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Formation professionnelle : "Nous ne voulons pas de réformette" déclarent les régions

Discrètes depuis la signature du projet d'accord national interprofessionnel sur la formation professionnelle et l'alternance par les partenaires sociaux le 22 février, les régions rappellent à leurs priorités, à quelques jour de la présentation du "big-bang" promis par Muriel Pénicaud le 5 mars... "Nous souhaitons à l'instar de la ministre du Travail une réelle révolution copernicienne. Nous ne voulons pas de réformette", déclare à Localtis David Margueritte, deuxième vice-président en charge de la formation et de l'apprentissage à Régions de France.

Depuis la signature de l’accord interprofessionnel par les partenaires sociaux, le 22 février, les régions sont restées bien discrètes. Un accord qui de toute façon ne va pas assez loin et ne "touche pas la complexité du système" estime la ministre du Travail Muriel Pénicaud qui annoncera le 5 mars (au lieu du 27 février comme prévu) ce qu'elle appelle un "big-bang" de la formation professionnelle. A quelques jours de ces annonces, David Margueritte, conseiller régional de Normandie et deuxième vice-président en charge de la formation et de l'apprentissage à Régions de France, s'exprime "non pas pour commenter" mais pour rappeler que l’idée de départ de cette réforme était de rendre le système "plus efficace, plus équitable, plus transparent". Or l’accord entre les partenaires signé le 22 février 2018 ne répond pas à cette attente.

Il faut un pilote unique

Pour Régions de France, le point le plus important pour simplifier le système est le pilotage unique en matière de financement. "Or pour l’instant, l’accord n’est pas très clair sur ce point-là", déclare à Localtis David Margueritte.
"Nous sommes les principaux financeurs de la formation des demandeurs d’emploi : nous souhaitons donc de façon très claire un pilotage unique, unifié, de l’ensemble de la formation des demandeurs d’emploi et que celui-ci soit confié aux régions", ajoute-t-il. Selon le conseiller régional "l’émiettement des acteurs de la formation dans le cadre du service public de l’emploi notamment, c’est inefficace sur le plan de l’action publique, c’est illisible pour le demandeur d’emploi et cela crée de la déperdition par rapport à un objectif que nous partageons tous : que les demandeurs d’emplois puissent avoir des formations qualifiantes ou adaptées qui permettent une insertion professionnelle rapide et durable". Ce qui suppose notamment que la future contribution des 0,3% soit confiée aux régions et qu’elles puissent avoir une véritable marge de manœuvre. Le conseiller n'exclut pas pour autant le quadripartisme, qui, selon lui, peut s’exprimer dans la constitution des cahiers des charges, de l’offre de formation, et des diagnostics territoriaux.

Simplifier le système

Selon David Margueritte, l’accord a tout de même permis de mettre en avant quelques avancées : "Que le Copanef et le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) ne fassent plus qu’un : a priori - enfin c’est ce que j’ai compris -, cela va dans le sens d’une simplification, c’est une bonne chose", se réjouit-il.
Sur les autres dispositions du futur projet de loi, Régions de France reste prudente. Ainsi, en ce qui concerne le renforcement du compte personnel de formation (CPF), les régions sont plutôt favorables à l’individualisation des droits à la formation et au développement du CPF et de sa monétisation souhaitée par le président Macron. Mais David Margueritte rappelle que "les différentes régions peuvent peut-être avoir des appréhensions par rapport à ce sujet".
Même chose pour la proposition de faire évoluer le conseil en évolution professionnelle (CEP). "Les régions souhaitent un service qui puisse rester gratuit comme l’accord le préconise, mais chaque région peut avoir une vision différente sur ce point de vue." David Margueritte organise une commission sur la formation à ce sujet notamment la semaine prochaine.
Reste que pour le conseiller régional, les propositions signées sont encore beaucoup trop complexes. Il applaudit donc la réaction de Muriel Pénicaud annonçant un "big-bang" de la reforme. "Nous souhaitons à l’instar de la ministre du Travail une réelle révolution copernicienne. Nous ne voulons pas de réformette, d’une expérimentation hasardeuse, insiste-t-il, mais actuellement l’ambiguïté sur certains points comme le pilotage financier, nous laisse sur notre faim."