Réforme de la formation : les régions pour une gouvernance unique de la formation des demandeurs d'emploi
Pour Régions de France, les mesures annoncées le 5 mars par la ministre du Travail concernant la réforme de la formation professionnelle vont dans le sens d'une simplification. Seul point noir : la gouvernance de la formation professionnelle des demandeurs d'emploi, que la ministre n'a pas évoquée…
Si Régions de France voit de nombreuses avancées dans le "big bang" de la formation professionnelle présenté par Muriel Pénicaud, ministre du Travail, le 5 mars (voir notre article ci-dessous), l'association regrette que certains points, comme la gouvernance de la formation professionnelle des demandeurs d'emploi, n'aient pas été abordés. "C'est un point essentiel sur lequel nous nous sommes positionnés", explique à Localtis David Margueritte, conseiller régional de Normandie et deuxième vice-président en charge de la formation et de l'apprentissage à Régions de France. "Il faut que les régions puissent être les opérateurs uniques de la commande publique", poursuit-il. Les régions espèrent des avancées sur ce point spécifique lors des discussions des prochaines semaines qui précèderont le dépôt du projet de loi. Mais le calendrier est très serré : le texte étant attendu pour le mois d'avril, plus qu'un mois pour en discuter.
En matière de compte personnel de formation (CPF), les régions se disent satisfaites de l'orientation qui est donnée, vers plus d'individualisation, avec une prescription libre des formations et un compte en euros. "Le demandeur d'emploi peut construire son parcours, et cela n'exclut pas l'accompagnement", souligne David Margueritte.
Un calendrier extrêmement contraignant pour le PIC
Autre point positif selon les régions : la création de l'agence France Compétences, qui regroupe le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), le Cnefop et le Copanef. "Cela nous semble aller dans le sens d'une simplification tout à fait louable, car ces organismes abordaient des sujets proches, et ils vont en plus avoir une mission d'évaluation", détaille le conseiller régional.
Les nouvelles dispositions concernant le conseil en évolution professionnelle (CEP), en co-construction entre l'Etat, les régions et les partenaires sociaux, vont aussi dans le bon sens, d'après Régions de France, tout comme la collecte des financements qui sera maintenant réalisée par l'Urssaf.
Enfin, concernant le plan d'investissement dans les compétences (PIC) qui est construit parallèlement dans le cadre du Grand Plan d'investissement 2018-2022 lancé par le gouvernement, David Margueritte est plus mesuré. "Nous sommes soumis à un calendrier extrêmement contraint, et nous ne pouvons gérer un plan d'une telle envergure sans moyens supplémentaires", assure-t-il. Le plan qui est décliné au niveau local à travers des pactes régionaux d'investissement dans les compétences, signés entre les régions et l'Etat, cible les publics les plus éloignés de l'emploi. "Pour la Normandie par exemple, le plan représente 300 millions d'euros entre 2019 et 2022 ; on ne peut le réaliser à effectif constant car il faut trouver ces publics très éloignés de l'emploi", précise David Margueritte. Le conseiller régional estime qu'il faudrait entre 5 et 6 équivalents temps plein pour assurer la mission pluriannuelle. Un chiffre à affiner mais qui montre les besoins futurs des régions.