Recrutement d'enseignants : la crise s'installe dans le premier degré
Les résultats des concours externes pour le recrutement des professeurs des écoles sont sans appel : la crise des vocations se confirme. Les plus importantes académies d'Île-de-France sont largement touchées par ce phénomène.
Les derniers concours externes de professeurs des écoles (CRPE), par lesquels l'Éducation nationale recrute 80% des enseignants du premier degré, n'ont pas suffi à faire face aux besoins pour la rentrée 2024. Selon des sources syndicales concordantes, alors que les CRPE offraient cette année 7.917 postes, 1.115 ne seront pas pourvus par ce biais en septembre 2024.
Ces difficultés touchent cependant les académies de façon très diverses. Trois d'entre elles cumulent en effet les difficultés de recrutement : la Guyane, mais surtout Versailles et Créteil, deux des académies regroupant le plus d'élèves du premier degré. En Guyane, ce sont près de 80% des postes ouverts au concours qui n’ont pas trouvé preneurs, puisque seuls 33 candidats ont été admis pour 152 postes proposés. Dans l’académie de Créteil, on compte 631 admis pour 1.037 postes proposés, soit un déficit de 406 postes. La situation est plus alarmante encore dans l’académie de Versailles où 640 candidats sont admis pour 1.230 postes proposés, un niveau qui couvre à peine 52% des besoins.
Listes complémentaires sous tension
Le manque d'attractivité des académies de Créteil et Versailles n'est toutefois pas une surprise et s'inscrit dans la continuité des exercices passés. Ainsi en 2022, alors qu'un tiers du total des recrutements des enseignants du premier degré était proposé dans ces deux académies, elles avaient affiché "une faible attractivité avec moins d'un présent pour un poste contre quatre à Caen", notait la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale (lire notre article du 8 décembre 2023).
Si les postes offerts au CRPE externe sont pourvus dans toutes les autres académies, on note toutefois certaines tensions. Les listes complémentaires permettant de remplacer des candidats admis qui ne peuvent être nommés ou démissionnent affichent parfois un niveau de "réserve" nul ou très bas. Aucun candidat n'est inscrit sur la liste complémentaire pour les académies de Guadeloupe et de Martinique, alors qu'on en compte un seul en Corse, deux à Limoges et huit à Nice.
Un déficit de 1.500 enseignants en septembre
Pour le SNE (Syndicat national des écoles), la situation est plus grave encore. "En cumulant les résultats du concours externe, du concours interne, du concours interne exceptionnel (réservé aux contractuels) et du concours supplémentaire (académies de Créteil et Versailles), il manquera plus de 1.500 enseignants du primaire en septembre prochain", écrit-il sur son site internet. De son côté, le SE Unsa révèle que dans l'académie de Versailles, la moitié des postes offerts au concours interne – qui s'adresse aux enseignants contractuels – ne sont pas pourvus.
Face à ce déficit de recrutement récurrent, le SNUipp estime que le nombre de postes vacants va entraîner "une nouvelle vague de recrutements de personnels contractuels" et "exhorte la ministre [de l'Éducation nationale] à recruter l'ensemble des candidates et candidats des listes complémentaires dans les académies concernées".