Pacte ferroviaire - Réforme de la SNCF : embarquement immédiat
Quatre mois d'intenses concertations débutent en vue de transformer la SNCF en un groupe plus intégré, préparé à l'ouverture à la concurrence et dialoguant mieux avec les autorités organisatrices. Une démarche de transformation dont la direction du groupe public a fait le discours de la méthode, le 15 mars, à travers une feuille de route rendue à la ministre des Transports Elisabeth Borne.
C’est la pierre angulaire du nouveau "pacte ferroviaire" que le gouvernement veut nouer avec les usagers, cheminots, contribuables et autorités organisatrices. Le 15 mars, la ministre des Transports Elisabeth Borne a donné son feu vert aux dirigeants de la SNCF pour élaborer "un nouveau projet stratégique d’entreprise". Une réforme qui, sur le papier, promet de ne pas se résumer à quelques ajustements de circonstance. Le gouvernement en fait la condition de la réussite de sa politique visant à faire du ferroviaire "une colonne vertébrale de l’offre de transports".
Organisation décentralisée
"Construire une nouvelle SNCF, la faire évoluer en un groupe plus efficace, plus unifié, mieux intégré, en suivant le bon exemple du voisin allemand, et au fonctionnement plus décentralisé et moins cloisonné, figure en première tête de chapitre du projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire déposé le 14 mars à l’Assemblée nationale (il sera examiné début avril en commission, ndlr)", resitue celle qui fut un temps directrice de la stratégie du groupe, dont le statut est amené si la réforme passe à évoluer vers celui d’une société nationale à capitaux publics à titres incessibles.
Quel futur statut ?
La SNCF est aujourd’hui constituée de trois Epic, établissements publics à caractère industriel et commercial. En devenant une société nationale à capitaux publics, son capital appartiendrait donc à l’État, sera incessible mais des carcans qui entravent sa liberté d’entreprendre, par exemple le plafond d’emplois imposé à ses effectifs, seront levés", éclaire-t-on au gouvernement. La comparaison avec la transformation en profondeur de l'entreprise publique La Poste en 2010 va bon train. D’autant qu’à l’époque elle fut aussi menée pour préparer le groupe à la concurrence européenne. Aux commandes de la SNCF, Guillaume Pépy, a aussi recours à cette comparaison en évoquant la réforme qui s’engage : "Un peu comme ce qui s’est fait à La Poste, il nous faut parvenir à concerter un cadre commun d’entreprise, à fixer un cadre neuf, stable, et un pacte avec ses salariés et avec l’État."
Rendez-vous fin juillet
Pour l’heure, il s’agit donc d’un programme de travail, nullement exhaustif (il ne recouvre pas l’ensemble des activités du groupe) et qui n’arrête en l’état "aucun plan d’actions précis", tient à préciser la SNCF. Pour avancer et respecter la feuille de route remise à la ministre, les délais sont serrés : le "plan stratégique Nouvelle SNCF" sera présenté fin juillet. Quatre petits mois, donc : mars et avril pour mettre en place en interne les instances de concertation, avril et juin pour concerter sur les volets du plan, puis juillet pour le décliner, le présenter "par Epic et par activités".
Rendre un meilleur service public
Les sept axes de ce futur plan stratégique ont été présentés. "Ces sept piliers vont alimenter les débats de la concertation interne", indique le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet. Le premier porte sur l’amélioration de la qualité du réseau, de sa robustesse, et sa nécessaire régénération "là où il est le plus densément utilisé" et pour réduire sa congestion (noeuds ferroviaires). Une politique d’équipements nouveaux (signalisation et aiguillage) est évoquée. "Le but est de rendre un meilleur service public en se dotant d’une organisation plus décentralisée, plus proche du terrain, de mieux assumer notre responsabilité sociétale, notre contribution à la résorption de l’enclavement et à la vitalisation des territoires", ajoute Patrick Jeantet. D’autres axes portent sur les offres : amélioration de l’offre de service du transport des marchandises, "réponse adaptée et sur mesure" pour répondre, du côté des TER, "aux offres imaginées et fixées par les autorités organisatrices", repenser les gares, etc.
Partenariats avec les AO
Avec les autorités organisatrices de mobilité est mise sur la table l’idée de "renforcer les partenariats en mettant à leur disposition les instruments indispensables à la constitution d’une offre globale, puissante et réactive en direction des usagers". Le changement en vue est aussi d’ordre managérial : système décisionnel simplifié, avec moins de lourdeurs administratives, plus de capacité d’initiative de l’encadrement, notamment au niveau local (managers de terrain). La SNCF ne veut pas non plus rater le coche de la digitalisation du rail et compte devenir une véritable entreprise de plateforme digitale de services. "Le dernier axe porte sur l’accompagnement des salariés, les cheminots et leur savoir-faire, l’investissement dans la montée en compétence des salariés, notre attractivité sur le futur marché de l’emploi du ferroviaire", conclut Patrick Jeantet.