 65% le premier mois et ce chiffre est bien parti pour se maintenir." Bordeaux observe également une augmentation "très encourageante", de l'ordre de 12%, de la fréquentation de ses transports collectifs, du vélo également, et invoque des effets liés à cette réforme du stationnement.

La communication au milieu du gué

A La Roche-sur-Yon, la réforme n'a pas généré un tel sursaut de fréquentation. Mais la communication locale y est bien passée "alors qu'à Bordeaux, cela a moyennement marché", reconnaît Nicolas Andreotti. Le mécontentement y a été si palpable que la ville a dû faire appel en mars à un cabinet de conseil en gestion de crise. Un "groupe de contact" y réunit aussi chaque mois des institutionnels, des commerçants et des associations de résidents et d'habitants insatisfaits. Par ailleurs, la ville souhaite s'appuyer sur les réseaux sociaux pour mieux communiquer sur la réforme et associer dans sa démarche la communauté d'entraide Wanted Community Bordeaux qui est née sur le réseau social Facebook, fédère dans cette ville plus de 115.000 membres et va y ouvrir en juillet un lieu d'accueil. "Côté communication, nous ne sommes pas sortis de l'auberge mais cela va mieux, les élus ont moins la pression. Nous sommes aussi en pleine négociation avec la métropole au sujet du reversement des recettes issues des FPS", poursuit Nicolas Andreotti. Les communes ayant institué la redevance de stationnement doivent d'ici octobre prochain signer une convention avec leur EPCI pour fixer la part des recettes issues des FPS qui leur reviennent : "Entre la ville et la métropole, nulle ne sera perdante, les deux vont y gagner." La convention cadre bordelaise sera prête à la rentrée prochaine et s'appliquera aux communes limitrophes.