Réforme du lycée professionnel : les régions mettent en garde contre la concurrence de l’apprentissage
Après avoir participé, le 21 octobre, au lancement, par la ministre Carole Grandjean, du chantier de la réforme du lycée professionnel (voir notre article du 21 octobre 2022), les régions attirent l’attention sur la concurrence qu’exercent les centres de formation des apprentis (CFA), plus proches du monde économique. Une concurrence qui s’exerce en particulier dans les zones rurales ou prioritaires et qui a été exacerbée par la "recentralisation de l’apprentissage issue de la loi du 5 septembre 2018, avec un effet de fragilisation du maillage territorial de formation", indique Régions de France dans un communiqué du 24 octobre. Depuis cette loi, l’apprentissage ne relève plus des régions mais des branches professionnelles, ce qui a accéléré d’autant la relégation de la filière professionnelle dont l’image s’est dégradée au fil du temps. Alors pour maintenir une offre de formation sur l’ensemble du territoire, les régions demandent à se voir confier "la maîtrise de la carte des formations initiales de la voie professionnelle, au lycée et en apprentissage", ce qui passerait par un échange direct avec l’État, au-delà des échanges menés dans le cadre des groupes de travail. "L’idée est de pouvoir garantir que chaque territoire dispose bien des compétences nécessaires à son développement économique, et que chaque jeune soit en situation d’y trouver un emploi", souligne Régions de France dans un communiqué du 24 octobre.
Les régions se félicitent par ailleurs du développement des stages et gratifications, mais à condition qu’il ne se fasse pas au détriment des savoirs fondamentaux. "Spécificité de la voie professionnelle par rapport à l’apprentissage, ils sont essentiels dans la formation des jeunes et ont une importance considérable pour lutter contre les inégalités", souligne l’association.
Les régions partagent en outre les préoccupations des syndicats sur la durée trop courte de la concertation pour mener à bien cette réforme d’ampleur. "La mise en œuvre de la transformation de la voie professionnelle depuis 2019 a épuisé les équipes. Il faudrait repartir d’une évaluation honnête et sérieuse de la réforme actuelle pour aboutir à des diagnostics partagés, sinon rien ne sera possible", font-elles valoir.