Recrutement d'enseignants du 1er degré : des difficultés variables selon les académies
L'enseignement du premier degré continue de faire face à des difficultés de recrutement dans plusieurs académies, particulièrement en Île-de-France. Le niveau moyen des candidats admis s'en ressent.
Les difficultés de recrutement des enseignants du premier degré sont bien réelles mais ne touchent pas toutes les académies avec la même force, selon le Panorama statistique des personnels de l'enseignement scolaire 2022-2023, publié par la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale.
La deuxième édition de ce document riche de 372 pages rappelle d'abord qu'avec 1,2 million d'agents, le ministère de l'Éducation nationale représente plus d'un cinquième de l'emploi public en France. Dans cet ensemble, les enseignants étaient 888.206 à la rentrée 2022, soit près des trois quarts des effectifs.
Il observe également que sur la période 2015-2022, les effectifs de l'Éducation nationale ont augmenté jusqu'en 2020 (+11%) avant de stagner. Cette hausse est essentiellement due aux effectifs non enseignants (+47% entre 2015 et 2021, en partie dus aux recrutements d'assistants d'élèves en situation de handicap), tandis que le nombre d'enseignants du secteur public, après avoir augmenté de manière conséquente jusqu'en 2018, a stagné dans le premier degré et régressé dans le second degré.
Les académies Créteil et Versailles peu attractives
Mais ce que met particulièrement en lumière le travail de la Depp est l'important déficit dans le recrutement des enseignants du premier degré touchant certaines académies, en particulier en Île-de-France. Alors que 9.951 postes de professeurs des écoles titulaires étaient proposés lors de la session 2022 des concours, dont 95% pour les concours externes, soit une offre "relativement stable", la diminution du nombre de candidats présents s'est accélérée en 2022 (-42%). Le taux de candidatures l'an dernier s'est ainsi établi à deux candidats présents pour un poste en moyenne, contre environ trois présents pour un poste depuis 2014.
Cette faible moyenne du nombre de candidats "masque une forte dispersion académique", commente la Depp. Les académies de Créteil et de Versailles, qui offrent un tiers du total des postes, ont ainsi "une faible attractivité avec moins d'un présent pour un poste contre quatre à Caen ou huit en Polynésie".
Si la baisse du nombre de candidats s'est répercutée sur le nombre de lauréats (-16%), on observe toutefois que les candidats aux concours du premier degré public ont, en moyenne, mieux réussi en 2022, puisque 42% des présents ont été reçus aux concours externes contre 28% en 2021. Ici, le taux de réussite est d'autant plus élevé que l'attractivité est faible.
Lauréat avec 4/20
Les académies de la banlieue parisienne affichent les taux de réussite les plus élevés : 76% à Paris, 70% à Créteil et 68% à Versailles, tandis que Dijon est à 71%. À l'inverse, le ratio est inférieur à 25% dans les académies de Caen et de Guadeloupe. Une situation qui se traduit par d'autres chiffres plus explicites : en 2022, il suffisait d'obtenir une note de 4/20 dans l'académie de Créteil, de 7/20 à Versailles ou de 8/20 à Paris pour être lauréat du concours externe de droit commun, tandis que la note minimum était de 12/20 à Caen et de 13/20 à Toulouse.
Malgré la baisse du niveau d'admission, le taux de postes pourvus au niveau national, tous concours confondus, dans le premier degré public n'était que de 82% en 2022, contre 97% en 2021. Les académies de Versailles et de Créteil ont même enregistré des taux de couverture particulièrement bas : 42% pour Créteil et 36% pour Versailles. La Depp souligne également que le taux de couverture n'était l'an passé que de 77% à Paris, alors qu'il était encore de 100% en 2021. Pour combler ce déficit de recrutement, les académies de Versailles et de Créteil ont eu recours à une session supplémentaire du concours externe pour porter leurs taux de couverture respectifs à 49% et 57%.
Sciences en danger dans le second degré
La situation est à peine meilleure dans l'enseignement privé sous contrat. Alors que le nombre de contrats offerts en 2022 y a baissé pour la deuxième année consécutive, la baisse du nombre de présents aux concours a poursuivi sa chute : -32% sur un an. L'attractivité du métier d'enseignant dans le premier degré privé est toutefois supérieure à celle du public, le taux de candidature étant de trois présents pour un contrat. Les académies de Créteil et de Paris se distinguent avec moins de deux présents pour un contrat, quand plus de sept candidats se présentent pour un contrat dans les académies de Poitiers et de Limoges. Le taux de couverture national pour le secteur privé atteint au final 95,3%.
En ce qui concerne le recrutement des enseignants du second degré public, les statistiques par académie n'étant pas disponibles, on retiendra que l'effectif de présents aux concours a diminué de 43% sur la période 2008-2022 alors que l'offre de postes a augmenté de 29%. Le taux de postes pourvus aux différents concours de professeurs des collèges et lycées s'établissait l'an passé à 82%, contre 94% en 2021. La Depp déplore enfin que, dans certaines disciplines, seule la moitié des postes soit pourvue. C'est le cas en physique-chimie (48%) et en mathématiques (52%).