Réforme du lycée professionnel : une nouvelle phase de concertation s’engage
Auditionnée mardi 28 février 2023 par la commission des Affaires culturelles et de l’Education de l’Assemblée nationale sur le projet de réforme du lycée professionnel, la ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels, Carole Grandjean, a confirmé la mise en place progressive de mesures consensuelles telles que la gratification des périodes de stages, alors que s’ouvre une nouvelle phase de discussions bilatérales avec les syndicats d’enseignants, les chefs d’établissements, les associations de parents d’élèves ou encore les régions.
La réforme du lycée professionnel, a rappelé Carole Grandjean, n’a qu’une ambition : "Assurer la réussite éducative et l’insertion professionnelle des jeunes." Une insertion qui sera d’autant plus efficace que le public concerné aura été orienté "vers des filières porteuses de débouchés". Auditionnée par la commission des Affaires culturelles et de l’Education de l’Assemblée nationale mardi 28 février 2023, la ministre délégué a d’emblée insisté sur sa volonté de ne pas appliquer "une réforme unique sur tout le territoire" mais au contraire, "de donner aux acteurs de terrain les conditions de cette réussite collective".
Un nouveau dispositif de financement dans le cadre de France 2030
L’adaptation de la carte des formations aux métiers de demain est ainsi jugée essentielle. "Chaque année, rappelle la ministre, la région et le recteur fixent la carte des formations professionnelles des établissements scolaires et les transformations à l’œuvre sont lentes, parfois mêmes inadaptées". Carole Grandjean propose donc de "changer la donne, territoire par territoire, non pas pour adapter en temps réel l’offre de formation aux métiers en tension au plan local mais pour orienter la carte des formations vers les métiers liés aux grandes transitions : numérique, écologique et démographique". Dans le cadre du plan France 2030, annonce la ministre, un nouveau dispositif de soutien financier va ainsi être instauré par l’intermédiaire d’un appel à manifestation d’intérêt "Compétences et métiers d’avenir". Un dispositif dans lequel Régions de France et les régions dans leur ensemble sont appelées à travailler avec l’Etat afin "d’accompagner les transformations de la carte des formations".
Au-delà de cette question centrale, les quatre groupes de travail missionnés en octobre dernier et dont les travaux se sont achevés le 27 janvier dernier, ont depuis fait émerger 200 propositions qui s’articulent, explique la ministre, autour de quatre sujets essentiels. Parmi ceux-ci, l’augmentation de la durée des périodes de stages en entreprise "ne fait pas consensus", reconnaît Carole Grandjean. Certains membres de la commission, tel Paul Vannier (LFI/Nupes), pointant le risque d’un "renoncement à la mission éducative du lycée professionnel" ou encore, pour d’autres, la difficulté des élèves à trouver des stages auprès d’entreprises qui peineraient à répondre à la demande.
Carole Grandjean évoque la piste d’une période d’étude complémentaire
Le second point d’intérêt concerne la gratification des périodes de stages dont le principe est acté et dont la mise en œuvre pourra se faire dès la rentrée de septembre 2023. Une mesure saluée par les participants aux groupes de travail, souligne Carole Grandjean, et qui doit être "une source de motivation et donc de réussite" pour les jeunes. Mieux affiner le projet professionnel des élèves est également un sujet majeur, explique la ministre qui évoque la possibilité d’une "période d’étude complémentaire après l’obtention du diplôme". Une piste parmi d’autres destinée à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes qui auraient ainsi l’opportunité "de cumuler davantage d’expérience". Un accompagnement sur la durée qui renforcerait les compétences tant académiques que professionnelles et qui contribuerait à lutter contre le décrochage qui touche particulièrement les élèves de la voie professionnelle. Enfin, la ministre déléguée rappelle la nécessité de créer "dans chaque établissement, les conditions pour faciliter les relations entre l’école et l’entreprise".
Également interpellée au sujet des possibles réductions d’effectifs à l’occasion de son audition, Carole Grandjean a confirmé "le maintien des moyens enseignants de la voie professionnelle en 2023".